par Richard Leong

NEW YORK, 22 juin (Reuters) - La Réserve fédérale pourrait envisager de modifier à nouveau un instrument de contrôle des réserves excédentaires des banques si l'un des coûts d'emprunt au jour le jour de référence continue de monter, ont dit vendredi des stratèges de TD Securities.

Le taux des fonds fédéraux, celui que les banques s'appliquent entre elles pour emprunter des réserves excédentaires, a monté ces derniers jours sans doute parce que le volume des réserves excédentaires de l'ensemble du système bancaire américain a diminué, disent-ils.

Si ce taux reste à un niveau élevé, il risque de compliquer la tâche de la Fed qui veut avoir réduit son bilan de 4.000 milliards de dollars (3.429 milliards d'euros) de moitié fin 2020.

La baisse des réserves excédentaires, actuellement de 1.900 milliards de dollars, s'explique en partie par le processus de normalisation du bilan de la banque centrale, expliquent Priya Misra et Gennadiy Goldberg, stratèges taux de TD.

"Le système bancaire dans son ensemble a peut-être suffisamment de réserves mais certaines banques paient peut-être le prix fort pour avoir des fed funds", notent-ils.

Le taux moyen ou "réel" des fed funds (EFFR) était de 1,92% jeudi, soit trois points de base seulement en deçà du taux d'intérêt que paie la banque centrale sur les réserves excédentaires.

La Fed a procédé la semaine passée à un ajustement du taux d'intérêt versé sur les réserves excédentaires (IOER) en le relevant de 0,20 point, à comparer à la hausse d'un quart de point du taux des fed funds.

Ce procédé technique semble vouloir décourager les banques d'emprunter des fonds au taux des fed funds le plus bas et de profiter de l'IOER, plus élevé, en laissant les réserves en dépôt à la banque centrale. Le but est d'encourager les banques à prêter plutôt qu'à arbitrer entre ces deux taux.

TD et Bank of America Merrill Lynch, tous deux intermédiaires privilégiés ("primary dealers") de la banque centrale, admettent que l'IOER pourrait encore être ajusté.

"La hausse continue de l'EFFR pose problème pour la Fed", ont estimé Mark Cabana et Olivia Lima, stratèges de BofA Merrill Lynch, jeudi.

Toutefois, William Dudley, qui a démissionné de la présidence de la Réserve fédérale de New York la semaine dernière, minimise ce rétrécissement de l'écart entre l'EFFR et l'IOER.

"C'est sans doute une question intéressante du point de vue de la politique monétaire mais je ne crois pas que cela ait des incidences énormes sur l'économie, le système financier et les perspectives économiques", a-t-il dit à la presse voici une semaine.

Misra et Goldberg, de TD, admettent que le prochain ajustement de l'IOER pourrait intervenir dès septembre si la banque centrale décider de relever une nouvelle fois les taux.

Si l'EFFR devait pratiquement se retrouver à parité avec l'IOER d'ici la fin de l'année, cela pourrait obliger l'institut d'émission à envisager dès le début 2019 à mettre un terme à la normalisation du bilan plus tôt que prévu pour éviter des tensions au sein du système bancaire qui seraient dues à une baisse des réserves excédentaires. A l'heure actuelle, les traders voient le processus de normalisation se terminer fin 2021.

(Avec Jonathan Spicer à New York Wilfrid Exbrayat pour le service français)