Ankara (awp/afp) - La livre turque a atteint lundi un plus bas historique face au dollar et à l'euro, dans un contexte de fortes tensions entre la Turquie et ses alliés occidentaux.

La livre turque s'échangeait à 8,04 TRY contre un dollar vers 07H30 GMT, essuyant une perte supérieure à 1% depuis le début de la journée. Depuis le 1er janvier, la devise turque a perdu près de 35% de sa valeur face au billet vert.

La livre a aussi enregistré lundi son plus faible niveau historique contre l'euro, s'échangeant à près de 9,52 contre la monnaie européenne à 7H30 GMT.

Cette nouvelle dégringolade intervient alors que les relations entre la Turquie et ses alliés occidentaux, en particulier la France, sont tendues notamment en raison des forages turcs controversés en Méditerranée orientale.

La Turquie se trouve aussi sous la menace de sanctions américaines après avoir récemment testé, au grand dam de Washington, un système de défense anti-aérien sophistiqué, le S-400, acquis auprès de la Russie malgré les mises en garde de l'Otan dont Ankara fait partie.

La chute de la livre illustre aussi la défiance accentuée ces dernières années entre les marchés et Ankara, notamment depuis une tentative de putsch en 2016 qui a été suivie d'une ferme reprise en main des affaires économiques par le président Recep Tayyip Erdogan.

Ainsi, le maintien ou les baisses répétées du principal taux directeur de la Banque centrale depuis un an ont stupéfié les économistes, qui l'exhortent au contraire à relever ses taux pour contrer l'inflation.

Le président Erdogan s'oppose fermement à toute hausse des taux d'intérêt, qu'il a qualifiés de "mère et père de tous les maux".

En plus d'alimenter l'inflation, l'affaiblissement de la livre alourdit le fardeau déjà écrasant de la dette libellée en devises étrangères qui pèse sur de nombreuses entreprises turques.

La dépréciation de la livre turque renforce aussi les inquiétudes sur les capacités de l'économie turque à se remettre de la pandémie de Covid-19, qui a frappé alors que le pays se relevait à peine de sa première récession en une décennie.

afp/al