Le parti au pouvoir en Hongrie, le Fidesz, a dévoilé mardi un projet de loi visant à élargir le Conseil monétaire de la banque centrale, chargé de fixer les taux d'intérêt, une mesure qui pourrait renforcer l'influence du Premier ministre Viktor Orban sur les décideurs politiques au-delà des élections de 2026, qui s'annoncent très disputées.

Ce projet de loi a été intégré à un projet de réforme visant à retirer à la banque les activités non essentielles qui ont attiré l'attention de la police.

Publié sur le site web du Parlement, le projet de loi prévoit l'élargissement du Conseil monétaire avec l'ajout d'un quatrième vice-gouverneur et d'un autre décideur, portant ainsi le nombre de membres du comité de fixation des taux de 9 à 11.

L'ancien ministre des Finances de Viktor Orban, Mihaly Varga, a succédé à Gyorgy Matolcsy à la tête de la banque en mars, dans un contexte de risques pour l'inflation et la croissance économique, et la police a ouvert une enquête sur des soupçons de détournement de fonds publics au sein d'une fondation créée sous la direction de M. Matolcsy.

Dans un communiqué, la banque centrale a salué la législation, qu'elle avait proposée, sans toutefois commenter la question de l'élargissement du Conseil monétaire.

Les vice-gouverneurs de la banque sont nommés par M. Orban, ce qui signifie que le comité de fixation des taux sera dominé par des décideurs politiques choisis par lui ou son parti pour les six prochaines années, alors que le dirigeant chevronné se prépare à une réélection qui s'annonce difficile.

Confronté à une remontée de l'inflation qui devrait atteindre les niveaux les plus élevés de l'UE au début de 2025, M. Orban a lancé mi-mars des mesures de contrôle des prix des denrées alimentaires, tout en appelant les banques et les opérateurs de télécommunications à modérer leurs tarifs afin d'endiguer la forte inflation des services.

Au pouvoir depuis 2010, M. Orban est

fréquemment intervenu

sur les prix et les coûts d'emprunt afin de protéger les consommateurs contre ce que son gouvernement qualifie d'augmentations injustifiées, certaines de ces mesures suscitant les critiques des investisseurs et des agences de notation.

La législation ne précise pas le domaine politique dont le nouveau vice-gouverneur sera chargé.

L'ancien directeur de l'agence de la dette, Zoltan Kurali, a été nommé vice-gouverneur chargé de la politique monétaire et de la gestion des réserves le mois dernier, tandis que le vice-gouverneur Barnabas Virag, qui dirigeait la communication de la banque sous Matolcsy, devrait rester en fonction jusqu'en juin 2026.

En mars, la police hongroise a ouvert une enquête sur la fondation éducative de la banque centrale, créée sous Matolcsy, soupçonnée de détournement de fonds publics après qu'un rapport de la Cour des comptes a révélé de graves lacunes. En réponse, Matolcsy a déclaré en mars que les allégations de fraude étaient infondées.

La législation interdirait à la banque centrale de créer des fondations après l'entrée en vigueur de la loi. (Reportage de Gergely Szakacs ; édition par Mark Heinrich)