Ankara (awp/afp) - La livre turque a battu mercredi de nouveaux records à la baisse face au dollar et à l'euro, sur fond d'inquiétude des marchés et de tensions croissantes entre Washington et Moscou qui pèsent sur la région.

La devise turque s'est brièvement échangée à 4,19 livres contre un dollar, avant de revenir à 4,15 en fin d'après-midi, soit une perte de 0,88% de sa valeur sur la journée, et de 9,42% depuis le début de l'année.

Elle a par ailleurs brièvement atteint 5,19 livres contre un euro avant de revenir à 5,13, soit une perte d'environ 1% de sa valeur sur la journée et de presque 13% depuis le début de l'année.

La devise turque a notamment dévissé après le président américain Donald Trump eut averti mercredi la Russie de frappes imminentes contre la Syrie.

Par ailleurs, selon des données publiées plus tôt dans la journée, le déficit du compte courant de la Turquie s'est élevé à 4,15 milliards de dollars en février, soit légèrement en dessous des prévisions du marché, qui se situaient à 4,2 milliards de dollars.

"Il y a des raisons convaincantes de croire que la livre va rester sous pression au cours des prochaines semaines", estimait le cabinet Capital Economics dans une note à ses clients, citant le déficit du compte courant et les problèmes de dette de la Turquie.

Les économistes mettent aussi régulièrement en garde la Turquie contre les risques de surchauffe de son économie : le pays a enregistré en 2017 une croissance de 7,4%, alors que l'inflation se maintenait à plus de 11% en février.

Les économistes préconisent une augmentation des taux d'intérêt pour faire baisser l'inflation, bien que le président Recep Tayyip Erdogan ne cesse de prôner la logique inverse.

Le Premier ministre turc Binali Yildirim a laissé entendre mercredi que des mesures pourraient être prises par la Banque centrale. "Maintenir l'inflation sous contrôle relève du devoir du gouvernement", a-t-il affirmé.

Le porte-parole du gouvernement, Bekir Bozdag, s'est lui aussi voulu rassurant: "Il y a un environnement sûr en Turquie pour les capitaux locaux et étrangers, une stabilité politique, un pouvoir fort", a-t-il déclaré mercredi.

afp/al