VARSOVIE/VILNIUS, 21 novembre (Reuters) - La Pologne a accusé dimanche la Biélorussie de continuer à acheminer des migrants à sa frontière, avec la complicité des forces de sécurité, malgré la fermeture récente des campements de réfugiés.

L'Union européenne accuse la Biélorussie d'avoir massé des milliers de migrants en provenance du Moyen-Orient pour créer une situation de crise à la frontière de la Pologne mais aussi de la Lituanie, en représailles aux sanctions imposées après la répression des manifestations de 2020 contre la réélection du président Alexandre Loukachenko.

Minsk dément toute instrumentalisation.

Les autorités biélorusses ont évacué jeudi un campement à la frontière avec la Pologne et entamé le rapatriement de ressortissants irakiens.

Mais les gardes-frontières polonais affirment que les tentatives d'entrées illégales sur le territoire polonais se poursuivent.

"Samedi, une centaine de ressortissants étrangers très agressifs ont été acheminés à la frontière par des militaires biélorusses et ont tenté d'entrer de force en Pologne. Les services (polonais) les en ont empêchés", a déclaré dimanche la garde-frontière polonaise sur Twitter.

Elle a recensé 208 tentatives de passage samedi.

"Sur la frontière orientale de la Pologne, nous sommes confrontés à un nouveau type de guerre, une guerre dans laquelle les migrants sont des armes, la désinformation est une arme, une guerre hybride", a déclaré le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, lors d'une visite à Tallinn.

Mateusz Morawiecki s'est rendu dimanche en Estonie et en Lituanie pour évoquer la crise, et était attendu en Lettonie.

Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a pressé dimanche la Russie d'intervenir auprès d'Alexandre Loukachenko pour mettre un terme à "une vaste manipulation", "un trafic d'êtres humains".

"La Russie, étant donné la relation assez étroite que le président Poutine entretient avec Loukachenko, elle doit avoir les moyens d'agir, de faire pression, mais c'est maintenant que la pression doit s'exercer", a-t-il dit au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro. (Reportage Anna Wlodarczak-Semczuk à Varsovie et Andrius à Vilnius; version française Sophie Louet)