Giles Turner,

The Wall Street Journal

Autrefois, l'éventualité que la Grèce quitte la zone euro perturbait les marchés financiers et donnait des sueurs froides aux gérants de fonds. Aujourd'hui, certains pensent qu'en raison de la reprise naissante de l'économie de la zone euro, la Grèce pourrait avoir pénalisé les marchés juste ce qu'il faut pour créer de belles opportunités d'achat.

Les marchés font preuve d'optimisme à l'égard d'un compromis entre la Grèce et ses créanciers depuis qu'Athènes a présenté lundi de nouvelles propositions de réformes à ses partenaires de la zone euro. Cependant, les antécédants en matière de négociations inabouties ne plaident guère en faveur de la Grèce et, sans accord, la perspective d'une sortie de la Grèce de la zone euro est bel et bien réelle.

Le niveau des liquidités augmente

Pour certains gérants de fonds, l'issue de la crise grecque importe peu. Nombre d'entre eux se tiennent déjà à l'écart des actions et des obligations du pays, et la plupart sont également prêts à abandonner le reste de la zone euro. Le niveau des liquidités en Europe a atteint début juin un point haut en six ans, selon une enquête de Bank of America Merrill Lynch.

Les positions nettes de surpondération dans la zone euro ont diminué en juin, signale l'enquête de la banque américaine. La crainte d'un regain de volatilité et le rebond de l'euro face au dollar, défavorable aux exportations européennes, ont pesé sur la tendance. L'indice Euro Stoxx 600 des valeurs européennes a perdu 5,7% depuis fin mai.

Même un "Grexit" créerait de belles occasions

D'autres investisseurs se préparent toutefois à saisir la moindre opportunité. "En cas de défaut grec, de sortie de la Grèce de la zone euro, de contrôles des capitaux comme ceux imposés à Chypre, ou d'un mélange de tout cela, nous serions enclins à nager à contre-courant [dans la zone euro] et à considérer tout nouveau mouvement de vente comme une opportunité d'achat", indique ainsi Alan Higgins, directeur des investissements au Royaume-Uni chez Coutts.

Wouter Sturkenboom, stratégiste senior chargé des investissements chez Russell Investments, qui surpondère les actions européennes, ajoute: "nous tenons bon face à la volatilité, car nous pensons que même le scénario le plus défavorable ne serait pas capable de faire dérailler la reprise européenne. La Grèce ne représente que 1,8% du produit intérieur brut (PIB) de la zone euro et la vaste majorité de la dette grecque se trouve entre les mains d'établissements publics extrêmement transparents, ce qui limite le risque de contagion et les incertitudes".

-Giles Turner, The Wall Street Journal

(Version française Valérie Venck) ed/EC