ISTANBUL, 24 novembre (Reuters) - La banque centrale turque a abaissé jeudi, comme prévu, son taux directeur de 150 points de base à 9% et a annoncé la fin de son cycle d'assouplissement monétaire.

Sur le marché des changes, la livre turque est tombée à 18,66 pour un dollar et se traitait à 18,6295 vers 12h25 GMT.

Avec la baisse annoncée jeudi, la banque centrale turque a au total réduit ses taux de 500 points de base en quatre mois.

L'institut d'émission monétaire turc estime que cette politique, à contre courant de celle des principales banques dans le monde, était nécessaire au regard des signes de ralentissement économique dans le pays.

"Il est extrêmement important que les conditions financières restent favorables (…) dans une période d'incertitudes accrues sur la croissance mondiale et d'augmentation des risques géopolitiques", écrit la banque centrale.

"Au regard des risques croissants concernant la demande mondiale, le Comité a évalué que le taux directeur actuel est adéquat et a décidé de mettre fin au cycle de baisse des taux qui a commencé en août", ajoute la banque.

L'inflation en Turquie a bondi depuis l'automne 2021, alimentée par l'assouplissement monétaire de la banque centrale, une politique voulue par le président turc Tayyip Erdogan, qui se présente lui-même comme un "ennemi" des taux d'intérêt.

Le mois dernier, il a assuré que la banque centrale poursuivrait ses baisses de taux tous les mois "tant qu'(il) serait au pouvoir".

Six des sept économistes interrogés par Reuters s'attendent néanmoins à une phase de resserrement monétaire qui fera passer le taux directeur dans une fourchette comprise entre 16% et 35% l'an prochain.

Selon les analystes, le resserrement annoncé dépendra cependant de l'issue de l'élection présidentielle prévue en mai ou en juin 2023, une victoire du candidat de l'opposition étant susceptible de ramener la Turquie vers une politique économique plus orthodoxe.

La banque centrale turque prévoit un reflux de l'inflation, actuellement au-dessus de 85%, à 65,2% d'ici la fin de l'année, contre une estimation médiane de 70,25% dans la dernière enquête Reuters. (Reportage Ali Kucukgocmen;; version française Claude Chendjou, édité par Blandine Hénault)