À Paris, le CAC 40 chute de 8,58% à 3.764,52 points vers 09h00 GMT, retombant à des niveaux inédits depuis l'été 2013. A Londres, le FTSE 100 cède 7,14% et à Francfort, le Dax recule de 7,61%.

L'indice EuroStoxx 50 est en baisse de 7,61%, le FTSEurofirst 300 de 7,53% et le Stoxx 600 de 7,89%, au plus bas depuis 2012.

Alors que le nombre de nouveaux cas d'infection au coronavirus et celui des décès dus à la maladie continuent de monter dans de nombreux pays, forçant les gouvernements à réduire l'activité économique pour tenter de freiner la pandémie, le commissaire européen Thierry Breton a reconnu lundi que l'Union européenne se dirigeait vers une récession cette année.

En Chine, la production industrielle a subi sur les deux premiers mois de l'année sa contraction la plus sévère depuis 30 ans, et les statistiques officielles publiées lundi montrent aussi un net recul des ventes au détail, pour la première fois depuis que ces données sont répertoriées.

Aux Etats-Unis, Goldman Sachs a abaissé sa prévision de croissance pour les premier et deuxième trimestres et table sur une contraction de 5,0% du produit intérieur brut (PIB) sur avril-juin.

Face à cela, l'annonce surprise dimanche par la Réserve fédérale d'une baisse de taux de 100 points de base, de 700 milliards de dollars d'achats de titres sur les marchés, d'un assouplissement des règles prudentielles pour doper le crédit bancaire et d'une initiative concertée avec cinq autres grandes banques centrales pour assurer la disponibilité de liquidités en dollars peine à rassurer.

La Banque du Japon (BoJ), de son côté, a annoncé lundi des mesures supplémentaires de soutien à l'économie, avec notamment des achats supplémentaires d'actifs comme les fonds d'actions indiciels (ETF).

"Une récession liée au coronavirus est désormais pratiquement certaine, puisque l'offre et la demande mondiales sont touchées", constate Nigel Green, directeur général de deVere Group.

"On peut s'attendre à ce que cette récession soit profonde mais brève. Le ralentissement sera temporaire parce qu'il n'est pas lié à des problèmes et des déséquilibres profonds de l'économie mais plutôt à un choc totalement imprévu qui a bloqué l'économie mondiale".

VALEURS

La totalité des secteurs européens de la cote subissent le mouvement d'aversion au risque. Parmi les plus touchés, celui du transport aérien et du tourisme, le plus immédiatement affecté par la chute de l'activité, plonge de 14,63%.

Parmi les compartiments cycliques, l'indice Stoxx européen du secteur et du gaz cède 6,53%, celui des matières premières recule de 7,8%, celui de la construction de 10,61% et celui de l'automobile de 10,64%.

Plusieurs poids lourds des indices européens accusent des replis d'une ampleur exceptionnelle: Airbus voit sa valeur boursière fondre de 17,15%, Volkswagen abandonne 11,26%, Kering 9,79%.

La baisse atteint 28,22% pour le tour-opérateur TUI et 28,09% pour la compagnie aérienne Easyjet à Londres, 25,23% pour le distributeur Fnac Darty à Paris.

EN ASIE

La Bourse de Tokyo n'est pas parvenue à conserver ses gains de début de séance et a terminé en baisse de 2,46% après les annonces de la Banque du Japon, qui a elle aussi devancé le calendrier prévu de sa réunion de politique monétaire.

En Chine continentale, le CSI 300 des grandes capitalisations a reculé de 4,3% et en Australie, l'indice ASX 200 a chuté de 9,7%, sa plus forte baisse en séance jamais enregistrée.

A WALL STREET

La Bourse de New York a connu un spectaculaire rebond vendredi après avoir connu la veille sa pire séance depuis 1987, mais ce rebond bienvenu devrait être mis à mal dès ce lundi au vu de la baisse des contrats à terme sur les indices américains, supérieure à 4,5%.

L'indice Dow Jones a bondi de 9,36% à 23.185,62 points et le S&P-500 s'est envolé de 9,29%, à 2.711,02 points.

De son côté, le Nasdaq Composite a avancé de 9,35% à 7.874,88 points.

TAUX

Sur le marché obligataire, les annonces de la Fed favorisent la baisse des rendements des bons du Trésor américain : celui des titres à dix ans recule de plus de 15 points de base pour revenir autour de 0,8%.

La situation est plus compliquée en Europe, où l'aversion au risque continue de creuser les écarts de rendements (spreads): alors que le rendement à dix ans allemand est quasi stable à -0,58%, son équivalent français prend 10 points de base à 0,097% et l'italien plus de 20 points pour remonter au-dessus de 2%.

"L'évolution observée sur les périphériques est principalement liée au sentiment concernant les ratios d'endettement de pays qui, après des années d'assouplissement quantitatif et de soutien des banques centrales dans la zone euro, se dirigent vers une nouvelle crise importante sinon pire que la précédente", explique Matt Cairns, stratège de Rabobank.

CHANGES

Sur le marché des devises, le dollar cède du terrain après la baisse de taux décidée par la Fed: l'indice mesurant les fluctuations du billet vert face à un panier de référence cède 1,13% et son recul face au yen approche 1,5%.

L'euro, lui, gagne près de 1% face au billet vert et remonte au-dessus de à 1,1210.

Parallèlement, plusieurs devises de pays émergents et de gros producteurs d'hydrocarbures sont délaissées, du peso mexicain au rouble en passant par la couronne norvégienne.

PÉTROLE

Le marché pétrolier ne parvient pas à interrompre sa chute sous l'effet conjuguée de la guerre des prix engagée entre grands producteurs et de la perspective d'une baisse marquée de la demande mondiale au cours des mois à venir.

Le Brent abandonne 6,94% à 31,50 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) cède 4,95% à 30,16 dollars.

(Marc Angrand, avec Yoruk Bahceli à Londres, édité par Blandine Hénault)