* Macron annonce un grand commandement de l'espace en septembre

* L'armée de l'air deviendra "armée de l'air et de l'espace"

* La France en retard face aux USA, à la Russie et à la Chine

* Le chef de l'Etat promet les investissements nécessaires

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* (Actualisé avec autres citations, contexte)

par Sophie Louet

PARIS, 13 juillet (Reuters) - La France, qui affiche un retard stratégique et technique face à la militarisation croissante de l'espace, se dotera en septembre d'un "grand commandement" spatial avec notamment l'objectif de mieux protéger ses satellites, "y compris de manière active", a annoncé samedi Emmanuel Macron.

La ministre des Armées Florence Parly a récemment exposé au chef de l'Etat une nouvelle "stratégie spatiale de Défense" pour affronter les menaces naissantes venues de l'espace exo-atmosphérique, enjeu sécuritaire auquel l'exécutif redonne la priorité face à l'active prééminence des Américains, Russes et Chinois.

Avant même la décision de la Maison blanche de doter les Etats-Unis d'une force armée spatiale, sous réserve de l'approbation du Congrès d'ici à 2020, la revue stratégique de défense 2017 alertait sur une militarisation croissante de l'espace et les dangers d'un accès banalisé avec le développement du "New Space", l'industrie spatiale "low cost".

La feuille de route fixée en juillet 2018 par le chef de l'Etat vise tout à la fois à embrasser "les incroyables potentialités" de la zone tout en répondant à "la conflictualité qu'elle suscite".

La France doit "répondre aux défis qui se posent dans les domaines terrestre, maritime et aérien, mais aussi dans les nouvelles zones de confrontation que sont l'espace cyber ou l'espace exo-atmosphérique", a souligné samedi Emmanuel Macron lors d'un discours au ministère des Armées, pour la traditionnelle réception en l'honneur des troupes qui défileront sur les Champs-Elysées le 14 juillet.

"Nous renforcerons notre connaissance de la situation spatiale, nous protégerons mieux nos satellites y compris de manière active", a-t-il dit, promettant les investissements nécessaires.

"Et pour donner corps à cette doctrine, pour assurer le développement et le renforcement de nos capacités spatiales, un grand commandement de l'espace sera créé en septembre prochain au sein de l'armée de l'air. Celle-ci deviendra à terme l'Armée de l'air et de l'espace", a-t-il ajouté.

"GUERRE DES ÉTOILES"

Florence Parly avait signifié avec fracas la détermination de la France en septembre 2018 en accusant nommément les Russes d'un acte d'espionnage contre le satellite militaire franco-italien Athena-Fidus en 2017. "La guerre des étoiles est bien autre chose qu'une fiction", avait-elle déclaré.

La ministre devrait prochainement détailler les grandes lignes de la nouvelle doctrine française.

La loi de programmation militaire 2019-2025 consacre 3,6 milliards d'euros aux investissements et au renouvellement des satellites.

Elle prévoit notamment la mise en service en 2020 des trois satellites du programme CERES (capacité de renseignement électromagnétique spatiale), ou encore MUSIS (système multinational d'imagerie spatiale pour la surveillance, la reconnaissance et l'observation) et ses trois satellites CSO (Composante spatiale optique) dont le premier a été lancé de Kourou (Guyane) en décembre dernier.

L'annonce du chef de l'Etat était attendue par l'armée de l'air, qui ambitionne de jouer un rôle de premier plan dans la gouvernance de cette nouvelle stratégie.

"Les aviateurs, qui représentent les deux tiers des spécialistes de ce milieu au sein des armées, sont prêts à apporter leur contribution", avait ainsi déclaré le général Philippe Lavigne, chef d'état-major de l'armée de l'air, en novembre 2018.

Si l'état-major des armées entend garder la main au niveau opérationnel, il juge logique que l'armée de l'air s'ancre au centre de l'échiquier.

L'armée de l'air, qui dispose d'un centre opérationnel de surveillance militaire des objets spatiaux (Cosmos) à Lyon, a une mission de surveillance de l'espace et d'alerte aux populations en cas de danger spatial.

La LPM prévoyait de renforcer le Commandement interarmées de l'espace (CIE), créé en 2010 pour coordonner la stratégie militaire spatiale.

Les Etats-Unis, qui dépensent entre 12 et 15 milliards de dollars par an dans le domaine spatial, compteraient quelque 150 satellites militaires dans l'espace, contre une trentaine respectivement pour la Chine et la Russie.

Voir également :

"Surveiller et protéger l'espace, enjeu militaire pressant" (Avec Myriam Rivet)