BUDAPEST (Reuters) - Le gouvernement hongrois a soumis lundi au Parlement un premier projet de loi visant à lutter contre la corruption, alors que Budapest a promis de se mettre en conformité avec les règles de l'Union européenne pour éviter que cette dernière ne lui coupe les fonds.

La Commission européenne a recommandé dimanche de suspendre le versement de quelque 7,5 milliards d'euros destinés à la Hongrie, soit environ 5% de son PIB, ce qui serait une première dans l'Europe des Vingt-Sept.

Elle a aussi posé ses exigences pour que la Hongrie continue à bénéficier des subsides européens. Le gouvernement du Premier ministre nationaliste Viktor Orban, qui défie régulièrement Bruxelles, s'est cette fois engagé à les respecter.

Après le coup de semonce de la CE, la ministre hongroise de la Justice, Judit Varga, a indiqué sur sa page Facebook qu'elle avait soumis au Parlement un premier projet de loi visant à "tenir les engagements" du gouvernement vis-à vis de l'Union européenne.

"La Hongrie pourrait entamer l'année 2023 sans avoir perdu de fonds de l'UE", a-t-elle dit.

Le projet de loi présenté lundi garantit la coopération des autorités fiscales hongroises avec l'Office européen de lutte contre la fraude (OLAF) qui enquête sur des projets financés par l'UE en Hongrie.

Le texte modifie aussi les règles régissant les fondations publiques de gestion de patrimoine, les obligeant explicitement à lancer des appels d'offres publics pour leurs projets et durcissant les règles de conflit d'intérêts dans leur gestion.

Alors que la Hongrie est confrontée à une inflation à deux chiffres malgré sa décision de continuer à s'approvisionner en hydrocarbures russes, à contre-courant de la position de l'UE, à un fort ralentissement économique et à une monnaie nationale, le forint, très affaiblie après avoir perdu 8% de sa valeur cette année, Viktor Orban peut difficilement se permettre de perdre l'accès aux fonds européens.

"La dernière initiative de Bruxelles tombe à un mauvais moment pour Orban, qui est aux prises avec une série de difficultés politiques et économiques provoquées notamment la hausse des prix de l'énergie. Il y a donc des chances qu'il soit prêt à aller plus loin pour satisfaire les exigences de l'UE", estime Mujtaba Rahman, directeur général Europe chez Eurasia Group.

La bonne volonté du Premier ministre hongrois pourrait cependant avoir ses limites et ne pas suffire à permettre le déblocage des fonds du Plan de relance européen, destiné à atténuer les conséquences de la pandémie de COVID-19, que la Commission peut décider d'accorder ou pas de manière plus discrétionnaire, souligne-t-il.

(Reportage de Krisztina Than, avec GabrielaBaczynska à Bruxelles, version française Tangi Salaün)