PARIS (Reuters) - La Réserve fédérale américaine ne devrait rien annoncer de fracassant mercredi mais les déclarations de son président seront très surveillés par des marchés que la remontée des anticipations d'inflation aux Etats-Unis préoccupe, soulignent des analystes.

La première réunion monétaire de la banque centrale américaine depuis le début de l'année et depuis l'investiture de Joe Biden vaudra surtout pour ce que dira Jerome Powell lors de sa conférence de presse, selon Franck Dixmier, directeur des investissement obligataires chez Allianz Global Investors.

"Car, malgré le contexte, le débat sur un possible 'tapering' (ralentissement des achats d'actifs) a déjà commencé dans les marchés, convaincus que le prochain mouvement de la Fed sera d'en faire plutôt moins que plus" écrit-il dans une note publiée lundi.

"Un changement de régime de la politique monétaire est une étape clé pour les investisseurs et les expériences de 'tapering' de 2013 et 2018 sont encore dans toutes les mémoires", ajoute-t-il. "Ceux-ci seront donc à l'affût du moindre signe qui pourrait laisser à penser que les discussions ont démarré au sein même de la banque centrale."

Une communication spécifique et détaillée de la Fed sur ce sujet paraît cependant prématurée car si le taux d'inflation est susceptible de remonter dans le courant de l'année, les perspectives du marché du travail restent très déprimées, ajoute-t-il, un point de vue que partage Christian Scherrmann, économiste Etats-Unis chez DWS.

La Fed appelle en outre de ses voeux un retour de l'inflation, qu'elle autoriserait à dépasser temporairement son objectif de 2%, fait valoir ce dernier.

"La Fed pourrait se réjouir de certains signes avant-coureurs d'une inflation plus élevée, tirés de diverses enquêtes", écrit-il.

"Ils suggèrent une économie qui pourrait éventuellement être en mesure de se relancer, ce qui correspond bien au seuil de tolérance à l'inflation que la Fed a intégré dans son nouveau cadre. Toutefois, en dernière analyse, c'est peut-être l'ampleur de la reprise du marché du travail qui guide la réaction de la Fed - ou un sursaut malvenu de la hausse des prix, comme l'a dit Powell."

La prudence devrait donc animer le président de la Fed lorsqu'il prendra la parole, prolonge Franck Dixmier.

"La Fed souhaite également se donner le temps de réévaluer ses prévisions sur les conséquences de la crise économique, la campagne de vaccination, ainsi que l'impact du paquet budgétaire voté par le Congrès fin décembre et du plan de sauvetage annoncé par Joe Biden à quelques jours de son investiture", écrit-il.

"Face au message de continuité de la politique monétaire de la Fed, les marchés devraient rester stables", ajoute-t-il. "Les tensions sur les taux à long terme nées à la faveur des élections sénatoriales en Géorgie, qui signalaient la probabilité d'une politique budgétaire plus agressive qu'anticipé, sont quelques peu retombées, et les taux d'intérêts à court restent fortement ancrés."

Le rendement des Treasuries à dix ans a atteint le 12 janvier son plus haut niveau depuis mars dernier à 1,187% mais il est depuis revenu sous 1,1%.

(Patrick Vignal, édité par Marc Angrand)