Wall Street est attendue en net repli et les Bourses européennes baissent fortement à mi-séance jeudi, les prévisions peu encourageantes de la Réserve fédérale américaine et les craintes d'une reprise de l'épidémie de coronavirus aux Etats-Unis ayant déclenché une nouvelle bouffée d'aversion au risque.

Les contrats à terme sur les principaux indices new-yorkais signalent une ouverture en baisse de plus de 1,3% pour le Nasdaq au lendemain de sa première clôture à plus de 10.000 points et de plus de 1,7% pour le Dow Jones comme pour le Standard & Poor's 500.

Ce dernier se dirige ainsi vers une troisième séance consécutive de baisse après un rebond de près de 45% en deux mois et demi.

A Paris, le CAC 40, en repli pour la quatrième séance d'affilée, perd 2,24% à 4.940,35 points à 11h00 GMT. A Londres, le FTSE 100 cède 2,08% et à Francfort, le Dax recule de 2,32%.

L'indice EuroStoxx 50 est en baisse de 2,19%, le FTSEurofirst 300 de 2,19% et le Stoxx 600 de 2,21%. La volatilité sur l'EuroStoxx 50 remonte parallèlement à son plus haut niveau depuis le 22 mai.

La Fed a certes promis mercredi de maintenir aussi longtemps que nécessaire ses soutiens aux marchés et à l'économie mais la perspective d'une contraction de 6,5% du produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis cette année et les commentaires de son président, Jerome Powell, sur le risque de voir le chômage perdurer au cours des prochaines années ont désagréablement surpris beaucoup d'investisseurs.

"La morosité de Jerome Powell a été un ou deux crans plus sombre que prévu, estime Ricardo Evangelista, analyste senior d'ActivTrades. Le président de la banque centrale américaine a brossé un tableau sombre de l'économie et a mis en garde contre des temps plus difficiles à venir, jetant un seau d'eau froide sur ce qui était peut-être un optimisme excessif de la part de certains investisseurs."

Les nouvelles ne sont guère meilleures sur le front sanitaire aux Etats-Unis avec une légère augmentation du nombre de nouveaux cas d'infection par le coronavirus après cinq semaines de baisse selon le décompte de Reuters, un retournement qui alimente les craintes d'une "deuxième vague" de l'épidémie, notamment après les très nombreuses manifestations des dernières semaines contre les violences policières et le racisme.

En Asie, la Bourse de Tokyo a fini la journée en recul de 2,82%, celle de Shanghai de 0,78%.

Les investisseurs surveilleront à 12h30 GMT les chiffres hebdomadaires des inscriptions au chômage aux Etats-Unis.

VALEURS EN EUROPE

Le repli marqué des valeurs européennes n'épargne aucun secteur et les plus fortes baisses sont pour les compartiments les plus exposés aux effets de la pandémie comme aux risques de récession: l'indice Stoxx du transport et du tourisme cède 3,55%, celui des banques 3,74%, celui de l'automobile 4,18%.

A Paris, les reculs les plus marqués au sein du CAC 40 sont pour Unibail-Rodamco-Westfield (-6,77%) Renault (-6,90%) et PSA (-5,99%).

Ce dernier et Fiat Chrysler Automobiles cèdent respectivement 5,99% et 5,84% alors que la Commission européenne s'achemine vers le lancement d'une enquête approfondie sur leur projet de fusion en l'absence de concessions de nature à apaiser ses craintes pour la concurrence.

A Francfort, Lufthansa perd 6,85% après avoir déclaré que la crise menaçait jusqu'à 26.000 emplois.

A la hausse, Unilever gagne 1,55% à Amsterdam mais seulement 0,59% à Londres; le géant des produits de grande consommation envisage d'abandonner sa structure à deux entités, l'une britannique et l'autre néerlandaise, pour créer une holding unique basée au Royaume-Uni.

TAUX

Le repli sur les actifs jugés les plus sûrs et la perspective du maintien de taux quasi nuls par la Fed jusqu'en 2022 se traduisent par une baisse marquée des rendements des emprunts d'Etat: celui du Bund allemand à dix ans, référence pour la zone euro, cède près de cinq points de base à -0,38% et son équivalent américain près de quatre points à 0,7099%.

L'un comme l'autre retrouvent leur niveau du 3 juin, avant la hausse marquée qui a suivi la réunion de la Banque centrale européenne (BCE).

Les investisseurs seront attentifs au déroulement dans l'après-midi de la réunion à distance des ministres des Finances de la zone euro, qui doivent débattre du plan de relance de 750 milliards d'euros de la Commission européenne.

CHANGES

Le regain d'aversion au risque profite principalement au yen et au franc suisse mais également au dollar, qui amorce un rebond après le plus bas de trois mois touché mercredi: l'indice qui mesure ses fluctuations face à un panier de devises de référence gagne 0,17%.

L'euro est stable face au billet vert, autour de 1,1370 dollar.

PÉTROLE

Le marché pétrolier souffre à la fois du climat général pessimiste sur la conjoncture économique et de l'annonce mercredi d'un nouveau record des stocks de brut aux Etats-Unis, conséquence d'une augmentation des importations et d'une diminution des exportations.

Le Brent abandonne 3,04% à 40,46 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) cède 3,31% à 38,29 dollars. L'un et l'autre se dirigent ainsi vers leur pire séance depuis deux semaines.

(Marc Angrand)