J'allais tranquillement préparer un bilan mensuel des marchés actions en expliquant que sauf cataclysme aujourd'hui, novembre se soldera par un bilan positif, quand j'ai commencé à comparer les performances indice par indice. Et là, malgré ma nullité proverbiale en manipulation de graphiques, je me suis rendu compte de l'ampleur du décalage entre l'Europe et les Etats-Unis. Je ne suis pas totalement décérébré, j'avais bien noté que les performances avaient tendance à s'éloigner, mais je pensais l'écart plus faible. J'affine donc ce que je disais en préambule. Sauf cataclysme, les actions européennes devraient engranger un second mois de fort rebond, puisque le Stoxx Europe 600 a sécurisé une hausse mensuelle de 6,1% au matin de la dernière séance de novembre. Mais aux Etats-Unis, c'est plus tendu. L'avance du S&P500 est de 2,2%, ce qui est plutôt confortable, mais celle du Nasdaq 100 se limite à 0,9%. Le Nasdaq Composite, qui comprend davantage de valeurs volatiles, est même à 0 sur le mois pour l'instant.

On peut raisonnablement imaginer que la couleur des indices en soirée aux Etats-Unis dépendra des mots utilisés par le patron de la Fed, Jerome Powell, qui doit prononcer une allocution à 19h30. Post-clôture européenne donc, mais en plein pendant la séance américaine. Les marchés financiers ont bâti une partie de leur rebond sur la conviction que la banque centrale américaine va faire repartir les taux vers le bas avant la fin de l'année prochaine, une fois qu'elle aura triomphé de l'inflation. Je ne refais pas toute l'histoire ici, mais je rappelle que baisse de taux = davantage d'argent en circulation = davantage d'investissement = hausse des actifs à risque, comme les actions. Les investisseurs n'écoutent pas beaucoup la banque centrale américaine, qui multiplie ces derniers temps les sorties pour expliquer que ce scénario est un peu idyllique. Certains économistes s'attendent à ce que Powell fasse les gros yeux ce soir, pour recadrer les anticipations. C'est la raison pour laquelle les indices chargés en valeurs technologiques de Wall Street, le Nasdaq et dans une moindre mesure le S&P500, viennent d'enchaîner trois séances de baisse consécutives.

Cette phase un peu plus hésitante n'a pas redoré le blason du marché obligataire auprès des investisseurs. Bloomberg a même publié une statistique montrant que la corrélation entre actions et obligations n'a jamais été aussi forte depuis 2012. En d'autres termes, il est compliqué d'aller chercher une diversification ou une protection sur le marché obligataire. C'est la raison pour laquelle le traditionnel portefeuille 60/40 ne fait plus rêver personne. Sur le marché obligataire, la courbe des taux atteint une inversion extrême, signe que les financiers restent convaincus que le cycle de resserrement monétaire va prendre fin à un horizon relativement proche. En attendant, l'outil FedWatch du CME donne 67,5% de probabilité à un tour de vis de 50 points de base le 14 décembre, contre 32,5% pour une hausse de 75 points de base. Il y a une semaine, la proportion était de 76%/24%. Quelque part, le marché a donc pris acte à sa façon des sorties récentes plutôt "faucon" des membres de la Fed, sans pour autant inverser son pronostic.

On l'aura compris, la politique monétaire américaine reprend aujourd'hui clairement le pas sur les autres événements de la semaine. La bourse américaine n'a finalement que très mollement réagi aux fluctuations du marché chinois, alors que les investisseurs avaient tendance à y voir une source de rebond jusqu'à une date récente. Les places boursières de Hong Kong, de Shanghai et de Shenzhen ont continué à s'enflammer cette semaine pour le secteur immobilier, après la multiplication des signaux montrant que Pékin a décidé d'inverser la vapeur et de revenir au soutien des promoteurs (à lire ici). En parallèle, les manifestations contre la politique zéro-covid et des frémissements sur une campagne de vaccination des personnes âgées ont laissé penser que la réouverture du pays pourrait être plus rapide que prévu. C'est un pronostic qui reste audacieux dans le contexte politique chinois. Ce qui est sûr, c'est que l'économie locale est en berne, comme le montrent encore ce matin les indicateurs d'activité PMI de novembre. Ils sont en zone de contraction à la fois dans l'industrie et dans les services, à des niveaux dégradés par rapport à octobre.

Il y aura de quoi faire aujourd'hui en attendant le président de la Fed. Par exemple la première estimation de l'inflation en Europe en novembre (c'est à 11h00), puis les indicateurs habituels sur l'emploi aux Etats-Unis (JOLTS, ADP) qui précèdent l'annonce, le 1er vendredi du mois, des chiffres mensuels du marché du travail outre-Atlantique. Pour finir, le président français Emmanuel Macron est en visite officielle de trois jours aux Etats-Unis depuis hier soir. Espérons qu'il saura se tenir s'il est invité à regarder un match de l'équipe de France de football pendant la journée.

