• HOP : un état des lieux sur l’obsolescence programmée

Laetitia Vasseur, cofondatrice et déléguée générale de HOP (Halte à l’Obsolescence Programmée) fait un état des lieux (Alternatives économiques) cette semaine sur l’efficacité de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte ainsi que des avancées sur les questions relatives à l’obsolescence programmée. Elle livre ses conclusions sur l’efficacité du dispositif, forte de son retour d’expérience de cinq années à la tête de HOP. 

Et la réalité de s’imposer brutalement. Sur les trois entreprises visées par une plainte (Nintendo, Epson et Apple) seule la dernière a été sanctionnée. Sanctionnée certes mais pour “pratique commerciale trompeuse par omission” et non pour “délit d’obsolescence programmée”. Cette sanction a tout de même porté ses fruits puisqu’ après avoir été contrainte de publier durant un mois un communiqué sur son site internet, elle a rendu compatible la dernière version d’iOS avec d’anciens téléphones.

Si la loi a un rôle à jouer dans ce domaine, la pression de l’opinion publique, le changement de comportement des consommateurs ainsi que la prise de conscience collective des enjeux climatiques pourraient, eux aussi, contribuer à la mise au pas de certaines multinationales dans ce domaine. Les initiatives se multiplient à l’instar par exemple du “club de la durabilité” qui réunit des entreprises comme Fnac Darty, Michelin ou Back Market. Toutefois, il est impossible de dire encore si elles seront efficaces tant elles semblent manquer de coordination les unes avec les autres.

  • Un “Nobel de l’Environnement” pour Reclaim Finance

La fondatrice de Reclaim Finance, Lucie Pinson, a reçu le prix Goldman pour l'environnement, pour son action en faveur de l'arrêt des financements au secteur du charbon. Nous sommes très heureux qu'elle ait été honorée, elle qui travaille inlassablement à faire en sorte que les financiers prennent la question environnementale à bras le corps. Son approche constructive a entraîné des résultats époustouflants en l'espace de quelques années, et permet, de surcroît, de séparer le greenwashing de certains acteurs des efforts réels des autres.Plus de précisions ici

  • Gaz à effet de serre, un plus bas depuis 30 ans pour les pays de l’UE : 

Depuis 1990, le niveau des émissions de gaz à effets de serre n'a jamais été aussi bas qu’en 2019 (-24%) selon un rapport émis par la Commission chargée du Pacte vert pour l'Europe. Il a diminué de 3,7% en glissement annuel alors que dans le même temps, le PIB a augmenté de 1,5% dans l’UE-27. 

"L'Union européenne prouve qu'il est possible de réduire les émissions et de faire croître votre économie” a ajouté le vice-président de la commission Frans Timmermans. Il ne se repose toutefois pas sur ses lauriers et affirme que des efforts restent à fournir pour parvenir à atteindre les objectifs communs que les pays de l’UE se sont fixés pour 2050.

L’UE a mis en place un cadre juridique dans lequel doivent s’inscrire les politiques nationales en lien avec la réduction des émissions. Via le "règlement sur le partage de l’effort”, les pays membres se répartissent la charge de cette réduction. De plus, chaque membre de l’UE a rédigé un “plan national energie-climat” listant les mesures à prendre pour atteindre ces objectifs.

En agrégeant les projections nationales qui prennent en compte les mesures prévues ou les “ambitions déclarées” dans chaque “plan national energie-climat”, les émissions totales de l’UE-27 devraient être réduites de 30% en 2030 (par rapport à 2005) conformément aux objectifs. Mais, si les pays ne mettent pas rapidement en œuvre leurs déclarations d’intentions, alors les émissions ne reculeront que de 19% par rapport à 2005, bien loin des 30% visés.

Émissions de gaz à effets de serre par rapport aux objectifs du règlement sur le partage de l'effort (avec et sans la mise en oeuvre du plan national énergie-climat).

Source : EU Climate Action Progress Report
Les valeurs positives indiquent un dépassement des objectifs. Des valeurs négatives indiquent que les objectifs ne devraient pas être atteints.
  • Les fonds indiciels, dangereux pour l’environnement ?

La création du premier fond indiciel en 1976 par le fondateur de Vanguard, Jack Bogle, a révolutionné les marchés financiers. L’investissement passif à travers des outils comme les ETFs s’est répandu jusqu’à même dépasser les investissements actifs aux États-Unis en 2019. En effet, ils présentent de nombreux avantages : outre le fait qu’il y ait besoin de moins de connaissances, le marché à tendance à surperformer les fonds gérés par des investisseurs. Or, comme  l’a souligné Bogle, les investissements passifs représentent un danger, pour l’environnement notamment. Ainsi, depuis 2016 et la signature des accords de Paris, les quinze plus gros gestionnaires d’actifs ont contribué à une augmentation de 20% des exploitations de charbon thermique.

