(Actualisé, CICR, MSF)

DUBAI, 21 novembre (Reuters) - La famine au Yémen a peut-être tué jusqu'à 85.000 enfants de moins de cinq ans depuis l'intervention de la coalition militaire conduite par l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis en mars 2015, selon un rapport de l'ONG Save the Children publié mercredi.

L'enquête, qui s'appuie sur des données des Nations unies, parvient à la conclusion que 84.7000 enfants souffrant de malnutrition aiguë ont peut-être perdu la vie entre avril 2015 et octobre 2018.

"Nous sommes horrifiés que quelque 85.000 enfants au Yémen aient pu mourir des conséquences de la faim extrême depuis que la guerre a commencé", écrit Save the Children dans un communiqué.

"Pour un enfant tué par des bombes ou des balles, des dizaines d'autres meurent de faim et de maladie, et ce serait pourtant tout à fait évitable."

Le conflit au Yémen s'est aggravé avec l'intervention de la coalition conduite par l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis contre les miliciens chiites Houthis.

Le dernier bilan de la guerre émanant des Nations unies date de 2016 et faisait état de plus de 10.000 morts.

L'organisation Armed Conflict Location & Event Data Project (ACLED), fait état de 57.000 morts depuis le début 2016 au Yémen.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) n'a pas de chiffres mais souligne que la population civile paie un lourd tribut à la malnutrition et aux combats.

"Ce que nous voyons dans les différents centres (de santé) où nous travaillons, c'est une situation humanitaire catastrophique, pas seulement en raison de la malnutrition", a dit à Reuters Carlos Batallas, responsable du CICR à Aden.

"Nous constatons aujourd'hui qu'il n'y a pas de vaccinations, que des femmes enceintes ne sont pas suivies et ne peuvent pas accoucher à l'hôpital ou dans un centre de santé", a-t-il ajouté.

Les combats se poursuivent pour le contrôle de la ville portuaire d'Hodeïda, sur la mer Rouge.

L'organisation Médecins sans frontières (MSF) rapporte que les affrontements se sont rapprochés d'un hôpital où travaille une de ses équipes.

"Notre personnel entend tous les jours des explosions extrêmement proches et des tirs autour de l'hôpital Al Salakhana. Les combats entre les forces militaires se rapprochent de cet hôpital, ce qui est très inquiétant pour la sécurité de nos patients et de notre personnel", a déclaré Caroline Seguin, responsable des opérations de MSF au Yémen.

L'émissaire de l'Onu Martin Griffiths est arrivé mercredi à Sanaa, la capitale yéménite contrôlée par les rebelles houthis. Il doit s'entretenir avec des responsables des discussions de paix prévues le mois prochain en Suède. (Aziz El Yaakoubi, Mohammed Ghobari et Ghaida Ghantous, avec Stephanie Nebehay à Genève; Henri-Pierre André et Guy Kerivel pour le service français)