par Zhou Xin et Kevin Yao

Avec les inquiétudes au sujet de l'Irlande, la perspective de voir Pékin remonter ses taux d'intérêt a été l'un des facteurs qui ont plombé les Bourses mondiales ces derniers jours.

La Bourse de Shanghai a fini mercredi en baisse de 1,9%, à un nouveau plus bas d'un mois. Cette dernière accuse désormais un recul de 11% sur les quatre dernières séances.

"Nous devons comprendre l'importance et l'urgence de stabiliser les prix du marché et prendre des mesures énergiques", a déclaré dans un communiqué le conseil d'Etat, le nom officiel du gouvernement chinois, à l'issue d'une réunion de routine.

"Quand cela s'avèrera nécessaire, des mesures d'intervention temporaires seront mises en place sur des produits de première nécessité et des matériaux de production", a ajouté le conseil d'Etat.

Ce dernier a précisé qu'il voulait notamment stabiliser les marché du blé, du pétrole, du coton et du sucre, ajoutant que la lutte contre la spéculation allait être intensifiée.

Dans le communiqué, il n'est pas fait mention de la politique monétaire.

"A mon avis, le gouvernement ne s'arrêtera pas là. Bon nombre de ses membres savent que le contrôle des prix n'est pas une mesure très efficace", a déclaré Kevin Lai, un économiste chez Daiwa Capital Markets.

Il ajouté s'attendre à une nouvelle hausse des taux d'intérêt chinois - ce qui serait la deuxième de l'année - dans les deux semaines à venir.

Le 19 octobre, la Banque populaire de Chine avait pris de court les investisseurs en annonçant le premier relèvement de ses taux directeurs depuis près de trois ans, une décision qui avait attesté de ses craintes vis-à-vis de l'inflation.

L'INFLATION, PRIORITE NUMERO UN DE PEKIN

La semaine dernière, le Bureau national des statistiques a annoncé que l'inflation du mois d'octobre était ressortie à 4,4% sur un an, à son plus haut depuis septembre 2008. ID:nLDE6A726Y]

Mardi, la presse officielle rapportait que Pékin préparait un train de mesures pour contrôler les prix alimentaires et lutter contre la spéculation sur les matières premières agricoles.

Plus tôt dans la journée, le Premier ministre Wen Jiabao avait déjà annoncé que le gouvernement préparait une série de mesures visant à endiguer la hausse des prix à la consommation, s'efforçant à son tour de calmer une irritation croissante de la population face à la flambée des prix alimentaires.

Shi Chenyu, économiste chez la branche banque d'investissement d'Industrial and Commercial Bank of China (ICBC), a estimé que le ton martial du communiqué du conseil d'Etat était la preuve que l'inflation était devenue la priorité numéro un des autorités chinoises.

"Par le passé, le gouvernement a souvent eu recours, dans un contexte de pressions inflationnistes, à des mesures administratives drastiques pour contrôler les prix", a-t-il noté.

"Ceci étant dit, ce type de mesures n'est jamais resté en place très longtemps et, surtout, elles peuvent avoir l'effet contraire de celui recherché dans le sens où elles sont susceptibles de provoquer une intensification des attentes en matière de hausse des prix."

Parmi l'arsenal de mesures à la disposition du gouvernement, la presse chinoise relève outre une hausse des taux d'intérêt et le contrôle des prix alimentaires, un nouveau relèvement du montant des réserves obligatoires des banques ou encore une limitation des prêts consentis par les banques.

Contrairement à ce qui a pu se passer par le passé, la flambée des prix alimentaires n'a pas été provoquée par des sècheresses ou autres catastrophes, ce qui a amené les autorités à pointer la spéculation du doigt.

avec la contribution de Huang Yan et de Tracey Zheng, Benoit Van Overstraeten pour le service français, édité par Dominique Rodriguez