Paris (awp/afp) - La France prévoit de lever 195 milliards d'euros d'obligations à moyen et long terme sur les marchés en 2019, un montant identique à 2018, malgré un besoin de financement en hausse, selon le projet de budget dévoilé lundi.

Le besoin total prévisionnel de financement de l'État, qui correspond principalement aux dettes arrivant à échéance et au déficit pour l'année, s'élève pour l'an prochain à 227,6 milliards d'euros, contre 198,5 milliards cette année, a précisé l'Agence France Trésor (AFT), chargée de placer la dette du pays sur les marchés.

Cette hausse de près de 15% s'explique par deux facteurs principaux : la progression du déficit budgétaire de l'État qui passe pour 2019 à 98,7 milliards d'euros, contre 81,3 milliards en 2018 et l'augmentation du refinancement des dettes des années post-crise arrivant à échéance en 2019, a détaillé l'AFT.

Pour financer la différence, l'AFT prévoit principalement d'augmenter de 15 milliards d'euros l'encours de sa dette à court terme et de 11 milliards les dépôts des correspondants du Trésor, comme par exemple le Fonds pour l'innovation.

Le Trésor a des correspondants qui viennent faire des dépôts à long terme, comme les collectivités locales notamment, ce qui leur vaut une rémunération contractuelle et constitue autant de dette à ne pas émettre.

"Nous ne prévoyons pas d'augmenter la taille de notre programme de financement", car "nous ne souhaitons pas envoyer un signal de hausse" aux marchés dans la mesure où la progression du déficit à financer est liée à des éléments non récurrents, que sont l'impact du Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) et l'instauration du prélèvement à la source, a affirmé Anthony Requin, directeur général de l'AFT.

"Nous avons une relation de long terme" avec les investisseurs, "nous pilotons un paquebot et nous n'allons pas nous mettre à faire de grandes embardées" pour des facteurs qui ne sont pas structurels, alors même qu'il y a "un effort de maîtrise des dépenses publiques", a-t-il ajouté.

Prudence pour encaisser les chocs

Pour 2018, la France a continué à bénéficier de conditions de financement favorables, ce qui lui a permis d'enregistrer sa "deuxième meilleure année de tous les temps après 2016", a souligné le patron de l'AFT.

"À ce jour, le coût moyen d'émission de la dette à plus d'un an se relève être plus faible à 0,54% que celui de l'ensemble de l'année dernière qui était à 0,65%". C'est lié aux "inquiétudes de marché autour de la présidentielle" au premier trimestre 2017, a-t-il complété.

Le déficit à financer pour 2018 est révisé à la baisse à 81,3 milliards d'euros, contre 85,7 milliards prévus dans la loi de finance initiale 2018 votée en décembre 2017.

Sur le plan de l'évolution des taux d'emprunt, l'AFT anticipe des taux à 10 ans à 1,40% fin 2018 et 2,15% fin 2019. Vendredi, à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise, le taux d'emprunt à 10 ans de la France s'est élevé à 0,779%.

En 2018, l'AFT avait initialement anticipé une remontée plus forte des taux d'intérêt que ce qui s'est effectivement concrétisé, mais l'AFT a néanmoins encore opté pour la circonspection en 2019 : "Nous sommes prudents en prévoyant un scénario de taux qui nous permet d'encaisser un certain nombre de chocs", a assuré M. Requin.

En matière d'émissions vertes, son montant n'est pas arrêté à ce stade mais le sera en décembre, a-t-il dit.

afp/buc