* Serment d'allégeance publié sur une page Facebook sous un
nom d'emprunt, selon CNN
* Pour les enquêteurs, la tuerie a été inspirée et non
ordonnée par l'EI
* Née au Pakistan, la jeune femme avait grandi en Arabie
saoudite
* Le couple était rentré en juillet 2014 aux Etats-Unis
après un séjour au Pakistan
(Actualisé avec FBI, précisions sur l'enquête et le profil des
tueurs)
par Mark Hosenball et Yasmeen Abutaleb
WASHINGTON/SAN BERNARDINO, Californie, 4 décembre (Reuters)
- L es enquêteurs considèrent que le massacre de 14 personnes par
un couple marié mercredi à San Bernardino, en Californie, était
un acte de terrorisme, a déclaré vendredi un responsable du FBI
en confirmant que la femme, Tashfeen Malik, avait prêté
allégeance au groupe djihadiste Etat islamique.
Selon la chaîne CNN, qui a révélé l'information, la tireuse
a publié son serment d'allégeance à Abou Bakr al Baghdadi, le
"calife" autoproclamé de l'EI, sur une page Facebook ouverte
sous un nom d'emprunt. Cette page a depuis été fermée par
Facebook car elle violait ses règles, a indiqué la société
californienne.
Tashfeen Malik, qui était âgée de 27 ans, et Syed Rizwan
Farook, 28 ans, ont été abattus par la police plusieurs heures
après la tuerie et la quantité importante de munitions et
d'explosifs retrouvés à leur domicile laissent penser qu'ils
préparaient d'autres attaques, a dit le responsable du FBI.
"Sur la base des informations dont nous disposons et des
faits connus, nous enquêtons désormais sur la présomption d'un
acte de terrorisme", a déclaré David Bowdich, directeur adjoint
du bureau de Los Angeles de l'agence fédérale.
Les enquêteurs cherchent notamment à déterminer le rôle que
pourrait avoir joué le groupe Etat islamique dans la préparation
de cette attaque, la plus meurtrière qu'ait subie les Etats-Unis
depuis le massacre de décembre 2012 à l'école élémentaire Sandy
Hook de Newtown, dans le Connecticut (27 morts dont 20 enfants
et le tireur).
Selon une source gouvernementale américaine, la fusillade,
qui a également fait 21 blessés, semble pour l'heure avoir été
plutôt inspirée et non pas orchestrée par l'EI, contrairement
aux attaques qui ont fait 130 morts le 13 novembre à Paris et
que le groupe djihadiste a revendiquées dès le lendemain dans un
communiqué.
Les enquêteurs qui ont fouillé la maison du couple n'ont
retrouvé aucun document qui laisse penser que la tuerie a été
ordonnée ou organisée par l'EI, a insisté cette source, selon
laquelle rien n'indique même que le groupe extrémiste "avait la
moindre idée de qui étaient (les tueurs)".
Une agence de presse liée à l'EI, Aamaq, a bien affirmé
vendredi soir que l'attaque de San Bernardino avait été menée
par des partisans du groupe djihadiste mais cette revendication
est intervenue après que la prestation d'allégeance de Tashfeen
Malik a été publiquement évoquée.
D'ORIGINE PAKISTANAISE, PASSÉS PAR L'ARABIE SAOUDITE
La jeune femme était originaire de la province pakistanaise
du Pendjab, a-t-on appris vendredi auprès de responsables
pakistanais. Elle était arrivée en Arabie saoudite à l'âge de
deux ans environ mais était retournée dans son pays d'origine il
y a cinq ou six ans pour suivre des études de pharmacie.
Une source proche du gouvernement saoudien a déclaré que
Tashfeen Malik n'avait pas attiré l'attention des autorités
pendant son séjour dans le royaume et qu'elle n'était pas connue
des services de sécurité ni des services antiterroristes.
Né dans l'Illinois, Syed Rizwan Farook était le fils
d'immigrés pakistanais. Il avait la nationalité américaine.
Selon le FBI, le couple était entré aux Etats-Unis en juillet
2014 après un voyage à l'étranger qui a inclus le Pakistan.
Farook a aussi passé une dizaine de jours en Arabie saoudite ce
même été 2014, selon l'ambassade saoudienne à Washington.
Le couple, qui laisse derrière lui une petite fille de six
mois, a ouvert le feu dans une salle de l'Inland Regional Center
de San Bernardino en pleine fête de fin d'année organisée par
l'agence des services sociaux.
Farook en était un employé, chargé de l'inspection sanitaire
de restaurants et de piscines. Christian Nwadike, un de ses
ex-collègues, a confié vendredi sur CBS qu'il était revenu
changé d'Arabie saoudite. "Je pense qu'il a épousé une
terroriste", a-t-il ajouté.
Mercredi matin, Farook était présent au début de la fête
mais en est reparti avant de revenir, armé, avec son épouse.
D'après une source fédérale, les enquêteurs tentent de vérifier
s'il a eu une altercation verbale avec un de ses collègues sur
les "dangers inhérents à l'islam".
Avant de passer à l'acte, a ajouté cette source
gouvernementale, Farook et Malik ont détruit les disques durs de
leurs ordinateurs, que les enquêteurs s'emploient à "faire
parler", de même que leurs téléphones portables et autres
équipements électroniques.
Une importante quantité de munitions (4.500 cartouches en
plus des 1.600 qui se trouvaient à l'intérieur de leur voiture)
et douze bombes artisanales ont également été découvertes à leur
domicile.
Le couple n'avait rien laissé entrevoir de ses projets, a
déclaré vendredi l'avocat de leur famille. Leurs proches, a
déclaré David Chelsey sur CNN, "n'ont jamais vu le moindre signe
d'alerte, la moindre caractéristique qui les aurait conduit à
penser qu'une chose de ce genre allait se produire".
(avec Idrees Ali et Doina Chiacu à Washington, Mehreen
Zahra-Malik à Islamabad et Omar Fahmy au Caire; Henri-Pierre
André et Tangi Salaün pour le service français)