Partons du constat que l’expansion de l’urbanisation associée à un besoin croissant de la réduction des budgets publics, sont deux des principales raisons pour lesquelles les villes intelligentes suscitent de l’intérêt. Un rapport de l’ONU estime que le nombre de villes de plus de 10 millions d’habitants devrait passer de 33 à 43 d’ici la fin de la décennie. D’un point de vue économique, c’est plutôt positif, car oui, l’urbanisation est censée théoriquement apporter un fort pouvoir économique local en raison de la concentration de la population et de l’industrie, en revanche, le côté obscur est bel et bien, entre autres, la potentielle augmentation de la congestion du réseau urbain, les problématiques liées à l'environnement et une dégradation du cadre de vie. La smart city peut-elle endiguer le phénomène ? A en croire les estimations prévisionnelles, d’ici 2024, le marché des villes intelligentes, y compris le segment de l’énergie et la sécurité, devrait croître à un taux annualisé de 23% pour un montant d’environ 2100 milliards de dollars, et les revenus générés par les entreprises impliquées dans le développement des smart cities devraient quasiment doubler d’ici 2025.

Prévisions des revenus générés par les entreprises de la ville intelligente mondiale de 2020 à 2025.
Source : Statista

Quid de la blockchain dans les enjeux liés au développement de la smart city ? A mon sens, le développement de villes intelligentes indépendantes ne suffiront pas. L'interopérabilité, autrement dit, l’ouverture et la coordination entre les acteurs au sein d’une ville mais surtout entre les villes en feront leur force. Le haut degré de fiabilité et de transparence, sans qu’il soit nécessaire de passer par un administrateur central, qu’offre la technologie de la blockchain permettrait aux nombreux acteurs des services urbains de largement gagner en efficacité. Imaginez-vous pouvoir louer un vélo en libre service avec la même application que ça soit à New York ou à Tokyo ? Encore mieux, pouvoir déverrouiller votre future voiture connectée à distance, à une personne prédéfinie qui le demande ? Encore mieux, pouvoir la louer en fonction de nombreux critères pendant que vous travaillez ou que vous êtes en vacances ? Tout ça via la même application ? Partons découvrir concrètement ce que la société SmartKey ambitionne de réaliser dans ce sens.

SmartKey : la blockchain of things (BoT)

La jeune société blockchain a pour ambition de connecter le monde physique à la technologie de la blockchain et à la finance décentralisée. Le créneau est bel et bien la “Blockchain of Things” (BoT). Il s’agit de relier l’Internet des objets (IoT) à la finance décentralisée (DéFi). Détaillons un peu mes propos. Vous savez, autour de nous beaucoup d’objets interagissent entre eux via internet pour nous faciliter la vie. L’application qui permet d’allumer votre radio, de lancer l’aspirateur connecté ou encore celle qui permet de fermer les volets du salon entrent dans la catégorie de l’IoT. Cependant, cette technologie comporte certains inconvénients, notamment le manque de standardisation. Et oui, bien souvent ces applications sont indépendantes et ne peuvent donc pas communiquer entre elles car elles possèdent leur propre plateforme, avec leur propre architecture informatique et applicative. Smartkey tente de résoudre ces problématiques en introduisant un système universel de communication, vous dispensant ainsi de télécharger des dizaines d’applications différentes pour chaque service. La Blockchain of Things le permet. Cerise sur le gâteau, à travers la DéFi, SmartKey permet aux utilisateurs de payer les différents services en cryptomonnaies.

De nouveaux modèles économiques sont alors imaginables, notamment sur l’accès aux services, et les cas d’utilisation pour les smart cities sont multiples : Déverrouiller automatiquement des véhicules de location pour les personnes préalablement identifiées, permettre l’accès à des logements de locations aux personnes autorisées, ou encore permettre aux services d’urgences d'accéder aux endroits sécurisées, sont autant de scénarios envisageables. 

Le système de Smartkey

Vous l’aurez compris, l’ambition est d'accéder à tous les services qui vous entourent via une seule et même application autrement dit : une seule clé. Tout d’abord, pour connecter tout ce beau monde, un oracle est employé. Pour faire simple et très résumé,  ce dernier permet de connecter le monde off-chain au monde on-chain, autrement dit, le monde physique à la blockchain grâce à la technologie des smart contracts (contrats intelligents). En outre, il permet de contrôler les éléments qui affectent la validité des données entrantes pour que l’objet connecté à SmartKey agisse de manière adéquate et autonome en fonction des sollicitations externes. Après ce passage un peu technique je vous l’accorde, plongeons au cœur de ce système. Résumons tout d’abord ce qu’implique la BoT en une équation : 

