En matière d'activité économique, la semaine du 15 août est souvent comparée à celle qui suit Noël et précède la Saint-Sylvestre : il ne s'y passe pas grand-chose. Sur les marchés financiers, c'est un peu moins vrai : si les sociétés se sont – généralement – acquittées de l'obligation de publier leurs comptes intermédiaires et si beaucoup tournent au ralenti, août est souvent une période chahutée. Le millésime 2018 ne semble pas devoir faire exception. Au jeu des pronostics, la Turquie figurait en bonne place dans le palmarès des risques guettant les investisseurs, mais ne jouait pas les premiers rôles. Jusqu'à la semaine dernière. Le regain de tension entre Ankara et, à nouveau, Washington est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Déjà secouée en 2018, la livre turque s'est effondrée à son plus bas historique. Le tableau ci-dessous illustre l'évolution des principales devises sur une semaine, avec un évident "flight to quality".


Variations par rapport au dollar sur une semaine des principales devises (Source : Bloomberg)

Les autorités turques ont promis de dévoiler le plus rapidement possible, probablement dès aujourd'hui, un plan d'action pour stabiliser la devise (peu après 7h00, la banque centrale a d'ores et déjà annoncé qu'elle assurerait la liquidité des banques commerciales du pays tout en réduisant son taux de réserves obligatoires). Hier, le Président Erdogan a déclaré que son pays est engagé dans une guerre économique. Mais la Turquie a-t-elle les moyens de réagir ? Les financiers, qui en doutent, sont surtout occupés à identifier les victimes collatérales de cette crise majeure pour la Turquie. Et à ce petit jeu, ils n'ont pas tardé à estimer que l'Union européenne, à cause de ses liens économiques forts avec le pays, avait le plus à perdre. Cela explique la poursuite de la baisse de l'euro et les reports vers le dollar et le yen. C'est d'ailleurs la foire sur le marché des changes. La dernière victime en date est le rand sud-africain, qui chute sur des plus bas de deux ans face au dollar.

Les temps forts économiques du jour

Il n'y aura pas d'indicateurs macroéconomiques majeurs aujourd'hui sur les marchés occidentaux. On l'aura compris, il faut surveiller de près le marché des changes cette semaine.

Le dollar a poursuivi son ascension face à l'euro, à 1,13872 USD ce matin. L'once d'or recule de -0,4% à 1 208 USD, tandis que le Brent et le WTI abandonnent environ 0,3%, respectivement à 72,63 et 67,57 USD.

Les principaux changements de recommandations

• Jefferies stoppe le suivi d'Adocia. Dernière recommandation achat avec un objectif de 20 EUR.
• Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer sur BAE Systems, revalorisé de 550 à 750 GBp.
• MainFirst abaisse Bayer de surperformance à neutre en visant 90 EUR contre 132,85 EUR précédemment.
• AlphaValue passe d'accumuler à alléger sur Ryanair, avec un objectif ramené de 14 à 12,60 EUR.
• Jefferies abaisse de 304 à 302 CHF son objectif sur Zurich Insurance, en restant à conserver.

L’actualité des sociétés

Ça chauffe chez Air France KLM, où le SNPL a promis 15 jours de grève si les négociations sur les salaires ne reprennent pas à la rentrée. La grogne pourrait aussi s'emparer des pilotes néerlandais. L'annonce d'une reprise des actifs de Total dans le projet South Pars par CNPC serait prématurée, a corrigé un dirigeant iranien qui avait affirmé vendredi le contraire. Thales a prolongé la période d'acceptation de son offre sur Gemalto, dans l'attente des autorisations des autorités de la concurrence manquantes. Côté "small & midcaps", CNIM a cédé ses parts dans SELCHP à iCON. Awox, Baccarat et Media 6 ont publié leurs trimestriels. Gardez aussi un œil sur les sociétés exposées à la Turquie, notamment les financières (Axa, BNP Paribas) et Aéroports de Paris.

Le fonds souverain saoudien a démenti être le financier derrière l'annonce fracassante d'Elon Musk concernant un retrait de la cote de Tesla, opération pour laquelle le PDG assure avoir le financement nécessaire. Monsanto, désormais contrôlé par Bayer, a été condamné à verser 289 millions de dollars à un jardinier accusant le Roundup (herbicide à base de glyphosate) d'être la cause de son cancer. Amadeus va racheter la plateforme de réservation hôtelière TravelClick pour 1,52 milliard de dollars. PetroChina pourrait suspendre ses achats de GNL aux Etats-Unis durant l'hiver pour éviter les droits de douane, selon Bloomberg. La gestion suisse GAM Holding contrainte de geler neuf fonds. Dans la Confédération toujours, le boulanger industriel Aryzta lance une levée de fonds de 800 millions de francs pour se relancer.