VARSOVIE (Reuters) - Le Premier ministre polonais s'est dit mardi préoccupé par l'attitude de l'Allemagne face au renforcement militaire russe à la frontière ukrainienne, alors que selon le Wall Street Journal, Berlin empêche l'Estonie, pays membre de l'Otan, d'apporter un soutien militaire à Kiev.

Le quotidien américain a rapporté vendredi que l'Allemagne refusait de délivrer des autorisations d'exportation d'armes d'origine allemande vers l'Ukraine, qui se prépare contre une éventuelle invasion russe.

"J'observe avec inquiétude la situation en Ukraine et les réactions de nos voisins allemands face à la menace russe", a écrit Mateusz Morawiecki dans un post sur Facebook.

"Une grande déception est, entre autres, que l'Allemagne refuse son consentement pour la fourniture d'armes de l'Estonie à un État qui se prépare à se défendre contre un agresseur."

Le ministre letton de la Défense, Artis Pabriks, cité par le quotidien allemand Bild, a déclaré que la politique de Berlin en matière d'exportation d'armes pour l'Ukraine était "une grosse erreur".

Le chancelier allemand Olaf Scholz a dit pour sa part que son pays n'avait pas soutenu l'exportation d'armes ces dernières années.

Un porte-parole du gouvernement n'a pas répondu immédiatement à une demande de commentaire.

La Pologne exhorte de longue date l'Allemagne à adopter une position plus ferme à l'égard de la Russie, notamment en ce qui concerne le gazoduc Nord Stream 2, qui doit relier la Russie à l'Allemagne en passant sous la mer Baltique.

Pour certains pays d'Europe centrale et orientale, cette infrastructure censée acheminer du gaz russe vers l'Allemagne donnera au président Vladimir Poutine une influence indue sur la région.

(Reportage Alan Charlish et Pawel Florkiewicz à Varsovie, Madelaine Chambers et Andreas Rinke à Berlin; version française Diana Mandiá, édité par Sophie Louet)