J'aborde fréquemment la problématique du retard accumulé par les Européens dans le domaine technologique par rapport aux Américains. Un complexe d'infériorité parfois exaspérant, mais qui n'est pas forcément une fatalité dans un monde qui évolue à toute allure, surtout au niveau du numérique. Après tout, Facebook n'existait pas au moment de la bulle internet et des entreprises comme Google ou PayPal sont tout juste majeures. Depuis la crise financière, les stars californiennes ont creusé l'écart avec le reste du monde, grâce à leurs vertus mais aussi… au soutien des bonnes poires que nous sommes, nous autres Européens.

C'est la théorie développée par Erik Nielsen, le Chef Economiste d'Unicredit, qui pense que l'archidomination des Etats-Unis sur le monde numérique tient autant de la vacuité des politiques européennes que du génie américain. Nielsen estime que les politiques d'austérité adoptées sur le vieux continent depuis 2008 ont largement profité aux entreprises américaines, qui avaient déjà de l'avance, car les balances des comptes courants sont devenues excédentaires (sauf en France), faisant de l'Europe un exportateur net de capitaux, Les fonds ont traversé l'Atlantique, soit par le biais des actions, soit par le biais de la dette. Cet afflux massif de capitaux a permis aux sociétés américaines d'accélérer leur développement, de mettre en place des stratégies de croissance externe agressive (notamment en rachetant les jeunes pousses européennes, avec notre argent donc, si vous m'avez suivi) et de dépenser des dizaines de milliards en rachat d'actions, ce qui a évidemment eu un effet bénéfique sur le parcours des indices de Wall Street.

L'économiste pointe aussi du doigt l'aide apportée par les Pays-Bas, l'Irlande ou le Luxembourg à ce grand meccano avec leurs politiques fiscales "absurdes" au profit des grands acteurs technologiques américains (tiens, le sujet remonte pour la troisième fois depuis le début du mois, signe que les lignes vont peut-être enfin bouger, on peut toujours rêver). Et tant qu'à pousser la critique, Nielsen regrette aussi que l'austérité ambiante ait mis à mal le financement de l'éducation en Europe et que le système de capital-investissement réponde si mal aux besoins des entrepreneurs. Songez que sur 491 "licornes" valorisées plus d'1 Md$ dans le monde, 28 seulement vivent dans la zone euro alors que le gros du troupeau, 235, pâture aux Etats-Unis. Si vous avez un peu de temps, je vous recommande chaudement d'aller consulter l'explication intégrale d'Erik Nielsen et surtout les solutions qu'il propose pour y remédier, disponible en 5 pages sur le site de recherche d'Unicredit (en anglais, en allemand et en italien, mais pas en français). Le temps qui m'est imparti est un peu trop court pour que je détaille ses idées sans les dénaturer.

Après leur rebond de la veille, les indices vont avoir besoin de souffler un peu, mais le moral a l'air bon chez les investisseurs. Aux Etats-Unis, les Démocrates ont proposé une nouvelle mouture de leur plan de soutien, revu en baisse mais doté malgré tout de 2200 Mds$. Les Républicains, qui prônent un programme moins dispendieux, feront-ils l'effort de chercher un compromis ? Les Américains se préparent à la première passe d'armes directe entre Biden et Trump, lors d'une émission de 90 minutes programmée en soirée dans l'Ohio (il sera 3h00 du matin à Paris). Le CAC40 cède 0,3% à 4828 points peu après l'ouverture. 

Les temps forts économiques du jour

Les indices de confiance pour la France (consommateurs, 8h45) et la zone euro (11h00) précéderont la première estimation de l'inflation allemande de septembre (14h00) et les stocks des grossistes américains (14h30).

