(Ajoute conférence à Ryad, paragraphe 13)

par Jeff Mason et Stephen Kalin

ISTANBUL/WASHINGTON, 12 octobre (Reuters) - Le président américain Donald Trump veut savoir ce qu'est devenu le journaliste et opposant saoudien Jamal Khashoggi, qui s'était exilé l'an dernier aux Etats-Unis et n'a plus donné signe de vie depuis qu'il s'est rendu le 2 octobre au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul.

Des enquêteurs turcs attendent l'autorisation officielle des autorités saoudiennes pour fouiller le consulat.

"Je dois découvrir ce qu'il s'est passé (...) Nous sommes probablement plus près (de le savoir) que vous ne l'imaginez", a déclaré Donald Trump lors de l'émission "Fox & Friends", diffusée sur Fox News.

Il a précisé que les Etats-Unis coopéraient avec la Turquie et l'Arabie saoudite pour tenter de retrouver le journaliste.

Mercredi, Donald Trump avait dit avoir abordé cette question avec des responsables saoudiens "au plus haut niveau".

Il a toutefois exclu que les Etats-Unis instaurent un embargo sur les exportations d'armes vers l'Arabie saoudite.

"Ils dépensent 110 milliards de dollars en matériel militaire et dans des choses qui créent de l'emploi pour ce pays. Je n'aime pas vraiment l'idée qui consiste à mettre fin à un investissement de 110 milliards de dollars aux Etats-Unis, parce que, vous savez ce qu'ils vont faire ? Il vont prendre cet argent et le dépenser en Russie ou en Chine ou ailleurs", a-t-il expliqué.

La Maison blanche a fait savoir que le secrétaire d'Etat Mike Pompeo, le conseiller à la sécurité nationale John Bolton et le conseiller et gendre de Donald Trump, Jared Kushner, s'étaient tous trois entretenus au téléphone avec le prince hériter saoudien Mohamed ben Salman.

L'ambassadeur d'Arabie saoudite aux Etats-Unis a quant à lui pris la direction de Ryad et le département d'Etat a fait savoir qu'il s'attendait à ce que le diplomate lui fournisse de plus amples informations dès son retour sur le sol américain.

Le vice-président Mike Pence a de son côté proposé à la Turquie l'aide des Etats-Unis, notamment celle du FBI, tandis que le Foreign Office britannique a exigé des réponses rapides de Ryad aux questions qui se posent.

Le quotidien pro-gouvernemental turc Sabah a publié mercredi les noms de 15 Saoudiens présentés comme des agents de renseignement qui seraient impliqués dans la disparition de Jamal Khashoggi.

L'un d'eux est un expert en médecine légale qui travaille depuis vingt ans au ministère saoudien de l'Intérieur, selon son profil sur LinkedIn. D'autres noms correspondent à ceux d'officiers de l'armée saoudienne.

Plusieurs médias et journalistes américains ont déclaré jeudi qu'ils ne se rendraient pas à une conférence financière prévue à Ryad du fait de l'indignation suscitée par l'affaire.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré que son pays s'inquiétait de cette disparition et se devait de faire quelque chose, rapporte jeudi le quotidien Hurriyet.

"Nous enquêtons sur tous les aspects de cette affaire. Il n'est pas possible que nous restions silencieux car ce n'est pas une affaire banale", a-t-il dit.

Il s'est interrogé sur les déclarations des autorités saoudiennes selon lesquelles les caméras de surveillance du consulat n'avaient pas enregistré les images de la sortie de Khashoggi du bâtiment.

"Est-il possible qu'il n'y ait pas de caméras (qui enregistrent les mouvements) au consulat d'Arabie saoudite ?", s'est demandé le président turc.

La fiancée de Khashoggi, qui l'attendait à l'extérieur du consulat, assure qu'il n'en est jamais ressorti et des sources au sein des services de sécurité turcs pensent qu'il a été tué à l'intérieur du bâtiment. (Avec Sarah Dadouch, Orhan Coskun et Tuvan Gumrucku à Istanbul, Doina Chiacu et Susan Heavey à Washington; Henri-Pierre André, Jean Terzian, Guy Kerivel et Nicolas Delame pour le service français)