PEKIN, 25 mars (Reuters) - La Chine s'est engagée lundi à réduire son interventionnisme dans son vaste secteur industriel, cherchant ainsi à apaiser les inquiétudes sur sa politique industrielle, au coeur des griefs de Washington dans le dossier commercial sino-américain.

"Nous allons progressivement réduire le micro-management et l'intervention directe du gouvernement afin de permettre au marché de décider seul des allocations de ressources et de soutenir le développement de l'industrie manufacturière", a déclaré Miao Wei, ministre de l'Industrie et des technologies d'information, lors du China Development Forum.

Pour autant, Pékin continuera d'encourager une production à plus haute valeur ajoutée, a-t-il souligné, refusant de revenir sur le plan "Made in China 2025" qui irrite depuis longtemps les Occidentaux.

Cette initiative prévoit le soutien de l'Etat sous la forme de commandes et de subventions pour rattraper le retard de la Chine dans des technologies de pointe telles que les semi-conducteurs, la robotique, l'aérospatial et l'intelligence artificielle.

Washington menace de taxer plus lourdement les importations chinoises si Pékin ne modifie pas ses pratiques concernant les subventions industrielles et la propriété intellectuelle.

Les négociations entre les deux pays reprennent jeudi au niveau ministériel, avec la venue à Pékin du représentant au Commerce Robert Lighthizer et du secrétaire au Trésor Steven Mnuchin.

Citant des sources au fait du dossier, le Financial Times a rapporté dimanche que la Chine refusait d'accéder à certaines demandes des Etats-Unis et d'assouplir les restrictions qu'elle impose aux entreprises technologiques étrangères.

Le ton plus conciliant de Pékin n'empêche pas les administrations locales de continuer d'encourager les industriels à progresser dans la chaîne de valeur.

La province méridionale du Hunan a présenté ce mois-ci un plan de développement triennal pour l'intelligence artificielle, promettant plus de moyens pour ce secteur qui devrait peser localement 10 milliards de yuans (1,31 milliard d'euros) d'ici 2021.

Dans la province centrale du Henan, la presse locale a salué la semaine dernière un bond de la production de robots en janvier-février, supérieure de 14,3 fois à celle de la même période l'an dernier. https://bit.ly/2UK3S9E

Interrogé sur la volonté du président Donald Trump de faire revenir des emplois manufacturiers aux Etats-Unis, Miao Wei a affirmé que de telles décisions n'étaient pas du ressort d'une seule personne car l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement des entreprises est en cause.

"Une entreprise donnée va vouloir installer sa chaîne d'approvisionnement dans un pays où les coûts sont relativement bas, c'est une loi économique", a-t-il dit.

"Si, après des comparaisons, il ressort que les Etats-Unis ont des coûts plus bas et possèdent d'autres avantages par rapport aux autres pays, je suis sûr qu'une entreprise (...) fera revenir sa production aux Etats-Unis."

Soucieux d'aider les petites et moyennes entreprises, dont bon nombre peinent à trouver des financements, Miao a assuré que les PME joueraient à l'avenir un rôle plus important dans l'innovation.

La Chine prépare le lancement à Shanghai d'un nouveau marché boursier pour les valeurs technologiques, sur le modèle du Nasdaq à New York, afin de contourner la surveillance américaine sur ses nouvelles pépites technologiques.

La Bourse de Shanghai a annoncé vendredi avoir accepté les demandes de cotation de neuf sociétés présentes dans des secteurs allant de la production de semi-conducteurs aux technologies pour les énergies nouvelles.

La prochaine étape consistera à réduire la fiscalité et renforcer la protection de la propriété intellectuelle, a indiqué Miao, ajoutant qu'à terme le secteur manufacturier sera totalement libéralisé. (Brenda Goh et Shu Zhang, Véronique Tison pour le service français, édité par Marc Joanny)