PARIS, 25 juin (Reuters) - La France n'a pas rempli ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre entre 2015 et 2018, ce qui interroge sur sa capacité à respecter ses engagements dans le cadre de l'accord de Paris sur le climat, a annoncé mardi le Haut Conseil pour la climat (HCC).

Dans son premier rapport depuis sa mise en place par le chef de l'Etat en novembre dernier, l'instance explique que la baisse annuelle des émissions de gaz à effet de serre sur cette période n'a été que de 1,1%, quand l'objectif à atteindre était de 1,9%.

Ce rythme de réduction devra donc tripler à partir de 2025 pour atteindre l'objectif de neutralité carbone en 2050, cible que les députés souhaitent inscrire dans le projet de loi sur l'énergie et le climat actuellement débattu à l'Assemblée nationale.

"Les engagements de la France sont ambitieux, mais, au rythme actuel de mise en œuvre, ils ont peu de chance d'être tenus. Tant que l’action en réponse au changement climatique restera à la périphérie des politiques publiques, la France n'aura aucune chance d'atteindre la neutralité carbone en 2050", a déclaré par communiqué la présidente du HCC, Corinne Le Quéré.

Les émissions liées aux transports, qui n'ont pas diminué depuis dix ans, et les émissions provenant des bâtiments, qui ont diminué trois fois moins vite que prévu, sont en grande partie responsables de ces faibles résultats, précise le rapport.

La baisse ponctuelle des émissions en 2018 (-4,2% par rapport à 2017) ne résulte que "marginalement" des actions menées en matière de climat, les conditions météorologiques clémentes de la période hivernale ayant permis de réduire la demande de chauffage.

Pour le HCC, l'objectif de neutralité carbone en 2050 est "ambitieux et cohérent avec l'accord de Paris". Mais pour y parvenir, il faudrait "intégrer le prix du carbone dans l'activité économique de façon plus vigoureuse", réviser la taxe carbone et évaluer systématiquement l'impact des investissements réalisés et mesures prises sur les émissions de gaz, dit-il.

Réagissant à la publication du rapport, le Premier ministre, Edouard Philippe, a dit par communiqué que l'action menée devait être "amplifiée au regard de l'urgence à lutter contre le dérèglement climatique dont les effets se font déjà sentir".

Le gouvernement présentera "les premières réponses et les suites qu'il compte donner aux recommandations du Haut Conseil" à l'occasion du prochain Conseil de défense écologique qui se tiendra début juillet.

Certaines de ces mesures "seront prises en compte dès l'examen parlementaire du projet de loi relatif à l'énergie et au climat", a-t-il ajouté. (Caroline Pailliez, édité par Pierre Serisier)