Le taux de prêt à un an et le taux de dépôt à un an sont abaissés l'un et l'autre d'un quart de point, respectivement à 4,6% et 1,75%. Cette baisse sera effective dès mercredi.

La banque centrale a également réduit de 50 points de base, à 18%, le taux de réserves obligatoires imposé aux principales banques du pays, avec effet le 6 septembre.

"Franchement cela démontre une certaine panique, de mon point de vue", a dit Andrew Pollock, économiste du Conference Board basé à Pékin.

"C'est une thérapie de choc qui vise à répondre à des problèmes réels mais aussi au sentiment de marché dominant des deux derniers jours."

Les principaux indices boursiers chinois ont chuté de plus de 7% mardi, tombant à leur plus bas niveau depuis décembre, après une baisse de plus de 8% lundi.

"La BPC fait ce qu'elle peut mais cela ne sera sans doute pas suffisant et il faudra faire plus", a prévenu Wei Yao, économiste sur la Chine à la Société générale.

Pour Liu Li-Gang, d'ANZ Bank à Hong Kong, la baisse du taux de réserves obligatoires des banques constitue la mesure la plus marquante décidée par les autorités monétaires car elle équivaut à l'injection de 650 milliards de yuans (88 milliards d'euros) dans l'économie.

LE PREMIER MINISTRE NE VOIT PAS LE YUAN BAISSER ENCORE

La BPC avait surpris les marchés en dévaluant le yuan de près de 2% le 11 août, une mesure présentée par Pékin comme une libéralisation du régime de change du pays mais perçue par certains comme la mise en oeuvre d'une stratégie de dévaluation compétitive.

"Actuellement, il n'y a aucun fondement pour une poursuite de la dépréciation du yuan, qui est en état de rester à un niveau raisonnable et équilibré", a déclaré mardi le Premier ministre chinois Li Keqiang, cité par la télévision publique.

La publication vendredi de l'indice préliminaire Caixin/Markit des directeurs d'achat (PMI) pour le secteur manufacturier chinois, montrant que celui-ci s'est contracté en août à son rythme le plus marqué depuis six ans et demi, a alimenté les inquiétudes sur le ralentissement de la deuxième économie mondiale et déclenché une forte correction sur l'ensemble des places boursières.

Une majorité d'économistes prédisent toutefois à l'économie chinoise une décélération régulière plutôt qu'une chute brutale et rejettent la comparaison avec la crise financière mondiale de 2008 et celle des pays émergents d'Asie en 1997-1998.

"La panique actuelle est essentiellement 'made in China'. Les données récentes en provenance d'autres grandes économies sont globalement bonnes et il y a peu d'éléments justifiant la crainte d'une crise mondiale majeure", écrivent ainsi ceux de Capital Economics.

"Les indicateurs économiques chinois récents suggèrent que la croissance reste faible mais ne sont pas assez mauvais pour justifier la peur d'un atterrissage brutal", ajoutent-ils.

(Bureau de Pékin, Marc Angrand et Marc Joanny pour le service français)