Francfort (awp/afp) - Les exportations allemandes ont à nouveau fortement reculé en mai, après le creux historique d'avril, pendant que l'économie sortait lentement des mesures de confinement liées à la pandémie du coronavirus, selon des statistiques publiées jeudi.

Sur un an et en données brutes, la baisse des exportations, à 80,3 milliards d'euros (environ 85,4 milliards de francs suisses), est de 29,7%, après celle de 31,1% en avril, inédite depuis 1950.

En données corrigées des variations saisonnières, les exportations ont augmenté de 9% sur un mois, mais elles restent toutefois inférieures de 26,8% à leur niveau d'avant crise en février 2020, a détaillé Destatis.

Conjugué à un recul annuel moins marqué des importations, de 21,7% à 73,2 milliards, l'excédent commercial se redresse sur le mois à 7,1 milliards d'euros, après 3,5 milliards d'euros en avril, toujours en données brutes.

Cette dernière donnée est cependant bien inférieure aux attentes des analystes sondés par le fournisseur de services financiers Factset, qui tablaient sur 14,0 milliards d'euros.

Les usines ont certes lentement rouvert en mai, mais la faiblesse de la demande a pénalisé les entreprises allemandes, ce qui se reflète dans les chiffres du commerce extérieur d'ordinaire florissants du pays.

Les exportations avec les pays de l'UE ont baissé de 29% sur un an et de 30,5% en direction du reste du monde, avec un recul plus modéré de 12,3% vers la Chine, dont l'économie a pu redémarrer plus tôt.

L'effondrement est en revanche palpable dans le commerce avec le Royaume-Uni, avec des exportations en chute de 46,9%, contre 20,3% côté importations.

L'Allemagne pourrait voir son Produit intérieur brut reculer entre avril et juin de 10%, du jamais vu depuis 50 ans, selon les principaux instituts économiques allemands, ceci après un recul de 2,2% au premier trimestre.

"L'économie devra se tourner vers autre chose que les exportations pour stimuler la croissance", estime Carsten Brzeski, économiste chez ING.

C'est selon lui une des raisons ayant poussé le gouvernement allemand à faire un "revirement remarquable" sur les politiques budgétaires en acceptant à nouveau d'ouvrir les vannes des dépenses.

Si cela réussit, le coronavirus "pourrait conduire au final à un modèle de croissance plus équilibré de l'économie allemande", conclut M. Brzeski.

afp/lk