La livre Turque dévisse

Ces derniers jours, le président Turque a violemment pris à parti Emmanuel Macron. Ce dernier, après l’assassinat de Samuel Paty, mort dans des conditions abjectes faut-il le rappeler, avait déclaré que la liberté d’expression demeure une caractéristique essentielle de la république. Erdogan s’est immédiatement érigé en défenseur du monde musulman (en toute modestie), appelant ce dernier à Boycotter les produits Français. Ne soyons tout de même pas dupe, il est en fait en proie à de grandes difficultés politiques et économiques internes, et il tente de faire diversion en se trouvant un ennemi extérieur.

La livre Turque est sous pression depuis plusieurs années. Mais ces derniers temps, une accélération de cette dépréciation est en cours. La livre a effectivement perdu près de 40% de sa valeur contre le dollar et 44% face à l’Euro depuis le début de l’année. Une politique économique hasardeuse couplée à des politiques monétaires inappropriées est à l’origine de ce problème persistant.

Source Bloomberg : Le dollar gagne plus de 40% par rapport à la livre Turque sur un an

Selon Hervé Goulletquer et Stephane Deo, stratégistes à la Banque Postale Asset Management, la banque centrale Turque conduit une politique monétaire trop accommodante. Même si elle a remonté ses taux directeurs en Septembre 2020 pour juguler la perte de valeur de sa monnaie, cette remontée reste trop timide pour avoir un effet positif sur l’économie Turque qui voit ses taux directeurs réels rester sous le niveau d’inflation. De plus, la banque centrale a décidé le 22 Octobre de ne pas monter son taux directeur.

A court terme, M. Erdogan essaye certainement de faire diversion en jouant sur le levier nationaliste. Mais les échanges musclés qu’il entretient avec le président Macron, les relations tendues avec son voisin grec ajoute à notre avis à l’instabilité de son pays ainsi que ses positions ambiguës envers ses supposés partenaires de l’OTAN, sont plus susceptibles de faire fuir les investisseurs que de les attirer.

Marchés actions : fin de la récrée ?

La résurgence des cas de COVID a impacté négativement les marchés. L’inquiétude gagne en effet du terrain alors que le nombre de cas augmente significativement et que les mesures de restrictions sont à l’ordre du jour. Il n’est même plus tabou de parler à nouveau d’un confinement.

Comme si cela ne suffisait pas, lundi, Nancy Pelosi et le secrétaire d’Etat, Steven Mnuchin n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur le plan de relance. Même si la présidente de la chambre des représentants reste optimiste, le leader républicain au sénat Mitch McConnell, a rendu impossible l’adoption d’un accord avant les présidentielles puisqu’il a ajourné le Sénat au 9 novembre.

Mark Cudmore, Macro-Stratégiste chez Bloomberg, dresse un état des lieux particulièrement pessimiste. Selon lui, la baisse significative des cours hier, loin d’être un événement ponctuel ne serait en fait qu’un avant-goût de ce qui nous attends les mois à venir. Les "élites financières" ayant selon lui largement sous-estimé l’impact de la pandémie, jugeant qu’un vaccin arriverait vite. De plus, ces dernières ayant vu leurs investissements renforcés par les plans de relance, auraient largement sous-pondéré l’ampleur de la crise. Conclusion ? La finance comportementale a de beaux jours devant elle !

L’ouragan Zeta soutient les cours du pétrole

La décision de la Libye hier d’augmenter sa production pétrolière, couplée à une pandémie qui va peser sur la demande, fait entrevoir un surplus d’offre qui fait pression à la baisse sur les prix. Paradoxalement, une mauvaise nouvelle pour les habitants du golfe du Mexique, peut en devenir une bonne pour les cours du pétrole. En effet, l’Ouragan Zeta a déjà provoqué la fermeture de plateformes offshore conduisant à une réduction de fait de la production. Selon le Bureau of Safety and Environmental Enforcement, “près de 294 millions de barils par jour de pétrole sont bloqués, ce qui équivaut à environ 16 % de la production du Golfe du Mexique”. La trajectoire actuelle de la tempête laisse à penser que d’autres installations pourraient être fermées dans les prochains jours.