BANGALORE (Reuters) - La Réserve fédérale américaine (Fed) attendra 2023 pour commencer à relever ses taux d'intérêt, estiment la majorité des économistes interrogés par Reuters tout en soulignant que le principal risque pour l'économie reste celui d'une inflation durablement élevée.

Si la moitié des membres du Federal Open Market Committee (FOMC) de la Fed ont déclaré le mois dernier prévoir une hausse de taux en 2022, la plupart des économistes ayant participé à l'enquête menée du 12 au 18 octobre sont plus prudents.

"Nous continuons de tabler sur le fait que la Fed restera patiente. Nous continuons de ne prévoir aucun relèvement du taux des 'fed funds' avant la fin 2023, mais le calendrier précis dépendra fortement de l'évolution des perspectives au fil des publications d'indicateurs", explique Jim O'Sullivan, responsable de la stratégie macro pour les Etats-Unis chez TD Securities.

Quarante des 67 économistes interrogés estiment que l'objectif de taux des fonds fédéraux, actuellement fixé entre zéro et 0,25%, n'augmentera au plus tôt qu'en 2023, la plupart tablant sur une hausse début 2023. Les 27 autres prévoient un relèvement dès 2022.

Dans un premier temps, la Fed devrait annoncer le mois prochain qu'elle va commencer à réduire ses achats d'obligations sur les marchés, qui représentent pour l'instant 120 milliards de dollars (103 milliards d'euros) par mois.

Vingt-neuf des 37 économistes ayant répondu à une question sur le sujet ont dit que le principal risque lié au relèvement des taux était celui de le voir intervenir plus tôt qu'anticipé.

"Malheureusement, nous doutons que les problèmes des chaînes d'approvisionnement et de pénuries de main-d'oeuvre soient résolus rapidement, donc l'inflation devrait rester élevée tout au long de 2022. Dans cette situation, nous prévoyons des hausses de taux en septembre et décembre de l'an prochain", a dit James Knightley, chef économiste international chez ING.

Vingt-deux des 40 économistes ayant répondu à une question supplémentaire ont jugé que le principal risque auquel était exposée l'économie américaine à l'horizon d'un an était celui d'une inflation durablement élevée alors que 30% d'entre eux évoquent celui d'un ralentissement plus marqué qu'anticipé de la croissance.

Les estimations des économistes en matière d'évolution de l'indice des prix à la consommation "core PCE", l'un des plus surveillés par la Fed, suggère que l'inflation devrait demeurer supérieure à l'objectif de la Fed jusqu'à la fin 2022 même s'il est appelé à ralentir au second semestre de l'an prochain, tout comme la croissance.

Celle-ci devrait être revenue à 3,8% en rythme annualisé au troisième trimestre après 6,7% au deuxième mais elle pourrait remonter à 5% sur les trois derniers mois de l'année. Ces prévisions étaient de 4,4% et 5,1% respectivement dans l'enquête de septembre.

En 2022, la croissance devrait être de 4% en moyenne avant de revenir à 2,5% en 2023 et 2,2% en 2024.

Le taux de chômage, lui, devrait évoluer entre 3,6% et 4,7% d'ici à la fin 2023, seuls quelques économistes disant s'attendre à le voir revenir à son niveau d'avant la pandémie.

(Version française Marc Angrand, édité par Blandine Hénault)

par Shrutee Sarkar