Les Bourses européennes ont terminé en ordre dispersé vendredi mais au-dessus de leurs plus bas du jour, la séance ayant été animée principalement par les craintes d'une nouvelle montée de la tension entre la Chine et les Etats-Unis, qui s'ajoute aux préoccupations strictement économiques.

À Paris, le CAC 40 affiche en clôture un repli symbolique de 0,02% (0,89 points) à 4.444,56 points après avoir cédé en matinée jusqu'à 1,72% puis gagné jusqu'à 0,67%.

A Londres, le FTSE 100 a perdu 0,37% et à Francfort, le Dax a progressé de 0,07%. L'indice EuroStoxx 50 a fini quasi inchangé (+0,02%) tandis que le FTSEurofirst 300 abandonnait 0,06% et le Stoxx 600 0,03%.

Lors de la première journée de la session annuelle de l'Assemblée nationale populaire chinoise, le Premier ministre, Li Keqiang, a annoncé que Pékin voulait établir un système juridique "solide" pour assurer la sécurité nationale à Hong Kong et Macao, un projet condamné par Washington et qui ravive l'écho des manifestations parfois violentes de l'an dernier dans l'ex-colonie britannique.

L'indice Hang Seng de la Bourse de Hong Kong a chuté de 5,56%, sa plus forte baisse en pourcentage sur une séance depuis juillet 2015.

Le SSE Composite de Shanghai a abandonné 1,89%, mais davantage en raison des inquiétudes pour l'économie chinoise après la décision de Pékin de renoncer à toute prévision officielle de croissance pour cette année.

"Une montée des tensions entre les principales économies de la planète est la dernière chose dont nous ayons besoin en ce moment, mais c'est bel et bien ce qui est en train de se passer et nous en payons déjà le prix", commente Craig Erlam, analyste senior du courtier OANDA.

Sur l'ensemble de la semaine, le CAC 40 a progressé de 3,9% et le Stoxx 600 de 3,64%, sa meilleure performance hebdomadaire depuis la mi-avril.

VALEURS

Parmi les valeurs les plus exposées à Hong Kong, les banques HSBC et Standard Chartered ont perdu respectivement 4,99% et 2,43%, l'assureur Prudential 9,29%.

Le compartiment du luxe, très présent dans l'ex-colonie britannique, a lui aussi été affecté même s'il réduit son repli dans l'après-midi: LVMH a abandonné 1,26%, Kering 2,39%, Richemont 4,15%, Moncler 2,07%.

Burberry (+3,27%)s'est distingué à la hausse après ses résultats, son chiffre d'affaires trimestriel ayant dépassé les attentes.

A Paris, Renault a cédé 2,86%, la plus forte baisse du CAC 40, après les déclarations du ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, sur le fait que le groupe automobile "joue sa survie" dans la crise actuelle.

A WALL STREET

Au moment de la clôture en Europe, Wall Street évoluait dans le rouge, le Dow Jones cédant 0,45%, le Standard & Poor's 500 0,2% et le Nasdaq Composite 0,13%.

LES INDICATEURS DU JOUR

Au Royaume-Uni, les ventes au détail ont chuté de 18,1% en avril, une baisse sans précédent, en raison de la crise du coronavirus, qui a aussi eu pour effet de porter les besoins de financement du Trésor à 62,1 milliards de livres sterling, soit à peine moins que ceux de l'ensemble de l'année dernière. La dette publique britannique a ainsi frôlé 98% du produit intérieur brut (PIB).

CHANGES

Le dollar profite du regain d'aversion au risque et s'apprécie de 0,45% face à un panier de devises de référence, sa plus forte hausse sur une séance depuis le 11 mai.

Le yuan chinois a au contraire touché un plus bas de deux semaines et demie face au billet vert.

Quant à l'euro, il est revenu sous 1,09 dollar, s'éloignant du plus haut de trois semaines inscrit jeudi à 1,1008.

TAUX

Le contexte géopolitique favorise la baisse des rendements des bons du Trésor américain, à 0,6558% (-2,1 points de base) pour les titres à dix ans.

Les rendements de référence de la zone euro ont en revanche fini la journée en légère hausse, à -0,486% pour le Bund allemand à dix ans après un plus bas à -0,52%.

Le grand gagnant de la semaine sur les marchés obligataires reste l'Italie: le rendement des BTP à dix ans a reculé de 25 points en cinq séances pour revenir sous 1,6%, au plus bas depuis le 9 avril.

PÉTROLE

Le marché pétrolier est pénalisé par le regain de tension entre les Etats-Unis et la Chine et par les doute sur la solidité de la reprise économique, d'autant que certains analystes jugent exagéré le récent rebond des cours.

Le Brent perd 3,94% à 34,64 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 3,63% à 32,69 dollars.

MÉTAUX

Comme le dollar et les Treasuries, l'or profite du regain d'intérêt pour les actifs refuges et gagne 0,3% à 1.730,34 dollars l'once.

A SUIVRE LUNDI:

Les marchés britanniques et américains seront fermés lundi, jour chômé au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, mais la séance sera animée entre autres par les chiffres détaillés du produit intérieur brut (PIB) allemand au premier trimestre et par l'indice Ifo du climat des affaires dans la première économie d'Europe.

(Marc Angrand)