L'euro est légèrement remonté à 1,1673 USD, comme l'once d'or à 1883 USD. Le pétrole consolide ses gains de la veille, à 40,34 USD le WTI et à 42,20 USD le Brent. Le T-Bond affiche un rendement de 0,66% sur 10 ans. Le Bitcoin est redescendu à 10 700 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Amundi : RBC démarre le suivi à la surperformance en visant 71 EUR.
  • AstraZeneca : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 10050 GBp.
  • Barry Callebaut : Goldman Sachs relève son objectif de cours de 2145 à 2325 CHF.
  • Ceres Power : Liberum reste acheteur avec un objectif relevé de 540 à 720 GBp.
  • Demant : ABG passe de conserver à acheter en visant 228 DKK.
  • DWS : RBC démarre le suivi à performance sectorielle en visant 31 EUR.
  • Epiroc : Société Générale démarre le suivi à l'achat en visant 150 SEK.
  • FLSmidth : Société Générale démarre le suivi à conserver en visant 210 DKK.
  • Hapag-Lloyd : Jefferies passe de sousperformance à acheter en visant 58 EUR.
  • Kuehne + Nagel : Goldman Sachs relève son objectif de cours de 114 à 128 CHF.
  • Lindt : Goldman Sachs relève son objectif de cours de 69 000 à 74 000 CHF.
  • Metso Outotec : Société Générale démarre le suivi à l'achat en visant 8 EUR.
  • Nestlé : Goldman Sachs relève son objectif de cours de 117 à 123 CHF.
  • Novartis : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 96 CHF.
  • Paradox Interactive : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 338 SEK.
  • Roche : Berenberg démarre le suivi à conserver en visant 350 CHF.
  • Sanofi : Berenberg démarre le suivi à conserver en visant 92 EUR.
  • Schroders Plc : RBC démarre le suivi à sousperformance en visant 2300 GBp.
  • Sonova : UBS reste neutre avec un objectif de cours relevé de 225 à 241 CHF.
  • Standard Life Aberdeen : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 270 GBp.
  • Technogym : MainFirst démarre le suivi à l'achat en visant 9,50 EUR.
  • Wizz Air : Bernstein démarre le suivi à surperformance en visant 4500 GBp.
  • Zalando : Berenberg reste à la vente avec un objectif de cours relevé de 31 à 50 EUR.

L’actualité des sociétés

En France

Le fonds Amber, actionnaire d'Engie, fustige la position du management de Suez, qui n'agit pas selon lui dans l'intérêt de ses actionnaires dans le dossier Veolia. Sanofi a pris le contrôle de Principia Biopharma hier. LVMH a à son tour déposé une plainte contre Tiffany devant la justice du Delaware en estimant que le joaillier a été mal géré pendant la crise du coronavirus. Le Figaro rapporte que l'intersyndicale Renault votera contre le plan d'économies du constructeur qui sera présenté ce matin lors d'un CSE. Orange et Schneider Electric expérimentent la 5G industrielle dans une usine en France. Total acquiert le plus grand réseau de points de charge pour véhicules électriques de Londres. Pernod Ricard boucle une émission obligataire de 2 Mds$. Fnac Darty négocie la vente de sa filiale néerlandaise BCC à Mirage Retail Group à l'euro symbolique. Soitec a émis 325 M€ d'OCEANE 2025. Focus Home Interactive nomme Christophe Nobileau directeur générale. Archos signe l'accord de restructuration de sa dette auprès de la BEI. Manitou va supprimer 63 emplois en France. 2CRSi signe un PGE. Mare Nostrum lance un fonds de dotation. Novacyt signe un nouveau contrat "Covid" au Royaume-Uni. Les Etablissements Fauvet-Girel transigent avec Krief Group, qui ne rachètera pas la société. Carbios regroupe ses installations sur un site Michelin à Clermont-Ferrand, où sera finalement installé son démonstrateur industriel, opérationnel en septembre 2021, trois mois plus tard que prévu. Quadient, Tarkett, We.connect, Don't Nod, Safe Orthopaedics, Metabolic Explorer, Adomos ont publié leurs comptes.

Dans le monde

NTT, la maison-mère de NTT Docomo envisage un retrait de la cote de sa filiale. La justice californienne refuse la demande d'Epic Games de réintroduire Fortnite sur l'AppStore d'Apple, si bien qu'un procès devrait avoir lieu l'été prochain. United Continental a noué un accord permettant d'éviter la mise au chômage technique de 2850 pilotes jusqu'au moins juin 2021. Amazon.com tiendra ses soldes prévus normalement en juillet les 13 et 14 octobre. Universal Health Services frappé par une cyberattaque. Walmart pourrait investir 25 Mds$ dans le projet géant d'e-commerce de Tata Group. Le spécialiste des logiciels de protection informatique McAfee lance son processus d'introduction sur le Nasdaq. Selon les informations obtenues par Bloomberg, Uber plancherait sur un rachat de la coentreprise de BMW et Daimler dans le covoiturage. Steag choisit Alfen comme partenaire pour le parc solaire de Leeuwarden. Fiat Chrysler va payer 9,5 M$ à la SEC pour solder un contentieux concernant la précision de sa communication financière. Basilea lance l'étude de phase 2 pour le lisavanbulin contre le glioblastome.

Ça publie. Micron Technology, IHS Markit, Ferguson, Carnival Corporation, Grainger, Greggs

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