Ce mouvement est, aussi, accentué par les autorités, qui cherchent à gommer l'image selon laquelle les entreprises privées profitent de la garantie implicite des autorités, dans un souci de normalisation pour attirer des investisseurs étrangers. Cela a provoqué des tensions au sein de certaines entreprises soutenues par l'Etat et l'émergence de signaux orange pour le marché de la dette offshore.

In fine, ces évolutions ont toutes les chances d'assainir le marché chinois, en améliorant la perception du risque et en permettant de séparer le bon grain de l'ivraie des emprunteurs. Les banquiers notent ainsi que les émetteurs à la réputation solide comme le constructeur automobile Geely, coté à Hong Kong, et China Resources Land, soutenu par l'État, n'ont eu aucun problème à attirer les investisseurs ces dernières semaines. Mais la phase transitoire peut s'avérer douloureuse et faire naître une méfiance vis-à-vis de l'économie chinoise.

La situation en Chine Continentale

Sur les 11 premiers mois de l'année, 4,9% des entreprises privées ont été en défaut de paiement de leur dette en yuan, contre 4,2% sur l'ensemble de l'année 2018, selon Fitch, ce qui constitue un record. L'agence de notation estime la taille du marché de la dette des entreprises onshore à 19 000 MdsCNY (2 700 Mds$).

Ensemble, les entreprises publiques et privées ont fait défaut sur plus de 100 MdsCNY (14,2 Mds$) d'obligations entre le 1er janvier et le 31 octobre, contre 111 MdsCNY sur la totalité de 2018. Selon les calculs de Reuters, 6 entreprises d'Etat et 42 entreprises privées ont manqué à leurs obligations de paiement cette année. La décision des autorités de prendre le contrôle de la banque Baoshang basée en Mongolie intérieure en mai, qui était en difficultés, a entraîné de nouvelles tensions sur le marché.

Des niveaux records pour la dette corporate (Refinitiv)

Parmi les émetteurs en défaut, figure Hohhot Economic and Technological Development Zone Investment Development Group, une entreprise d'Etat de Mongolie intérieure, qui a fait défaut sur une partie d'une obligation de 1 MdsCNY en décembre. D'autres émetteurs ont vu les rendements grimper en flèche, en particuliers des entreprises dans le Guizhou, la deuxième province chinoise la plus endettée.

Les défaillances d'entreprises atteignent de nouveaux sommets (Refinitiv)

La situation sur le marché offshore

Si les défaillances des entreprises d'Etat en Chine sont rares, les défauts sur leurs emprunts auprès d'investisseurs internationaux sont encore plus rares. Mais le marché de la dette offshore de la Chine, avec près de 76 Mds$ d'obligations en circulation selon les données Refinitiv, montre des zones de tension. Selon S&P, les risques sont en hausse, car plus de 200 Mds$ de dettes internationales d'entreprises chinoises doivent arriver à échéance au cours des deux prochaines années, contre 89 Mds$ de dollars en 2019.

Parmi les entreprises en difficultés, on retrouve Tewoo Group, un négociant en matières premières basé à Tianjin, qui, selon Moody's Investors Service, est devenu le premier grand groupe depuis 20 ans à manquer un paiement sur une obligation offshore et à la restructurer. Les investisseurs ont pris leurs jambes à leurs cous en prenant leurs pertes, au lieu d'accepter l'offre d'échange en nouvelles obligations proposées par Tewoo. Le holding Peking University Founder Group, lié à l'une des plus grandes universités chinoises, est à la recherche de fonds après avoir échoué à rembourser une obligation onshore à temps le 2 décembre.

Les obligations liées aux universités chinoises chutent (Refinitiv)