Selon des sources commerciales, la Chine a acquis entre 400 000 et 500 000 tonnes de blé en provenance d'Australie et du Canada ces dernières semaines, alors que la canicule menace de porter atteinte aux cultures dans les principales régions agricoles du pays.
Premier producteur mondial de blé, la Chine importe également d'importants volumes de céréales lorsque l'offre intérieure ne suffit pas à répondre à la demande.
Plus tôt cette semaine, la province du Henan, qui produit environ un tiers du blé chinois, a émis une alerte en raison des conditions météorologiques chaudes et sèches qui mettent en péril les cultures sur pied.
Des acheteurs chinois ont réservé quatre ou cinq cargaisons de 55 000 tonnes de blé australien pour une livraison prévue en juillet ou août, ainsi qu'environ 200 000 tonnes de blé canadien, ont indiqué des sources au sein de deux grandes sociétés de négoce australiennes. Il s'agit de blé de qualité meunière.
Selon l'un des négociants, il s'agit des premières commandes de blé australien passées par la Chine depuis l'an dernier.
COFCO, l'entreprise publique chinoise qui gère la majorité des importations de blé du pays, n'a pas répondu dans l'immédiat à une demande de commentaire.
Ces dernières années, la Chine s'est imposée comme l'un des plus grands importateurs mondiaux de blé, achetant environ 11 millions de tonnes pour une valeur de 3,5 milliards de dollars en 2024. L'Australie et le Canada sont traditionnellement ses principaux fournisseurs.
Cependant, les expéditions ont nettement ralenti après d'abondantes récoltes de blé et de maïs en Chine l'an dernier et sont restées faibles depuis.
La Chine avait retardé ou redirigé des cargaisons australiennes plus tôt cette année et n'a importé que moins d'un million de tonnes de blé au cours des sept mois précédant le 31 mars, selon les données douanières chinoises consultées via Trade Data Monitor.
L'une des sources a indiqué que son entreprise avait revu à la baisse ses prévisions de production de blé chinois pour 2025 d'environ 5 millions de tonnes, mais il n'est pas garanti que d'autres achats suivent, la Chine disposant d'importants stocks de blé.
« La Chine est largement autosuffisante en céréales fourragères cette campagne grâce à des stocks abondants », explique Rod Baker, analyste chez Australian Crop Forecasters à Perth, ajoutant que le ralentissement de la croissance économique chinoise pèse aussi sur la demande en céréales.
Des rumeurs de ventes de blé canadien à la Chine circulent également dans les milieux agricoles de Winnipeg, capitale céréalière du Canada, selon des négociants. Peu de détails concrets ont toutefois filtré sur ces transactions.
D'après un négociant, les acheteurs chinois auraient évité le blé américain en raison des droits de douane et de la guerre commerciale entre Washington et Pékin. Par le passé, la Chine figurait pourtant parmi les principaux débouchés du blé américain.
Le repli des importations chinoises en début de campagne 2024/25 a contribué à la faiblesse des prix internationaux du blé, les contrats à terme de référence à Chicago restant proches de leur plus bas niveau en quatre ans atteint en juillet dernier.
En plus des risques climatiques pesant sur la prochaine récolte chinoise, les prix attractifs pourraient avoir incité les importateurs à revenir sur le marché alors que la saison 2025/26 approche, estiment les négociants.
ORGE
Les importateurs chinois ont également réservé d'importants volumes d'orge, selon des sources commerciales.
Certains évoquent six vraquiers panamax transportant environ 360 000 tonnes d'orge de nouvelle récolte française ou ukrainienne, vendues pour une livraison en juillet ou août, tandis que d'autres avancent un volume bien supérieur, autour d'un million de tonnes, également à expédier cet été.
« Les achats chinois de blé et d'orge ont été très discrets l'an passé et ce sont les premières transactions majeures que je constate depuis plusieurs mois », a déclaré un négociant allemand.
Les achats d'orge fourragère à origine optionnelle proviennent d'Ukraine ou de France. Les transactions se sont conclues à un prix d'environ 250 à 254 dollars la tonne, rendue en Chine, selon un négociant.