PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes évoluent en baisse en début de séance lundi, la crainte d'un retour de l'inflation qui obligerait les banques centrales à resserrer plus tôt que prévu leur politique monétaire l'emportant une nouvelle fois sur les perspectives de reprise de l'activité.

À Paris, le CAC 40 perd 1,16% à 5.706,70 points à 08h35 GMT. A Londres, le FTSE 100 cède 0,74% et à Francfort, le Dax recule de 1,33%.

L'indice EuroStoxx 50 est en baisse de 1,33%, le FTSEurofirst 300 de 0,96% et le Stoxx 600 de 1,24%, au plus bas depuis dix jours.

Le facteur dominant sur la plupart des grands marchés mondiaux reste la hausse des rendements des emprunts d'Etat et la remontée des anticipations d'inflation, alimentée entre autres par la hausse marquée des cours des matières premières.

Le débat sur une politique de relance massive aux Etats-Unis, synonyme d'augmentation des emprunts du Trésor américain, accentue cette tendance.

"La hausse très rapide des taux longs en Europe mais surtout aux Etats-Unis pourrait devenir une épine un peu douloureuse dans l'appétit pour le risque si elle n'est pas contenue", note Sebastian Paris Horvitz, stratège de LBPAM.

Dans ce contexte, les investisseurs attendent mardi l'audition au Sénat à Washington de Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale, qui devrait réaffirmer l'engagement de la banque centrale à maintenir une politique monétaire ultra-accommodante aussi longtemps que nécessaire.

En Europe, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, doit s'exprimer à 14h30 GMT lors d'une conférence organisée par le Parlement européen. Les marchés surveilleront auparavant la publication, à 09h00 GMT, de l'indice Ifo du climat des affaires en Allemagne.

Sur le front sanitaire, si le Royaume-Uni se prépare à un assouplissement graduel du confinement, les Etats-Unis ont passé le cap des 500.000 morts et en France, les autorités devraient annoncer dans la journée le confinement partiel du département des Alpes-Maritimes.

VALEURS

La quasi-totalité des grands secteurs de la cote européenne évolue dans le rouge, la seule exception notable étant pour le compartiment des matières premières, qui gagne 0,09%, profitant de la hausse des cours des métaux de base, comme le cuivre (+3,18%) ou l'aluminium (+0,63%).

Parmi les replis les plus marqués, l'indice Stoxx européen des hautes technologies abandonne 2,27% et celui de l'automobile 1,49%.

L'équipementier Faurecia perd 3,6% après la publication de ses résultats annuels et la présentation de ses objectifs financiers à l'horizon 2025.

A Francfort, Continental cède 2,99% après avoir annoncé qu'il ne distribuerait aucun dividende au titre de 2020.

EN ASIE

À la Bourse de Tokyo, l'indice Nikkei a terminé en hausse de 0,46% après trois séances consécutives de repli, l'optimisme sur la reprise économique ayant favorisé un rebond des valeurs cycliques tandis que les financières bénéficiaient de la hausse des rendements obligataires.

En Chine, les doutes sur les valorisations et les spéculations sur un resserrement progressif de la politique monétaire l'ont emporté après les records inscrits la semaine dernière: le SSE Composite de Shanghai a cédé 1,45% et le CSI 300 des principales capitalisations du pays a abandonné 3,14%, sa pire performance quotidienne depuis le 24 juillet.

A WALL STREET

Les contrats à terme sur les principaux indices new-yorkais signalent une ouverture en baisse de 0,69% pour le Dow Jones, de 0,89% pour le Standard & Poor's 500 et de 1,29% pour le Nasdaq.

Vendredi, Wall Street a fini pratiquement à l'équilibre sur fond de rotation des valeurs technologiques vers les cycliques dans l'anticipation d'un rebond de l'économie américaine.

Le Dow Jones a grignoté 0,98 point, soit une variation nulle en pourcentage, à 31.494,32, le Standard & Poor's 500 a perdu 7,26 points, soit 0,19%, à 3.906,71 et le Nasdaq Composite a gagné 9,11 points (0,07%) à 13.874,46 points.

Sur la semaine, le Dow, qui a touché un pic historique en séance à 31.647,53, a grappillé 0,1%, le S&P-500 a cédé 0,7% et le Nasdaq a perdu 1,6%. Pour ces deux derniers, il s'agit de leur première baisse hebdomadaire ce mois-ci.

TAUX/CHANGES

Le mouvement de remontée des rendements obligataires de référence ne se dément pas: celui du Bund allemand à dix ans prend encore près de deux points de base à -0,296% après un pic de huit mois à -0,278% et son équivalent américain a atteint en début de journée 1,394%, son plus haut niveau depuis près d'un an.

De son côté, le dollar regagne un peu de terrain face aux autres grandes devises (+0,13%) après être tombé à son plus bas niveau depuis près de trois ans face à la livre sterling et au dollar australien. L'euro est pratiquement inchangé, tout près de 1,21 dollar.

PÉTROLE

Le marché pétrolier profite du retour très progressif à la normale de la production dans les régions américaines touchées par la vague de froid de la semaine dernière, une lenteur qui alimente les craintes de tension sur l'offre.

Le Brent gagne 0,68% à 63,34 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 0,52% à 59,55 dollars.

(édité par Patrick Vignal)

par Marc Angrand