• ESG : Environnemental, Social et Gouvernance

Souvent, quand on parle ESG, la première chose qui vient à l’esprit c’est... des éoliennes et parfois… des batteries. On pense aux incroyables innovations latentes, qui flottent dans l’air comme autant d’opportunités qui ne demanderaient qu’à être saisies par de jeunes entrepreneurs innovants et souvent fort talentueux il faut le reconnaître. Mais c’est à la fois ne pas tenir compte de la signification de l’acronyme ESG et de l’idée sous-jacente à l’investissement ISR à savoir le développement durable. 

Pour rappel, un investissement ESG est un investissement environnemental, social et de gouvernance, censé accompagner un développement économique durable, c'est-à-dire quelque chose de beaucoup plus profond que le financement de l’innovation écologique. Le schéma ci-dessous est on ne peut plus clair. Le DD (pour les intimes), a pour objectif de “porter une vision globale sur la Terre et son évolution et envisager l'économie comme un concept qui intègre les aspects environnementaux et sociaux”.

Et justement, s’il paraît désormais clair que la grande majorité des décideurs politiques et investisseurs institutionnels ont pris conscience de l’urgence écologique la problématique sociale semble avoir été moins intégrée, c’est en tout cas ce que conclut une étude commandée par trois associations caritatives britanniques (Friends Provident Foundation, Joffe Trust et Blagrave Trust) qui ont organisé l’année dernière les “jeux olympiques ESG”

En effet, les trois associations ont publié un rapport sur l’état de l’art dans lequel ils soulignent de “sérieuses lacunes” et accusent certains gestionnaires d’actifs d’écorner la crédibilité de l’industrie de l’asset management en ne tenant pas compte des problématiques sociales. Une bonne piqûre de rappel : le “S” et le “G” comptent aussi.
  • La transformation de Total, mieux vaut tard que jamais

Total - ou plutôt devons-nous dire TotalEnergies - accélère sa reconversion dans les énergies plus propres en émissions de CO2. Les bénéfices 2020 ont été amputés de 7 milliards de dollars par rapport à 2019 à cause de la chute des prix du pétrole, conséquence de la crise du Covid-19.

Patrick Pouyanné, le PDG de Total a fixé le nouveau cap à suivre : “nous ne voulons plus croître dans le pétrole”. Le pétrole, principal activité de l'entreprise dont il a assuré la prospérité, reste encore aujourd'hui la principale source de revenus de Total  avec plus de 55% des flux de trésorerie du groupe.

La major accélère ses investissements dans le solaire et l'éolien, qui représentent 20% de ses investissements. Cela se traduit par 60 milliards de dollars d’investissements sur les dix prochaines années. En effet, ses capacités de production d'énergie dans le solaire et l'éolien sont passées à 7 gigawatts (GW) en 2020 et devraient atteindre 10 GW cette année. Si l’on cumule les projets en cours, l'objectif fixé de 2025, soit 35 GW de production, devrait être atteint, assure le PDG du groupe.

Doté de moyens puissants, le pétrolier français devrait faire la course en tête dans le secteur du renouvelable : son objectif pour 2025 est le plus ambitieux parmi tous les autres producteurs (Shell, Chevron et BP). Il dépasse également celui de nombreuses entreprises du secteur de l'énergie, comme EDF, Iberdrola, Enel et Orsted, une entreprise danoise qui a longtemps prospéré dans le brut avant d'opérer un virage radical vers les énergies renouvelables. Un exemple souvent cité comme celui d'une mue réussie.

L'année 2020 a servi de catalyseur pour la sortie de l'or noir : les prix se sont effondrés (le baril valait 20 dollars en avril, contre environ 60 aujourd'hui), et la demande a chuté de 9% suite à l’arret de l’economie. Pour rappel, la compagnie avait encaissé un bénéfice de 11,2 milliards en 2019. Toutefois, le résultat de Total de 4,1 milliards de dollars en 2020 est meilleur que celui de ses principaux concurrents.

Projections de la production d'énergie de Total pour 2050

 

  • Le traité sur la charte de l’énergie, un risque pour la transition énergétique

Le monde a bien changé depuis 1994. A l’époque, la signature du traité sur la charte de l’énergie (TCE) permettait à des entreprises et autres investisseurs d’attaquer les États en justice s’ils modifiaient leur politiques énergétiques dans un sens contraire à leurs intérêts. 

Comme vous pouvez l’imaginer, ces dernières années marquées par une urgence climatique de plus en plus visible ont vu des litiges se multiplier entre les parties. Notons comme exemple  l'énergéticien RWE qui attaque les Pays-Bas pour leur sortie du charbon d'ici 2030 et qui évalue ses pertes à deux milliards d'euros. Au total, ce traité a provoqué pas moins de 130 procédures dont 88 intra-européennes avec un coût de plus de 85 milliards d’euros pour les gouvernements, les indemnisations pourraient même atteindre 1300 milliards de dollars d’ici 2050. 

Cette situation n’est évidemment plus acceptable avec des intérêts de plus en plus divergents au sein même du traité : d’un côté l’Union européenne avec son objectif de neutralité carbone en 2050 et de l’autre des pays comme le Yémen ou l’Afghanistan très dépendants aux énergies fossiles.

Pour remédier à cette problématique, le Parlement européen tente de modifier ce traité en le rendant plus actuel avec notamment la fin de la protection des investissements dans les énergies fossiles. Mais comme le rappellent plus de 200 scientifiques : "L'urgence climatique ne tolère plus aucun retard. Le retrait du traité sur la charte de l'énergie est une première étape essentielle." En conséquence, quatre ministres français dont Bruno Le Maire ont fait part à Bruxelles de leur intention de sortir de l’accord si les négociations n'aboutissent pas d’ici la fin de l’année.