L'accumulation d'indicateurs économiques décevants, la dévaluation surprise du yuan le 11 août et l'éclatement d'une bulle boursière qui a fait plonger les Bourses chinoises d'environ 40% depuis juin ont ébranlé les marchés financiers à travers le monde en alimentant les inquiétudes sur l'ampleur du ralentissement chinois.

"Le gouvernement a pris des mesures pour stabiliser le marché et empêcher la propagation des risques, nous avons supprimé la possibilité de tout risque systémique", a dit Li Keqiang lors d'une intervention devant le Forum économique mondial, la fondation organisatrice du sommet de Davos en Suisse.

Le Premier ministre chinois a néanmoins admis que l'économie chinoise était confrontée à des pressions négatives mais il s'est efforcé d'apaiser les craintes d'un atterrissage brutal après des années de croissance effrénée.

"Il y a une stabilité globale dans les performances économiques de la Chine malgré un certain degré de modération. Il y a une tendance globalement positive en dépit des difficultés auxquelles nous sommes confrontés", a-t-il dit, ajoutant que Pékin "ajusterait" ses politiques économiques pour mieux soutenir l'activité.

Auparavant, le ministère chinois des Finances avait promis de resserrer sa politique budgétaire, d'augmenter ses dépenses d'infrastructure et d'accélérer la réforme de sa fiscalité "afin de soutenir une croissance stable et de promouvoir la poursuite d'un développement économique sain".

Ces annonces ont été saluées par les marchés actions chinois qui ont poursuivi mercredi le rebond amorcé la veille.

INVESTISSEURS ÉTRANGERS TOUJOURS BIENVENUS

Malgré les nombreuses initiatives des autorités, certains observateurs doutent de la capacité de la Chine à atteindre son objectif d'une croissance de 7% cette année, ce qui constituerait déjà en soi un ralentissement par rapport aux années précédentes.

La décision de dévaluer le yuan a conduit certains investisseurs à penser que les responsables chinois partageaient cette crainte sans le dire et se tenaient prêts à procéder à une série de dévaluations du yuan, aussi appelé renminbi.

Li Keqiang a une nouvelle fois assuré mercredi que la décision du 11 août visait à libéraliser la fixation du taux de change du yuan, en laissant le marché jouer un plus grand rôle. Il a prédit une stabilisation de la devise chinoise.

"Nous pensons qu'il n'existe pas de fondement à une poursuite de la dépréciation du renminbi car la Chine dispose de grandes quantités de réserves de change", a-t-il dit.

Les données publiées lundi par la banque centrale chinoise ont montré que les réserves de change de la Chine avaient subi en août leur plus forte chute mensuelle jamais enregistrée en raison des interventions de la Banque populaire de Chine (BPC) pour stabiliser le yuan.

Li Keqiang a assuré que la Chine ne souhaitait pas le déclenchement d'une "guerre des monnaies".

"Si une guerre des monnaies se produit, cela ne fera que nuire à la Chine", a-t-il déclaré. "La dévaluation continue du yuan n'est assurément pas favorable à une internationalisation de la devise. Ce n'est pas notre préférence politique."

Le Premier ministre chinois a aussi rejeté les discours selon lesquels la succession de mesures dévoilées progressivement par les autorités chinoises au cours des dernières semaines pour lutter contre les variations trop fortes des marchés actions allait à l'encontre de leur promesse d'ouverture de leurs marchés de capitaux.

Les investisseurs étrangers demeurent les bienvenus en Chine, a-t-il dit.

"Nous allons continuer de faciliter l'accès au marché pour que les banques privées et les entreprises étrangères entrent sur le secteur financier", a déclaré Li Keqiang.

(Patrick Vignal et Bertrand Boucey pour le service français, édité par Véronique Tison)

par Gerry Shih et Pete Sweeney