Blockchain of Things (BoT) = Internet of Things (IoT) + Technologie blockchain  

Et SmartKey pourrait être résumé avec les technologies suivantes : 

SmartKey = Blockchain of Things (BoT) + Oracle 2ème génération (en l'occurrence : Chainlink)

Finalement ce sont des “smart NTFs” qui donnent accès à toutes les fonctionnalités et tous les objets connectés. Pour créer ce smart NFT, celui-ci doit répondre à certains critères associés à l’objet en question. Ainsi, c’est l'émetteur du contrat qui détermine les conditions d’accès à l'objet avec un curseur de personnalisation plus ou moins important. On peut donc imaginer différents critères : date d’expiration du contrat, date d’accès à l’objet, le prix, les conditions d’accès à l’objet, la garantie nécessaire…

Source : skey.network.com

Cas concret : Le partenariat entre Orange et SmartKey
Source : skey.network.com

La toute première carte SIM BoT a été testé en Pologne dans la ville d’Olsztyn, pour permettre aux véhicules de secours de la ville d’avoir accès aux bornes et aux barrières de sécurité lorsqu' ils approchent. Cela permettrait de réduire considérablement les délais d'interventions des services de secours pour sauver des vies. Grâce à une application mobile utilisant la blockchain Ethereum, les pompiers et les urgences peuvent donc avoir accès rapidement aux bâtiments sécurisés afin de sauver des vies plus rapidement.
 
Solution for Smart Key Emergency Service - Ethereum Blockchain
Source : Youtube Skey Network

La possibilité de pouvoir communiquer rapidement et facilement entre les objets connectés d’une ville intelligente ouvre la voie à une imagination sans limite : ouvrir un portail, accéder à des véhicules en libre service, payer automatiquement, autoriser l’accès à un bâtiment à une personne spécifique… Le champ des possibles est ouvert. La robustesse, la transparence et la fiabilité offerte par la blockchain permettent d’avoir une confiance sans précédent à un système technologique. Après la réussite du projet pilote à Olsztyn, Orange a fourni plus de 2 millions de cartes SIM BoT à travers 80 villes en Pologne pour étendre à plus grande échelle cette innovation. En collaborant avec l’opérateur français, SmartKey ambitionne de proposer sa solution à l'échelle mondiale. 

Orange Chose SmartKey
Source : Skey Network

Quid de la cryptomonnaie associée au projet ? Elle permettra, d’après la société, de payer les actions suivantes  : 

- Enregistrement du nœud de la chaîne de blocs
- Enregistrement du compte
- Une description publique dans le SmartKey MarketPlace
- Génération d'une clé d'accès au dispositif
- Changement de propriétaire du dispositif
- Activation/désactivation du dispositif
- Modification des métadonnées de l'appareil
- Modification des métadonnées de la DApp du fournisseur de services
- Ajout / Suppression d'une clé de la liste blanche d'un dispositif

Toutes ces actions auront donc un coût en fonction de la durée de vie de la clé générée :

Coût de la clé en fonction de la durée de vie du contrat
Source : Skey Netework : White paper

On comprend donc que le jeton : SKEY aura une grande importance dans la suite du projet, si celui-ci venait à se développer à grande échelle. Le SKEY sera évidemment échangeable contre des devises plus populaires comme l’euro ou le dollar. Pour les investisseurs/traders de la première heure, le SKEY est échangeable sur des plateformes d’échange.

Prix et performance 

A l’heure où j’écris ces lignes, le jeton s’échange à hauteur de 0,20$ sur les plateformes d’échange, en affichant une hausse de 12% depuis le premier janvier. Skey Network pèse à l’heure actuelle seulement 36 millions de dollars, ce qui la positionne au-delà des 500 premières capitalisations du marché des cryptomonnaies.

Cours du jeton : SKEY 
Source : CoinMarketCap

Nous sommes aux prémices de l’utilisation de la blockchain dans tous les secteurs de l’économie. Dans le cadre des smart cities, l’utilisation de cette technologie semble pouvoir apporter une grande aide pour assurer le bien-être des habitants, de réaliser des économies d’énergie ou encore d’optimiser le réseau urbain. D’autres cas d’utilisation sont à imaginer afin d’améliorer encore plus notre quotidien. Dans ce contexte d’échanges de données à profusion, les notions de confidentialité, de transparence et de sécurité sont à mettre au premier plan. Les gouvernements auront leur rôle à jouer, si l’adoption de la BoT dans nos villes venait à se démocratiser. Que ce soit SmartKey ou une autre entité, la BoT sera très probablement utilisée à grande échelle dans les prochaines années, un phénomène ne serait-ce que incroyablement intéressant à observer.