NEW YORK (awp/afp) - En lançant cette semaine une plateforme de courtage discount, JPMorgan Chase a rejoint la rude bataille que se livrent banques, courtiers et startups pour appâter les petits investisseurs américains, en particulier la génération des Millenials.

Il suffira de quelques minutes sur son ordinateur ou sur son téléphone portable pour s'inscrire sur "You Invest" et commencer à miser son argent sur une action Apple ou sur un produit répliquant les indices vedettes de Wall Street.

La première année, les 100 premiers ordres seront gratuits. Ils le resteront pour les clients disposant sur leur compte de plus de 15.000 dollars.

JPMorgan Chase n'est pas la première banque à se lancer sur ce créneau. Mais elle est la plus grande et compte déjà 47 millions de clients disposant d'un compte en ligne.

L'établissement dirigé par Jamie Dimon est celui qui dépense le plus en matière de technologie (11 milliards de dollars par an) et de marketing (3 milliards de dollars par an), ce qui "lui permet d'être plus offensif quand il entre sur de nouveaux marchés ou produits", remarque dans une note l'analyste Mike Mayo de Wells Fargo. Dans le combat contre les David du secteur, c'est "Goliath qui l'emporte".

JPMorgan Chase ne fait pas mystère de ses ambitions: la banque veut attirer les "Millenials", ces jeunes de la génération des 18-35 ans sans doute plus enclins à miser en Bourse via une application de smartphone déjà reliée à leur banque en ligne qu'à prendre rendez-vous avec un conseiller financier.

L'objectif est aussi de séduire les investisseurs utilisant actuellement les services d'autres établissements financiers.

Car les particuliers souhaitant faire fructifier eux-mêmes leur argent ont désormais toute une palette à leur disposition.

Au-delà des services en ligne proposés depuis plusieurs années par de grands établissements comme Bank of America ou Wells Fargo, et des plateformes de courtage comme Charles Schwab ou TDAmeritrade, plusieurs startups ont tenté leur chance.

Qu'il s'agisse d'une société comme Robinhood qui revendique 5 millions de clients pour son service de courtage sans commission. Des robots-conseillers comme Wealthfront et Betterment qui offrent des systèmes automatisés de gestion de portefeuille. Ou d'applications comme Stash qui permettent de boursicoter à partir de 5 dollars.

Données personnalisées

Les frais de courtage s'amenuisent au fur et à mesure que la concurrence augmente.

"C'est un secret de polichinelle dans le secteur que le chiffre d'affaires tiré des commissions de courtage diminue inexorablement, et cela va sans doute continuer", reconnaissait le patron de TD Ameritrade Timothy Hockey lors de la publication des résultats du groupe en juillet.

Le puissant gestionnaire d'actifs Fidelity Investment a proposé début août à ses clients de miser sans frais sur des fonds indiciels. La plateforme de courtage Vanguard a lancé mardi, le même jour que JPMorgan Chase, ce qu'elle présente comme la plus importante offre de produits financiers adossés à des indices (ETF) sans commission.

Avec ces promotions, les entreprises espèrent attirer des clients auxquels elles vendront plus tard d'autres services.

"Jamie Dimon a mentionné il y a quelques années qu'il admirait le concept d'Amazon Prime", rappelle Chris Anselmo, analyste spécialisé dans le secteur financier pour Nasdaq.

Contre un abonnement relativement modeste, les abonnés à l'offre du géant du commerce en ligne ont accès à une série de services pas toujours rentables pour l'entreprise mais les incitant à rester fidèles à la plateforme pour leurs achats.

Par ailleurs "collecter toutes les données financières d'un client, depuis ses cartes de crédit et de débit jusqu'à ses emprunts immobiliers en passant maintenant par ses investissements donnent à une institution financière la possibilité de collecter tout un tas de données lui permettant de proposer d'autres services personnalisés", note Nicholas Colas, du cabinet de recherche Datatrek.

Et la guerre des prix n'a pas entamé la croissance des plateformes de courtage, remarque M. Anselmo, car le marché est important.

Le nombre de ménages possédant des actions, directement ou via des fonds, était selon la dernière enquête de la Réserve fédérale sur le sujet de 51,9% en 2016. A peine plus de la moitié des Américains.

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