MANAGUA, 18 juillet (Reuters) - Les services de sécurité nicaraguayens ont entrepris mardi de démanteler les barricades dressées dans les rues de Masaya, épicentre de la contestation contre le président Daniel Ortega, où des coups de feu ont été signalés.

Ramon Avellan, chef de la police locale, a dit en avoir reçu l'ordre du chef de l'Etat lui-même. "Nous allons mettre cet ordre à exécution à n'importe quel prix. Masaya est à nous", a-t-il déclaré à la presse.

Au moins 275 personnes ont été tuées depuis le début des manifestations, en avril. Le mouvement entamé pour dénoncer un projet de réduction des retraites pour combler le déficit de la sécurité sociale s'est depuis élargi, notamment en raison de la violence de la répression, qui s'est durcie à l'approche du 39e anniversaire de la révolution sandiniste, jeudi.

Ce week-end, des hommes armés et en civil ont ouvert le feu sur des étudiants qui avaient trouvé refuge dans une église de Managua et à l'université nationale autonome du Nicaragua.

Un étudiant a été tué dans l'église, ce qui a soulevé une vague d'indignation. Le Département d'Etat américain et le Secrétaire général de l'Onu Antonio Guterres ont notamment condamné les violences.

La vice-présidente Rosario Murillo, pour qui les manifestants appartiennent à une "minorité haineuse", a promis mardi de rétablir "la sécurité et la paix".

Marlin Sierra, directrice du Centre nicaraguayen des droits de l'homme (CENIDH), dit craindre de nouvelles victimes à Masaya. "Les paramilitaires et la police ont pratiquement encerclé le quartier et l'attaquent continuellement depuis ce matin", a-t-elle ajouté.

A Genève, Rupert Colville, porte-parole du Haut Commissariat de l'Onu aux droits de l'homme, a dénoncé "des exécutions extrajudiciaires, des actes de torture, des détentions arbitraires et le déni du droit à la liberté d'expression".

"La grande majorité des violations sont le fait du gouvernement ou d'éléments armés qui semblent à son service", a-t-il poursuivi, ajoutant que les manifestants étaient principalement pacifiques, même si certains étaient armés.

(Diego Ore avec Stephanie Nebehay à Genève, Jean-Philippe Lefief pour le service français)