Le rouge domine largement sur les marchés européens lors de la séance du 9 juillet, au cœur de cette période si particulière qui précède l'avalanche des publications semestrielles, juste avant la coupure estivale. Dans un contexte plutôt tendu – bras de fer commercial entre la Chine et les Etats-Unis, ultra-dépendance aux politiques monétaires – l'avertissement lancé hier par BASF sur ses résultats 2019 semble avoir sorti les investisseurs de la douce torpeur des dernières semaines. L'Allemand a nettement révisé en baisse ses attentes sur l'exercice en cours, sans cacher que la cause principale en était la zizanie semée par la Maison Blanche dans le commerce international.

A vrai dire, les analystes s'attendaient, un peu, à des révisions de ce type dans la Chimie, mais pas de cette ampleur. Cette piqure de rappel a tendance à rappeler que la saison des résultats qui démarre cette semaine pourrait réserver quelques mauvaises surprises, notamment dans les secteurs cycliques. Il n'est pas vraiment étonnant, par conséquent, de voir les Semiconducteurs et surtout l'Automobile piquer du nez durant la séance.

Un cycle compliqué

Pour ce dernier secteur, la banque Barclays a aussi sa part de responsabilité. Dans une étude publiée ce matin, elle révise en baisse marquée ses anticipations pour le secteur sur l'année en cours et les suivantes, après un voyage d'étude en Chine. L'ancien Empire du Milieu est devenu un baromètre important pour les constructeurs et les équipementiers. Or Barclays estime que la déprime du marché local va durer au moins jusqu'en 2021 avec des baisses allant de -3% cette année à -5% l'année suivante et en 2021. A l'échelle planétaire, le marché des véhicules légers est attendu en baisse de -3,6% en 2019 (vs. -1,9% dans l'estimation précédente), avec une branche à laquelle se raccrocher : le marché européen pourrait connaître une embellie au second semestre, à cause d'une base de comparaison très basse (les nouvelles normes d'émissions polluantes avaient été adoptées le 1er semestre 2018).

Barclays n'est pas totalement pessimiste pour autant sur les acteurs européens. Les managements, échaudés par l'exercice 2018 (Valeo, Continental), ont mis la barre relativement bas en matière d'objectifs cette année, "ce qui devrait suffire à éviter les avertissements, au moins en ce qui concerne le 1er semestre, à supposer que notre scénario de stabilisation au second semestre est correct", estime la banque. Ceci dit, l'équipe de recherche pense que les marges des équipementiers seront en ligne avec leurs objectifs, mais tout en bas des attentes. Toutefois, Valeo aura du mal à couvrir son dividende avec son cash-flow libre et Continental a des chances de manquer le bas de la fourchette de génération de trésorerie qu'il a fixée. Pour Michelin, les anticipations sont encore atteignables, estime Barclays. C'est d'ailleurs le groupe clermontois (surpondérer, objectif 130 EUR) et Faurecia (surpondérer, objectif réduit de 60 à 55 EUR) qui sont les valeurs favorites de la banque britannique, devant Continental (pondération en ligne, objectif ramené de 148 à 140 EUR) et Valeo (sousperformance, objectif 25 EUR).
 

Le palmarés automobile de la séance du 9 juillet en Europe (Source Zonebourse)