L'indice large européen Stoxx 600 a cédé jusqu'à plus de 4% en séance, portant à plus de 10% ses pertes par rapport à ses récents plus hauts, en l'occurrence son record du 19 février, ce qui caractérise une correction.

Même phénomène à Wall Street, où les trois indices de référence ont creusé leurs pertes peu après l'ouverture pour les porter à plus de 10% par rapport aux plus hauts touchés lors de la séance du 19 février.

Le CAC 40 parisien a perdu 3,32% à 5.495,60 points. Le Footsie britannique 3,5% et le Dax allemand 3,19%.

L'indice EuroStoxx 50 a cédé 3,4%, le FTSEurofirst 300 3,49% et le Stoxx 600 3,75%, ce dernier indice clôturant à un creux de plus de quatre mois.

A l'heure de la clôture en Europe, les trois indices phares de la Bourse de New York cèdent autour de 2% après avoir un peu réduit leurs pertes.

L'épidémie de coronavirus apparue en Chine ne cesse de s'étendre en Asie, en Europe, au Moyen-Orient et aux Etats-Unis, ce qui fait craindre un impact négatif fort sur l'économie mondiale et remet en question le scénario d'un environnement demeurant favorable aux actifs risqués.

"L'épidémie de coronavirus a remplacé les guerres commerciales, provoquant la panique sur les marchés financiers mondiaux qui craignent désormais un choc sur l'économie mondiale", résume Ritu Vohora, directeur de l'équipe actions chez M&G.

"Les niveaux records et les valorisations élevées des marchés boursiers rendent les marchés plus vulnérables aux chocs économiques et aux déceptions en matière de bénéfices", ajoute-t-il.

Pour illustrer la nervosité des marchés, l'indice mesurant la volatilité implicite de l'EuroStoxx 50 a bondi de jusqu'à plus de 50% en séance.

Son équivalent américain, rattaché au S&P-500 et connu sous le nom d'"indice de la peur", prend près de 20% pour renouer avec ses plus hauts de décembre 2018.

"Les investisseurs ont fait un virage complet pour passer en moins d'une semaine de l'optimisme inébranlable du début de l'année à un pessimisme déclaré", constate l'analyste Michael Hewson (CMC Markets).

VALEURS EN EUROPE

Tous les indices sectoriels européens ont terminé profondément dans le rouge, avec des replis particulièrement marqués pour les voyages et le tourisme (-5,68%), les banques (-5,02%) et les ressources de base (-5,67%).

Les plus fortes baisses du CAC 40 sont pour STMicroelectronics, Renault et Société générale, qui ont perdu chacun plus de 6%.

Contre la tendance, Engie a pris 2,33%, la seule hausse du CAC 40, après des résultats bien accueillis.

TAUX

L'aversion pour le risque entraîne le repli vers les valeurs refuges, obligations d'Etat en tête.

Le rendement des Treasuries à dix ans perd cinq points de base à un plus bas record de 1,26%.

Le Bund allemand de même échéance, référence de la zone euro, à abandonné sept points de base à -0,56%.

"Les nouvelles semblent créer cette hystérie collective partout, une panique de fin du monde, alors les gens se mettent à l'abri des risques et mettent leurs investissements dans des actifs refuges, et le plus important d'entre eux, ce sont les bons du Trésor à 10 ans", a déclaré Stuart Oakley chez Nomura.

CHANGES

La baisse des rendements obligataires affaiblit le dollar qui recule de 0,6% face à un panier de devises internationales dont le yen (-0,5%) et le franc suisse (-0,75%), deux monnaies recherchées en période de nervosité.

Le billet vert souffre aussi des anticipations d'une possible baisse des taux de la Réserve fédérale pour contrer les répercussions du coronavirus sur l'économie américaine.

Selon le baromètre FedWatch de CME Group, la probabilité d'une baisse du taux des "fed funds" le 18 mars désormais évaluée par le marché à 63% contre 33% mercredi.

L'euro gagne près de 1% à 1,094 dollar.

PÉTROLE

Les deux contrats de référence sur le brut s'écroulent sur des craintes d'un effondrement de la demande, en particulier de la Chine, premier importateur mondial. Ils se traitent à 51,32 dollars (-3,95%) pour le baril de Brent de mer du Nord et 46,38 dollars (-4,82%) pour le brut léger américain (WTI).

(édité par)

par Patrick Vignal