Bouygues ferme la marche du CAC 40, perdant près de 5% à 33,89 euros par action, alors que le géant du BTP a annoncé ce week-end être entré en négociations exclusives avec Engie pour le rachat de sa filiale Equans. Pourtant, les analystes s'accordent à dire que cette acquisition de plus de 7 milliards d'euros permettra à Bouygues de changer de dimension. Si l'exécution s'annonce complexe, compte tenu de la taille d'Equans, Jefferies estime néanmoins que "c'est le grand saut dont Bouygues a besoin", l'activité offrant une croissance significative et peu soumise aux cycles économiques.

Ainsi, la filiale d'Engie "catapultera la présence de Bouygues dans les services multitechniques de marginale à numéro 2 mondial (derrière Vinci)", s'enthousiasme Jefferies.

"Avec la plus grosse acquisition de son histoire, Bouygues voit son profil considérable évoluer, puisque l'activité Services Energétiques deviendra son premier métier devant les Travaux Publics (COLAS), la Construction, les Télécoms, les Médias et l'Immobilier", constate également Invest Securities.

Le groupe de BTP, qui faisait figure de grand favori pour le rachat, a en effet affirmé qu'une fois absorbée, Equans représentera un chiffre d'affaires d'environ 16 milliards d'euros et comptera 96 000 collaborateurs. L'activité deviendra le coeur d'un sixième pôle, renforcé par l'apport de l'activité Energies & Services du groupe.

Financée entièrement par de la dette, la transaction s'élève à 7,1 milliards d'euros (6,7 milliards hors dette IFRS 16), un prix supérieur à la fourchette de 6 à 7 milliard évoquée dernièrement, alors qu'Engie en espérait originellement 5 milliards. L'offre est également supérieure de 400 millions d'euros au prix proposé par le fonds Bain, le second concurrent de Bouygues sur le dossier, après Eiffage.

Un prix légèrement plus élevé que prévu donc, qui fait ressortir un multiple de valeur d'entreprise sur résultat opérationnel courant en 2026 de 11,4. Mais cela "n'aura pas d'importance pendant longtemps, à condition que Bouygues soit capable de communiquer un plan d'exécution crédible", affirme Jefferies.

Bouygues estime que l'acquisition sera relutive sur le bénéfice par action du groupe dès la première année, avec un potentiel important de synergies estimé entre 120 et 200 millions d'euros. De plus, le nouvel ensemble aura pour objectif d'atteindre, à moyen terme, une marge opérationnelle courante supérieure à 5%.

Par ailleurs, Bouygues s'est engagé à ne procéder à aucun départ contraint en France et en Europe pendant au moins 5 ans après la finalisation de l'opération (prévue au second semestre 2022) et à créer, à horizon 2026, 10 000 emplois nets chez Equans.