PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes plongent mercredi dans la crainte des dégâts qu'infligeront à l'économie les mesures de restriction qui se profilent dans plusieurs pays pour contrer la deuxième vague de la pandémie de coronavirus.

Les actions reculent fortement pour la troisième séance consécutive et creusent leurs pertes, pénalisées en outre par l'absence de plan de soutien budgétaire aux Etats-Unis et des sondages qui indiquent que l'avance de Joe Biden sur Donald Trump dans la course à la présidentielle du 3 novembre se réduit dans certains Etats jugés décisifs.

À Paris, l'indice CAC 40 perd 2,84% à 4.596,51 points vers 08h50 GMT, au plus bas depuis mai. À Francfort, le Dax cède 2,88% et à Londres, le FTSE recule de 2,45%.

L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro abandonne 2,58%, le FTSEurofirst 300 2,57% et le Stoxx 600 2,05%.

Les principales inquiétudes des investisseurs concernent la dégradation continue de la situation sanitaire, notamment en France, où Emmanuel Macron devrait annoncer dans la soirée de nouvelles mesures, l'hypothèse privilégiée selon plusieurs médias étant celle d'un confinement national, un peu plus souple toutefois que celui du printemps.

La politique pèse également sur les marchés à l'approche de l'élection présidentielle américaine, certains évoquant un scénario similaire au scrutin de 2016, qui avait vu Donald Trump coiffer Hillary Clinton sur le fil.

"Un pourcentage d'électeurs indécis plus faible aujourd'hui qu'il y a quatre ans dans un certain nombre d'Etats clés ne fait pas retenir l'hypothèse", estime cependant Hervé Goulletquer, stratégiste de La Banque Postale Asset Management.

LES VALEURS EN EUROPE

Dans ce contexte, les résultats trimestriels des entreprises qui continuent de pleuvoir passent au second plan.

Tout le CAC 40 est dans le rouge, à l'exception de Teleperformance, qui gagne près de 3% après avoir annoncé le rachat de la plate-forme de santé en ligne Health Advocate.

Carrefour et PSA perdent respectivement 1,65% et 4,26% après la publication de leurs résultats trimestriels.

La plus forte baisse du SBF 120 <.SBF 120> est pour Sopra Steria, qui plonge de 11,29% après une publication très mal accueillie.

Sur le plan sectoriel, les secteurs cycliques souffrent particulièrement, notamment les banques (-3,67%) et l'automobile (-3,66%).

A WALL STREET

A la Bourse de New York, le Dow Jones et le S&P-500 ont fini mardi en baisse, pénalisés par la publication de résultats jugés décevants et par l'impasse politique à Washington où le dossier du plan de soutien à l'économie n'avance pas.

L'indice Dow Jones a cédé 222,19 points, soit 0,8%, à 27.463,19 points et le S&P-500, plus large, a perdu 10,29 points, soit 0,30%, à 3.390,68.

Le Nasdaq Composite a avancé en revanche de 72,41 points (+0,64%) à 11.431,35 points.

Microsoft a publié après la clôture des résultats trimestriels meilleurs qu'attendu, ses logiciels ayant bénéficié de l'essor du télétravail. L'action a cependant perdu jusqu'à près de 2% dans les échanges hors séance, les prévisions pour certaines divisions ayant déçu les analystes.

Les contrats à terme signalent pour l'instant une ouverture en nette baisse pour les trois grands indices.

EN ASIE

L'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a reculé de 0,3% et l'indice SSE Composite de la Bourse de Shanghai a progressé de 0,5%.

L'indice MSCI regroupant les valeurs d'Asie et du Pacifique (hors Japon) cède 0,15%.

TAUX/CHANGES

La forte aversion pour le risque se reflète dans la hausse du prix des obligations souveraines. Le rendement des Treasuries à 10 ans cède deux points de base à 0,757% pour s'éloigner davantage du pic de quatre mois et demi touché vendredi à 0,872%. Dans les premiers échanges en Europe, son équivalent allemand, taux de référence pour la zone euro, abandonne plus deux points de base, à -0,628%.

Sur le marché des devises, le yen se renforce face au dollar pour se rapprocher d'un plus haut de six mois atteint le mois dernier.

L'euro recule pour sa part de 0,3% à 1,1757 dollar, pénalisé par des anticipations du retour de la France en confinement.

Le dollar joue pour sa part pleinement son rôle de valeur refuge avec une progression de 0,4% face à un panier de référence.

PÉTROLE

Les craintes pour l'évolution de la demande mondiale pèsent lourdement sur les contrats à terme de référence sur le brut. Le Brent perd 3,4% à 39,81 dollars le baril et le brut léger américain cède 4% à 37,95 dollars.

(édité par Bertrand Boucey)

par Patrick Vignal