En Asie Pacifique, le marché chinois se calme ce matin. Après avoir démarré en baisse pour digérer les gains copieux de la veille, il s'est stabilisé. Désormais, il progresse légèrement à Hong Kong et baisse modestement à Shanghai (les deux marchés ferment respectivement à 10h00 et 9h00 heure française). Comme hier, Tokyo clôture en léger repli, tandis que l'ASX 200 australien s'adjuge 0,4%. De leur côté, les indicateurs avancés européens sont assez bien ancrés dans le vert. Le CAC40 a ouvert sur les 6700 points, en hausse d'environ 0,5%. 

Les temps forts économiques du jour

L'inflation préliminaire de la zone euro en novembre (11h00) sera complétée aux Etats-Unis par le rapport ADP sur l'emploi (14h15), une nouvelle estimation du PIB du T3 et les stocks des grossistes (14h30), l'indice PMI de Chicago (15h45), l'enquête JOLTS sur les ouvertures de postes et les ventes de logements anciens (16h00), puis le discours de Jerome Powell (19h30). Tout l'agenda macro ici. Cette nuit, la Chine a annoncé une nouvelle dégradation de ses indices PMI en novembre à 46,7 points dans les services et 48 points pour la part manufacturière. Quant à la production industrielle japonaise, elle a déçu avec une contraction de 2,6% en octobre.

L'euro évolue autour de 1,0355 USD (+0,3%). L'once d'or stagne toujours autour de 1750 USD. Le pétrole se stabilise, avec un Brent de Mer du Nord à 85,10 USD le baril et un brut léger américain WTI à 79 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans fluctue autour de 3,73%. Le bitcoin s'échange autour de 16 500 USD. 

Les principaux changements de recommandations

  • ABB : Exane BNP Paribas passe de neutre à sousperformance en visant 27 CHF.
  • Adyen : News Street Research entame le suivi à l'achat en visant 1850 EUR.
  • Asos : Crédit Suisse passe de surperformance à neutre en visant 660 GBp.
  • Assa Abloy : Exane BNP Paribas passe de sousperformance à neutre en visant 255 SEK.
  • Electrolux : Exane BNP Paribas passe de neutre à surperformance en visant 170 SEK.
  • Greek Organisation of Football Prognostics (OPAP) : J.P. Morgan reprend le suivi à neutre en visant 15 EUR.
  • Herige : Portzamparc reste à l'achat avec un objectif relevé de 51 à 54 EUR.
  • Koné : Exane BNP Paribas passe de surperformance à neutre en visant 45 EUR.
  • Legrand : Exane BNP Paribas passe de surperformance à neutre en visant 85 EUR.
  • Melrose Industries : Exane BNP Paribas passe de neutre à surperformance en visant 175 GBp.
  • Nexans : Exane BNP Paribas passe de surperformance à neutre en visant 90 EUR.
  • Nexi : News Street Research démarre le suivi à neutre en visant 11,50 EUR.
  • Proximus : HSBC passe de conserver à alléger en visant 9,50 EUR.
  • Rexel : Exane BNP Paribas passe de surperformance à sousperformance en visant 17 EUR.
  • Rolls-Royce : Barclays démarre le suivi à surpondérer.
  • Securitas : Jefferies passe de conserver à sousperformance en visant 70 SEK.
  • Siemens AG : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 162 à 170 EUR.
  • SII : Portzamparc reste à l'achat avec un objectif relevé de 54,90 à 57,90 EUR.
  • Smiths Group : Exane BNP Paribas passe de surperformance à neutre en visant 1650 GBp.
  • Traton : Exane BNP Paribas passe de sousperformance à neutre en visant 15 EUR.
  • Vimian : Jefferies démarre le suivi à l'achat en visant 42 SEK.
  • Worldline : New Street Research démarre le suivi à l'achat en visant 63 EUR.
  • Yara : Deutsche Bank passe d'acheter à conserver.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Sanofi en concurrence avec Janssen (Johnson & Johnson) et Amgen pour s'offrir Horizon Therapeutics (qui pèse 18 Mds$ avant une offre). Sanofi publie par ailleurs des résultats encourageants sur Acoziborole contre la maladie du sommeil.
  • Renault et Nissan fixent un calendrier pour un accord potentiel en décembre.
  • Renault et Airbus s'allient pour la batterie électrique du futur, selon Le Parisien.
  • Les modèles électriques de Stellantis pourraient représenter 50% de ses ventes aux Etats-Unis d'ici la fin de décennie.
  • Banco BPM retient le Crédit Agricole pour des négociations de partenariat en assurance non-vie, aux dépens d'AXA.
  • Michelin veut supprimer 451 postes en France.
  • L'Oréal acquiert une participation minoritaire dans la biotech française Microphyt.
  • Casino descend à 30,5% du capital d'Asai après avoir placé 10,44% du capital à 19 BRL l'action, soit un produit de 491 M€.
  • Arkema et Nippon Shokubai concluent avec Electricité de France un contrat d'achat d'électricité à long terme.
  • Solutions 30 a signé un crédit syndiqué de 100 M€ avec 7 banques.
  • Bel s'attaque au marché indien en partenariat avec Britannia.
  • Herige finalise l'acquisition de Poralu.
  • André Leblanc prend la présidence d'Agripower.
  • Autres publications : SII, Trigano, Lexibook, Bains de Mer de Monaco

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures