BRUXELLES, 8 novembre (Reuters) - La Commission européenne a abaissé jeudi ses prévisions de croissance pour la zone euro comme pour l'ensemble de l'Union européenne pour cette année et l'année prochaine et s'attend à une poursuite du ralentissement en 2020 en soulignant que ses projections sont exposées à des risques baissiers.

L'exécutif communautaire a en revanche légèrement relevé ses prévisions d'inflation pour cette année et l'année prochaine mais la hausse des prix ralentirait à nouveau en 2020.

La Commission européenne s'attend désormais à une croissance de 2,1% cette année au sein de la zone euro contre 2,3% il y a six mois et table sur une progression du produit intérieur brut (PIB) de 1,9% en 2019 contre 2,0% en mai. Pour 2020, la CE prévoit une poursuite du ralentissement de la croissance à 1,7%.

Pour l'ensemble de l'Union, ses prévisions d'automne donnent une croissance de 2,1% du PIB cette année et de 1,9% en 2019. En mai, la CE attendait une croissance de 2,3% cette année et de 2,0% en 2019.

Concernant les deux principales économies de l'UE, l'Allemagne et la France, la CE a abaissé plus nettement ses prévisions pour la première que pour la seconde.

La prévision de croissance du PIB allemand a été abaissée à 1,7% pour cette année et 1,8% pour 2019 contre respectivement 2,3% et 2,1% il y a six mois.

Pour la France, la prévision de croissance pour 2018 a été ramenée à 1,7% contre 2,0% en mai et à 1,6% pour 2019 contre 1,8%.

Concernant l'Italie, dont la Commission européenne a rejeté le projet de budget 2019 prévoyant un déficit public à 2,4% du PIB, la prévision de croissance pour cette année a été ramenée à 1,1% contre 1,5% il y a six mois tandis que celle pour l'année prochaine a été confirmée à 1,2%. Pour 2020, la CE s'attend à une croissance du PIB italien de 1,3%

Ses prévisions sont sensiblement inférieures à celles retenues par le gouvernement italien qui table sur une croissance de 1,5% l'année prochaine et de 1,6% en 2020.

"La croissance économique en Europe a atteint un pic en 2017", relève Marco Buti, directeur général des Affaires économiques et financières de la Commission dans sa présentation des prévisions d'automne.

"En l'absence de chocs majeurs, le PIB devrait continuer à croître à un rythme modéré mais la trajectoire devant nous est semée d'incertitudes et de risques nombreux et interconnectés", prévient-il en référence aux tensions commerciales, aux turbulences dans les marchés émergents et à l'éventualité d'un Brexit sans accord.

"Certains risques identifiés se matérialisent (...) d'autres risques baissiers sont croissants et interconnectés et pourraient conduire à une situation bien pire que prévue", avertit-il.

LES PREVISIONS D'INFLATION RELEVEES

La Commission prévoit que le déficit des finances publiques à l'échelle de l'ensemble de la zone euro atteindra 0,6% du PIB cette année puis 0,8% en 2019 et 0,7% en 2020.

Il devrait en revanche atteindre 2,6% en France cette année, 2,8% l'année prochaine et 1,7% en 2020.

Dans le projet de loi de finances rectificative présenté mercredi en conseil des ministres, le gouvernement français a maintenu ses prévisions d'une croissance de 1,7% et d'un déficit public à 2,6% du produit intérieur brut cette année.

Dans le projet de loi de finances pour 2019, le gouvernement prévoit une croissance de 1,7% l'année prochaine et un creusement du déficit public à 2,8% du PIB.

Pour l'Italie, la Commission européenne table sur un déficit public à 1,9% du PIB cette année qui atteindrait 2,9% du PIB en 2019 et 3,1% en 2020.

La prévision d'inflation au sein de la zone euro a été revue en hausse pour cette année et l'année prochaine à 1,8% dans les deux cas, contre 1,5% et 1,6% respectivement en mai.

L'inflation ralentirait en revanche en 2020, selon les prévisions de la Commission qui anticipent une hausse des prix de 1,6% à cet horizon, un chiffre toujours très inférieur à l'objectif de la Banque centrale européenne (BCE) d'une inflation légèrement inférieure à 2,0% l'an à moyen terme.

La BCE a laissé sa politique monétaire inchangée la semaine dernière et réaffirmé son intention de mettre fin à son programme exceptionnel de soutien au crédit et aux marchés en dépit de la dégradation des perspectives de croissance et des turbulences liées à la politique budgétaire italienne.

(Marc Joanny pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)