PARIS, 22 novembre (Reuters) - Le ministère français des Affaires étrangères a réclamé aux autorités pakistanaises de rectifier les propos tenus par une de ses ministres qui a estimé sur Twitter qu'Emmanuel Macron traitait les musulmans comme l'Allemagne nazie a traité les juifs durant la Deuxième Guerre mondiale.

"Un membre du gouvernement pakistanais s'est exprimé aujourd’hui sur les réseaux sociaux dans des termes profondément choquants et injurieux à l’égard du Président de la République et de notre pays", écrit le Quai d'Orsay dans un communiqué diffusé samedi soir.

"Ces propos détestables sont des mensonges éhontés, empreints d’une idéologie de haine et de violence. De telles calomnies sont indignes à ce niveau de responsabilité. Nous les rejetons avec la plus grande fermeté", poursuit le ministère en demandant au Pakistan de "rectifier ces propos et retrouver le chemin d’un dialogue fondé sur le respect."

Le tweet émane de Shireen Mazari, la ministre fédérale des Droits de l'homme du gouvernement pakistanais.

"Macron fait aux musulmans ce que les nazis ont fait aux juifs: les enfants musulmans se verront attribuer un numéro d'identification (les autres enfants non) de la même manière que les juifs furent forcés de porter une étoile jaune sur leurs vêtements pour être identifié", écrit-elle en retweetant https://twitter.com/ShireenMazari1/status/1330116822079856640?s=20 l'article d'un site en anglais, amendé depuis, sur le projet de loi confortant les principes républicains.

Le site apporte dimanche une "clarification", soulignant qu'une précédente version de l'article affirmait de manière erronée que ces numéros d'identification seraient exclusivement pour les enfants musulmans de France alors qu'ils s'appliqueront à tous les enfants.

Le gouvernement français présente ce dispositif d'identifiant national attribué à chaque enfant en âge d'être scolarisé comme un moyen de s’assurer qu’aucun ne soit privé du droit à l’instruction.

Fin octobre, le Parlement pakistanais a voté une résolution engageant le gouvernement à rappeler son ambassadeur en poste à Paris, accusant Emmanuel Macron de mener une "politique de haine" contre les musulmans.

Plusieurs manifestants ont eu lieu au Pakistan après la republication en septembre par Charlie Hebdo des caricatures du prophète Mahomet, à l'occasion de l'ouverture du procès de l'attentat qui a fait douze morts dans ses locaux en janvier 2015, après la première parution de ces dessins jugés blasphématoires au Pakistan.

Le mouvement islamiste pakistanais Tehrik-i-Labaik a cependant lancé mardi dernier un appel à l'arrêt de ces manifestations. (John Irish version française Henri-Pierre André)