Francfort (awp/afp) - Les mesures prises par la Banque centrale européenne (BCE) vont revigorer la croissance en zone euro et la dynamique des prix, qui, sans elles auraient baissé l'an dernier, ont affirmé jeudi son président Mario Draghi et son chef économiste Peter Praet, dans des discours distincts.

"Les mesures que nous avons annoncées le 10 mars vont contribuer davantage à atteindre notre objectif de stabilité des prix", a déclaré M. Draghi, lors d'un discours devant le Conseil d'Etat portugais.

Dans la matinée, lors d'une conférence à Francfort (ouest), Peter Praet, membre du directoire de la BCE, avait lui affirmé qu'"en l'absence de notre paquet de mesures, l'inflation aurait été négative en 2015".

"En 2016 (l'inflation) serait d'au moins un demi-point de pourcentage inférieure à ce que nous prévoyons à l'heure actuelle (+0,1%, ndlr), et d'environ un demi-point en 2017" et "nos mesures contribuent à rehausser le PIB de la zone euro d'environ 1,5% sur la période 2015-2018", a-t-il poursuivi, prenant la défense d'une politique monétaire de plus en plus critiquée pour sa prétendue impuissance à faire repartir les prix et ses effets collatéraux néfastes.

Mais la politique ultra-accommodante de la BCE renforcée encore en mars à coups de prêts géants aux banques, taux d'intérêt très bas et rachats massifs d'actifs, le tout pour faire repartir la dynamique des prix, a coïncidé avec "de nouveaux chocs" subis par l'économie, a pointé du doigt Peter Praet, en référence à la chute des prix du pétrole, qui empêche l'inflation de repartir.

"Bien sûr, cela va prendre du temps pour que ces dernières mesures fassent le chemin à travers l'économie et produisent pleinement leurs bénéfices", a reconnu de son côté Mario Draghi.

Néanmoins, le président de l'institution monétaire, toujours "déterminé" à remplir le mandat d'un retour à la stabilité des prix, a assuré que ces mesures constituaient "un paquet important donnant la priorité aux prêts pour les particuliers et les entreprises, soutenant ainsi davantage l'activité économique dans la zone euro".

"Nous ne manquons pas d'outils à notre disposition" pour redynamiser l'inflation, a réaffirmé M. Draghi.

Et d'énumérer les bienfaits de la politique menée par les banquiers centraux, entre autres une amélioration des conditions de financement pour ménages et entreprises.

Si "la politique monétaire menée depuis juin 2014 a été efficace", la banque centrale ne peut pas à elle toute seule procurer à la zone euro "une reprise (économique) solide et pérenne", a affirmé M. Praet, à l'attention des gouvernements européens que la BCE veut voir réformer leurs économies avec plus de détermination.

Un message appuyé par Mario Draghi. "Notre politique peut soutenir une reprise cyclique, mais elle ne peut pas enlever les obstacles structurels à la croissance. Cela nécessite des efforts concertés en termes de politiques économiques et budgétaires", a développé le chef de la BCE, appelant notamment à une réorientation des dépenses publiques vers les investissements, la recherche et l'éducation.

afp/rp