Le projet “Sunrise” a identifié quatre caractéristiques des investissements passifs pouvant nuire au climat.

    • L'investissement passif peut élever artificiellement l'évaluation des entreprises à forte intensité de carbone.

Par nature, les investissements passifs suivent les grands indices mondiaux comme le S&P 500. Ces indices sont constitués en partie de sociétés à forte intensité carbone. Or, un flux important d'investissements passifs peut ainsi aider ces entreprises à maintenir une forte évaluation malgré des performances en baisse : c’est ce qu’on appelle “l’effet indiciel”.

    • L'investissement passif limite l'action des actionnaires sur le climat.

Le “Big Three” des gestionnaires d’actifs (BlackRock, Vanguard, State Street Global Advisors) contrôle de plus en plus les grandes entreprises. Le papier rédigé par Lucian Bebchuk et Scott Hirst indique qu’ils possèdent à eux trois 25% des droits de vote des entreprises du S&P 500 tout en détenant 5% d’une grande majorité de celle-ci. De ce fait, les conflits d’intérêts risquent de s’accumuler et les prises de positions en faveur du climat ont peu de chances d’aboutir.

    • L’investissement passif atténue la pression des investisseurs actifs. 

Aujourd’hui, les investisseurs actifs sont tellement sous-représentés, qu’ils ont très peu d’influence sur les prix. Pourtant, en théorie, ce sont ces investisseurs (actifs rationnels) qui, en comparant le prix des actifs à leur valeur fondamentale, sont censés faire revenir les prix à l’équilibre. Si les fonds passifs avaient une proportion moindre, par définition, les investisseurs actifs auraient plus de poids dans l’élaboration des prix. Or ces investisseurs supposés rationnels ont bien intégré le risque environnemental qui pèse sur les cash flows futurs. Ils vendent donc les titres exposés au risque environnemental, mais ils sont trop peu pour faire descendre le prix des titres que les fonds passifs entretiennent artificiellement à la hausse.

    • L'investissement passif augmente les risques financiers systémiques liés au changement climatique.

Le changement climatique va sans doute mener à une réallocation des actifs ainsi qu’à une baisse des actifs à combustion fossile. Les investisseurs actifs quitteront le secteur laissant les pertes aux passifs. Pour conclure, le projet Sunrise préconise de faire en sorte que les gros gestionnaires d’actifs proposent des produits financiers qui n’incluent pas d’entreprises à forte émission carbone.

  • La pression environnementale monte en Australie

Alors que les grands acteurs de l’Asie-Pacifique que sont la Chine, la Corée du Sud et le Japon ont officialisé leur objectif d’atteindre une économie à zéro-émission d’ici 2050, l’Australie est en pleine crise politique. Le pays est l’un des seuls pays développés n’ayant pas déclaré un objectif de zéro-émission. La seule ambition  du pays consiste à réduire les émissions de 28% en 2030 pour retrouver les niveaux de 2005.

L’Australie s’est divisée entre ses côtes qui profitent du secteur des services et de l’attractivité touristique pour se développer et le centre du pays, beaucoup plus industriel et moins éduqué. L’approvisionnement  énergétique du pays doit notamment être discuté dans les prochains mois. Les grandes centrales à charbon doivent être renouvelées comme par exemple 4 des 5 de l’État le plus peuplé de Nouvelle Galles du Sud. La décision du gouvernement de l'État de mettre en place un plan de transition vers des énergies renouvelables est très critiquée par la droite qui prévoit une hausse des prix du gaz et de l’électricité alors que le pays a déjà les plus hauts tarifs du monde.

  • Et aussi 
    • Les fonds ESG ont souffert de piètres performances en novembre, la rotation des actifs ayant profité à des secteurs peu “ESG-Friendly”, notamment les secteurs pétrolier et financier. Cela ne les a pas empêchés d’afficher une collecte très positive. 
    • Le fonds Amplegest Pricing Power a été labellisé ISR.
    • Kering, Maisons du Monde et Capgemini sont aux trois premières places du classement 2020 de Challenges et Statista sur les “Champions du Climat”, qui mesure l’intensité des réductions des émissions de CO2.
    • Worldline reçoit une “médaille platine” de la part de l’agence EcoVadis.
    • Bonduelle a renouvelé et accru son crédit syndiqué à 400 M€, en indexant la marge sur des critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance.