Si le marché malaisien de la finance islamique a renoué avec la croissance cette année, l'émission d'obligations (Sukuks) a lui baissé. Les réformes visant à restaurer la confiance dans un contexte de crise financière internationale se font donc attendre.
Selon la Malaysian Securities Commission, la valeur des obligations islamiques émises en Malaisie s'élevait à tout juste 18,9 milliards M$ (6 milliards $) pour les trois premiers trimestres de cette année, alors qu'elle était de 32 milliards M$ en 2009 et de 20 milliards M$ de 2008.

Tout faire pour promouvoir le développement des produits islamiques
Ce ralentissement inattendu survient alors que la Malaisie, qui domine le marché des obligations avec plus de 60% des titres en circulation dans le monde, prend des mesures pour protéger sa position de principal marché du secteur de la finance islamique qui pèse de 1 000 milliards USD.
Najib Razak, le premier ministre, a déclaré en octobre que des allègements fiscaux supplémentaires seraient annoncés l'année prochaine afin de promouvoir l'innovation dans les produits islamiques. Le gouvernement a émis pour 1,25 milliards de Sukuks en mai (ses premiers en huit ans) afin de soutenir le marché local.

De son côté, Bursa Malaysia, la bourse de Kualu Lumpu, permettra bientôt aux émetteurs de titres de vendre des Sukuks aux particuliers, et la Negara Malaysia, la banque centrale, se prépare à délivrer des licences à deux nouvelles banques afin d'augmenter l'assise financière du secteur.
Zeti Akhtar Aziz, le gouverneur de la Bank Negara, a déclaré au Financial Times en octobre que l'expérience malaisienne a prouvé le potentiel de croissance de la finance islamique à l'échelle mondiale chez les non musulmans, qui représentent aujourd'hui plus de la moitié des clients de certaines institutions malaisiennes.
" Tant que nous disposeront de produits compétitifs, je crois que la finance islamique poursuivra sa croissance à un rythme effréné ", a-t-elle affirmé.

Les Sukuks, des actifs attractifs
D'autres responsables ont émis des points de vue similaires. Zarinah Anwar, présidente de l'autorité des marchés financiers de Malaisie, a déclaré lors du forum des marchés des capitaux islamiques à Kuala Lumpur que l'éventail unique des instruments Sukuk de la Malaisie avait apporté au marché un avantage significatif sur les obligations conventionnelles négociées.
" Personne n'aurait pu anticiper la croissance réalisée au cours des dix dernières années " a-t-elle déclaré en soulignant que les Sukuks avaient tendance à être plus transparents que les alternatives conventionnelles, ce qui ajoute à leur attractivité dans un contexte de crise.

Yves Mersch, membre du conseil de gouvernement de la Banque centrale européenne, a déclaré à Francfort en novembre dernier que l'absence d'exposition des banques islamiques aux actifs opaques et leur dépendance aux dépôts plutôt qu'au financement de gros ont contribué de manière générale à les rendre solides. Mais il a déclaré que la résolution des problèmes de standardisation et d'options de gestion de liquidités des banques permettrait d'accroître la stabilité sur le long terme.

Les dernières questions litigieuses bientôt réglées ?
La question des liquidités est en cours de résolution grâce à l'établissement à Kuala Lumpur d'une Société islamique internationale de gestion des liquidités créée par l'Islamic Financial Services Board (conseil multinational des services financiers islamiques) en octobre dernier avec le soutien marqué des autorités malaisiennes.
La Société islamique internationale de gestion des liquidités émettra des obligations à court terme qui pourront être utilisées pour la gestion des liquidités. Certaines banques utilisent également des " produits sharia compatibles " à la Bursa Malaysia, créée l'année dernière.

Les experts ont des avis divergents sur les dangers de l'absence de standardisation des produits. Ce défaut de standardisation est liée d'une part aux différences d'interprétation de la sharia par les quatre principaux courants de pensées et d'autre part au manque de disponibilité des spécialistes de la sharia se prononçant sur l'acceptabilité d'un produit.
Daud Vicary, responsable international de la finance islamique chez Deloitte, a déclaré lors du forum mondial de la finance islamique à Kuala Lumpur en octobre dernier que le secteur avait besoin d'un processus de prise de décision plus clair, mais que " l'existence de plusieurs courants de pensées dans l'interprétation de la sharia est un facteur extrêmement positif, car cela stimule la discussion ".

Selon Nik Norzul Thani, président de Zaid Ibrahim & Co, le plus grand cabinet d'avocat de Malaisie, les écoles financières islamiques ont réalisé une harmonisation de vue sur 90% des questions litigieuses. Mais il déclare que la sophistication accrue des produits de la finance islamique en Malaisie rend indispensable une communication efficace entre les spécialistes de la sharia et les banquiers. " L'époque où les spécialistes de la sharia ne se rendaient jamais à la banque et où les banquiers ne lisaient jamais le coran est révolue. "


Traduit de l'anglais par AGORA SUD
Copyright 2011 Financial Times / Zonebourse.com

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