"Quel regard portez-vous sur la collecte sur le marché des ETF depuis le début de l’année ?
A ce stade, l’année 2015 enregistre une des plus importantes collectes sur le marché des ETF. 60 milliards de dollars se sont orientés vers ces produits en Europe, et 140 milliards de dollars aux Etats-Unis. En termes de niveaux de collecte le marché des ETF se rapproche maintenant de celui des hedge funds, ce qui révèle une certaine maturité.

Quelles ont été les conséquences des perturbations de cet été sur ce segment de marché ?

Les encours sous gestion en Europe ont été impactés cet été par la performance des marchés financiers. Il y a eu très peu de rédemptions.
Il est intéressant de relever que la collecte n’a pas essentiellement eu lieu sur les nouveaux produits lancés ?
65 nouveaux ETF ont été lancés en Europe en 2015, ce qui représente environ un quart des lancements au niveau mondial (286 au total). Pourtant c’est principalement vers les produits historiques que les flux entrants se sont orientés.

Vers quelles thématiques les flux se sont dirigés ?

Dans la première partie de l’année, un engouement notable a pu être relevé sur les obligations d’entreprises risquées américaines (dites obligations high yield). Les tensions de cet été ont entrainé cependant des retraits sur ce type de produits.
La classe d’actifs la plus gagnante depuis le début de l’année est celle des actions européennes. L’Eurostoxx 50 et le MSCI Europe ont eu particulièrement le vent en poupe au premier trimestre. L’appétit s’est quelque peu amoindri par la suite pour laisser place à une plus forte demande pour les ETF de faible volatilité et les ETF dividendes.
Ainsi, dans nos ETF spécialisés sur les dividendes des actions européennes, nos encours ont progressé de 40% cette année.

Comment l’expliquez-vous ?

Les investisseurs continuent à rechercher frénétiquement du rendement dans ce contexte de taux historiquement bas qui a vocation à perdurer du fait d’une politique monétaire accommodante conduite par la Banque centrale européenne.

A quels secteurs spécifiques profitent l’intérêt pour ces ETF ?
Au secteur des services aux collectivités et à celui des biens de consommation.

Quels ont été les grands chantiers sur lesquels vous avez travaillé relativement à ce segment de marché depuis le début de l’année ?
Nous nous sommes efforcés de nous préparer à la réglementation MIFID 2. Nous avons réfléchis à la manière de faire intégrer nos ETF avec de la valeur ajoutée dans les solutions d’assurance vie et autres solutions packagées qui proposent, en fonction d’indicateurs de marchés spécifiques, des allocations types correspondant à des profils de risque types des clients.
Nous avons par ailleurs cherché à étendre notre gamme d’ETF pour permettre aux investisseurs de construire leur allocation avec une granularité plus fine. Nous avons ainsi procédé à la commercialisation de 15 nouveaux ETF en France dont 9 ETF spécialisés sur des secteurs américains issus du S&P 500.
Pour l’avenir, nous considérons le smart beta comme un axe de développement majeur au travers de différents facteurs lié à la qualité, à la valeur, et au momentum. Nous avons déjà mis à la disposition de nos clients 4 nouveaux ETF en équipondération sur la valeur.
Nous faisons en sorte de proposer des ETF construits sur des méthodologies très simples, très accessibles à la compréhension et ainsi très transparentes.

D’aucuns assurent que le contexte de plus vive volatilité qui se profile pour le second semestre (en raison des incertitudes qui pèsent sur les matières premières, la Chine, la Fed, les élections en zone euro…) sera bien moins propice à une gestion indicielle ?

Malgré la hausse de la volatilité de ces dernières semaines, les ETF ont pu montrer leur robustesse.
Le prolongement de cette volatilité d’ici la fin de l’année ne devrait pas affecter outre mesure la collecte dans les ETF.
De nombreux fournisseurs d’ETF, comme SPDR, ont intégré le facteur volatilité dans les ETF smart beta. Ainsi, les investisseurs qui ont des positions longues sur les actions européennes ou américaines, peuvent se replier via ces ETF de faible volatilité ayant pour objectif un lissage des fluctuations importantes qui peuvent survenir.

Certains observateurs affirment que les ETF contribuent à la volatilité des marchés financiers en raison la facilité des entrées et sorties sur ces produits ?

Les ETF ne sont pas des produits structurés. Ce sont des produits indiciels qui suivent la volatilité des marchés financiers.

Que répondez-vous aux critiques selon lesquelles les ETF sont source supplémentaire de perturbation sur les marchés financiers du fait de l’inadéquation qui peut être relevé entre la liquidité des ETF et l’illiquidité des actifs sous-jacents ?

Je nuancerais cette critique par plusieurs arguments. En premier lieu, il n’existe pas sur le marché d’ETF de taille importante répliquant un sous-jacent très petit. Il y a donc une cohérence entre la taille des ETF proposés et celle des marchés répliqués.
Ensuite, la liquidité observable est celle qui prévaut sur le marché secondaire. Cependant, ce n’est pas parce que le marché secondaire parait écarté en termes de fourchette de cotation, que l’ETF perd en liquidité.
Certains ETF positionnés sur des sous-jacents plus complexes à répliquer comme les actions grecques, ont été en mesure de continuer à offrir des parts à l’achat et à la vente cet été, avant d’assister à la fermeture du marché sous-jacent grâce au rôle joué par les teneurs de marché.
Enfin et surtout, la véritable liquidité qui compte est celle du marché primaire. Ce marché est constamment ouvert.

Des craintes portent actuellement sur les ETF construits sur la base des obligations d’entreprises risquées américaines. Ce marché sous-jacent pourrait connaitre de plus amples perturbations du fait de défaut d’émetteurs évoluant dans le secteur des matières premières, en particulier dans le secteur pétrolier ?
L’investissement dans un ETF part d’une décision d’allocation. Si l’investisseur choisit d’aller sur des obligations high yield américaines pour obtenir plus de rendement, il le fait en connaissance de cause, autrement dit en sachant que ce surplus de rendement escompté implique une prise de risque plus élevée.
Ensuite les ETF ne sont qu’un des instruments disponibles pour s’exposer à cette sphère du high yield américain. Ces instruments ne font que suivre l’évolution du marché sous-jacent. Ils ne permettent pas d’avoir du leverage ou une exposition inversée et donc de spéculer sur le marché sous-jacent. Ce ne sont pas, en somme, des amplificateurs de mouvements.
Enfin, il paraît important de souligner que les ETF sont en Europe et en France soumis à toute une série de contrôles, se rajoutant à la règlementation en vigueur par les autorités américaines pour un fournisseur comme SPDR. Nous rendons régulièrement compte à l’Autorité des marchés financiers en tant que société de gestion en France. Nous avons des obligations strictes de transparence dans la manière dont sont conçus nos ETF. Euronext permet aussi aux investisseurs d’accéder à de nombreuses informations additionnelles afin d’aider à la bonne perception du couple rendement/risque d’un produit.
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