Dans le cadre d'une série d'études sur les biais comportementaux, Natixis Wealth Management publie aujourd'hui sa réflexion sur l'illusion des séries. Ce concept, appelé également l'illusion du joueur, revient à nier le principe statistique d'indépendance des tours en croyant qu'une série va soit se prolonger, soit s'inverser. Cela revient à percevoir, à tort, des signes du destin ou des coïncidences dans des données tirées au hasard, rappelle la société de gestion.

Un exemple classique est l'intuition éprouvée après plusieurs lancements consécutifs d'une pièce de monnaie. Dans le cas d'une pièce non truquée, on est bien tous d'accord qu'à chaque lancer elle retombe soit sur " pile " soit sur " face " avec la même probabilité : 1 sur 2.

Toutefois indique Natixis Wealth Management, la plupart des gens estime anormal qu'une pièce puisse retomber quatre fois de suite sur " face ". "Et si on vous demande de quelle côté la pièce retombera lors du cinquième lancer, vous aurez un avis, non ? Soit vous penserez que la série va se poursuivre, et donc que ce sera encore " face ", soit qu'après une telle série de " face ", ce sera le " pile " qui finira par sortir", souligne le gérant.

Ce dernier rappelle qu'un tel raisonnement revient à nier le caractère aléatoire de la série et donc à considérer que les évènements ne sont pas indépendants les uns des autres.

"Pourtant, c'est bien le cas, n'est-ce pas ? Dans cette situation, votre avis, ou votre intuition, n'a pas de réelle raison d'être : c'est du 50/50 !", souligne Natixis Wealth Management.

Ce biais a fait l'objet d'une étude, qui cherche plus particulièrement à faire la lumière sur la croyance en la " main miracle " au basket-ball (Gilovich, Vallone, et Tversky), révèle le gérant.

Ces auteurs ont démontré que l'idée selon laquelle les joueurs manquent ou réussissent des séries de tir est fausse. On a tendance à croire que les joueurs alternent les " moments de chance ", lorsqu'ils ont " la main chaude ", et les " moments de déveine ".

Afin de corroborer ou d'infirmer cette croyance, des analyses ont été effectuées sur les joueurs de l'équipe des Philadelphie 76ers au cours de la saison 1980-81 et sur les lancers francs réalisés par les Boston Celtics sur une période de deux saisons.

"Vous pouvez aisément imaginer que ce biais a pu faire la fortune des casinos et autres sociétés de jeux ! Nous avons tous entendu parler de joueurs qui restent sur la même machine à sous pendant des heures, convaincus que chaque coup perdant les rapproche du jackpot. Ils ne réalisent pas que les machines à sous sont programmées de telle sorte que les chances de toucher le jackpot soient toujours les mêmes (à l'instar du pile ou face)", poursuit Natixis Wealth Management.

L'illusion des séries est l'intuition que des événements aléatoires se déroulant à la suite les uns des autres ne sont pas vraiment aléatoires, rappelle Natixis Wealth Management. Cette illusion résulte d'une pensée sélective fondée sur une supposition fausse.

Elle est fréquente, dans la mesure où l'esprit humain a tendance à sous-estimer la variabilité des évènements dans une série aléatoire, rappelle le géant.

Une illustration bien connue de ce phénomène est la fameuse " loi des séries ", censée expliquer par exemple des catastrophes aériennes ou ferroviaires intervenues à quelques jours d'intervalle, comme si elles étaient provoquées par une " force mystérieuse ".

En réalité décrypte Natixis Wealth Management, elle n'est que le fruit de notre imagination cherchant à expliquer des coïncidences temporelles et une vision simpliste de la loi des probabilités pour des évènements indépendants.

Pour couronner le tout conclut le gérant, "soyez conscient que ce biais n'opère pas indépendamment des autres ! Il est renforcé par l'illusion du contrôle et l'illusion de la connaissance. Et, en mélangeant l'illusion des séries avec le biais de confirmation, on obtient une recette parfaite pour l'aveuglement et l'illusion…"