PARIS, 17 février (Reuters) - Le moment où la Banque centrale européenne (BCE) pourrait décider d'un premier relèvement des taux d'intérêt depuis la crise de 2008 dépendra de la durée du ralentissement économique à l'oeuvre dans la zone euro, déclare le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, dans un entretien au quotidien El Pais de dimanche.

La BCE a fait connaître son intention de maintenir ses taux directeurs à leur niveau historiquement bas au moins jusqu'à l'été mais le ralentissement économique a conduit les marchés à s'interroger sur ce calendrier.

"La question-clé sera de savoir si le ralentissement est temporaire, avec un rebond dans le courant de l'année, ou s'il est plus durable", déclare le gouverneur au quotidien espagnol qui lui demandait si le ralentissement remettait en cause la probabilité de voir les taux d'intérêt remonter après l'été.

Il souligne que la BCE peut être "extrêmement efficace" avec son "trio" d'instruments financiers (taux d'intérêt, gestion du bilan et instruments de liquidité).

"Nous serons pragmatiques en utilisant ce trio", dit-il.

Au sujet des instruments de liquidité, Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE, a déclaré vendredi qu'une nouvelle série de prêts à long terme au bénéfice des banques de la zone euro était possible.

A propos des banques européennes, François Villeroy de Galhau, qui est considéré, à l'instar de Benoît Coeuré, comme l'un des possibles successeurs de Mario Draghi à la tête de la BCE, estime que leur rentabilité "n'est pas satisfaisante", notamment par rapport "aux autres pays à l'extérieur de la zone euro", même si elles sont "beaucoup plus robustes qu'il y a six ou sept ans".

La prochaine réunion de politique monétaire de la BCE est prévue le 7 mars. La BCE devrait à cette occasion réduire ses prévisions de croissance et d'inflation pour la zone euro afin de tenir compte du ralentissement en cours.

La Commission européenne a déjà revu à la baisse il y a dix jours ses estimations de croissance pour la zone euro pour 2018, 2019 et 2020.

Dans son entretien à El Pais, le gouverneur de la Banque de France écarte toutefois l'éventualité d'une récession économique en soulignant la vigueur de la demande intérieure en Allemagne, en France et en Espagne, soutenue par des augmentations de salaires.

La prévision d'une croissance de 1,5% pour la France et maintenue "à ce stade" tandis que l'Espagne devrait croître à un rythme de 2,1% en 2019.

"La question importante est de savoir si cette décélération est temporaire, notamment en Allemagne, ou plus durable", dit-il encore. (Leigh Thomas; Danielle Rouquié pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)