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Pourriez-vous nous présenter Munic en quelques mots ?

Munic compte 60 collaborateurs à fin juin 2019. Nous sommes trois ingénieurs à l'avoir fondée en 2002, en vue de concevoir et commercialiser des solutions destinées à valoriser les données automobiles. Dix-sept ans plus tard, Munic réalise un chiffre d'affaires de 17 millions d'euros, dont 97 % est réalisé à l'international. Enfin, l'entreprise dispose aussi de 24 brevets, témoignant ainsi de l'aspect primordial que revêt la R&D dans son activité.

 

Quel est votre approche en termes de technologie ?

Le socle technologique de Munic touche à la fois à l'électronique, à l'intelligence artificielle embarquée, au décodage de données véhicules et à leur transmission. Une voiture produit environ quatre gigas de données par jour. Sa haute technicité nécessite dix millions de ligne de codes, quand un Boeing 787 n'en demande qu'un million... Ce qui en fait, et de loin, l'objet le plus complexe de notre environnement quotidien.

 

Dans quels produits s'incarne le savoir-faire de votre entreprise ?

Historiquement, Munic s'est positionné sur des marchés professionnels de niche ou de flottes automobiles : écrans et boîtiers multi-applications dévolus à collecter des données télématiques, concernant essentiellement la vitesse et la position géographique. Elles sont notamment utilisées par les appareils de type GPS. Toutefois, en 2010 nous avons élaboré et débuté la commercialisation d'un boîtier universel, baptisé " Smart Dongle ", qui adresse cette fois-ci le marché de masse.

 

Quelle différence avec vos autres produits ?

Cet appareil, qui représente 89 % du chiffres d'affaires 2019 de Munic, se branche sur la prise OBD obligatoire dans toute automobile. Sa fonction ? Entrer en relation avec les différents capteurs de la voiture pour collecter, décoder, analyser et transmettre toutes les datas. Brutes, enrichies ou élaborées, elles intéressent en effet un grand nombre d'acteurs du milieu de l'automobile. Pas simplement les constructeurs, mais aussi les assureurs, les loueurs de flottes, les équipementiers, les contrôles techniques... Une fois transmises en temps réel depuis le boîtier, ces données sont agglomérées puis reliées à un espace cloud utilisant les principes d'IA évolutive de l'edge computing.

 

Pouvez-vous nous donner un exemple d'usage de ces données ?

Par exemple le suivi et le pilotage en temps réel de toutes les données d'utilisation d'une voiture peut permettre aux assureurs de proposer des assurances au kilomètre ou extrêmement personnalisées.

Les solutions MUNIC permettent d'anticiper de très nombreuses usures, pannes, besoin de maintenance et de partager cette information avec des professionnels de l'automobile, d'autres automobilistes, ...

Elles permettent par exemple aussi d'évaluer avec exactitude le degré de remplissage d'un réservoir. Comme le réservoir occupe la place par défaut que lui laissent les autres éléments du véhicule, sa forme est toujours irrégulière. Ses capteurs linéaires produisent donc une information au mieux imprécise, parfois à dix litres près ! En revanche, en croisant plusieurs données différentes, il existe une autre manière de s'en faire une idée très précise à distance. Une nécessité par exemple pour les acteurs de la location automobile et des nouvelles formes d'usage (car sharing ....).

 

Pouvez-vous nous expliquer les raisons qui expliquent votre introduction sur le marché Euronext Growth Paris ?

Notre objectif, avec cette levée de fond d'un montant de 16 millions d'euros, est de consolider les performances du Smart Dongle sur le marché du véhicule particulier européen et américain, soit 600 millions de véhicules. Nos avancées commerciales sont très encourageantes grâce notamment au partenariat noué avec le service d'assurance américain au kilomètre Metromile, ayant permis de déployer 185 000 dispositifs en 7 ans, et destiné à accélérer fortement. Même chose avec le tout nouveau contrat signé avec l'opérateur T-Mobile, portant sur un potentiel de ventes d'au moins 100 000 dongles par an afin de les équiper des hotspots wifi intégrés dans une des gammes de nos dongles. à ce jour, nous travaillons avec une dizaine de clients récurrents, mais nous sommes en discussion avec une vingtaine d'autres. Nous envisageons donc d'accroître significativement notre chiffre d'affaires pour le porter à 100 millions d'euros en 2023.

 

Pouvez-vous nous parler de vos concurrents ?

Bonne nouvelle pour Munic, le marché est pour ainsi dire vierge. En effet, les autres entreprises collectant des datas automobiles se cantonnent dans la quasi-totalité des cas à des données télématiques. Le besoin de données complexes exprimé par le milieu est important, et Munic est actuellement la seule entreprise capable d'y répondre vraiment. Par ailleurs, la portion du parc automobile européen et américain déjà équipé est inférieure à 1 %, ce qui nous ouvre un vaste territoire pour nous développer. Malgré tout, deux éléments semblent encore susceptibles de nous gêner : d'une part le gros investissement nécessaire en termes d'infrastructures technologiques pour que le client puisse traiter les données ; d'autre part le coût unitaire encore important du dispositif. D'où la nouvelle offre développée par Munic Ekko, un modèle de vente complémentaire visant à ouvrir à un plus grand nombre d'acteurs l'accès aux données véhicule en mode DaaS (" Data as a Service ") via un modèle d'abonnements mutualisés. Cette offre innovante, dont le lancement commercial est planifiée au 2ème trimestre 2020 en Europe.

 

De quoi s'agit-il ?

Ekko est une plate-forme universelle d'accès aux données véhicules, basées sur les deux objectifs dont je viens de parler. L'avantage : elle permet au client potentiel de ne pas développer lui-même sa propre interface d'utilisation des données. Ekko s'appuie sur le déploiement rapide d'un grand nombre d'appareils Smart Dongles auprès du grand public. Pour l'automobiliste, l'intérêt réside dans la récupération de ces données fines sur son véhicule, via une application dédiée gratuite qui les lui restituera dans la mesure où il autorise Munic à les utiliser. Il en reste propriétaire, mais concède un droit de distribution.

 

Et côté clients ?

Les clients présentent des profils variés de " data consumers ", allant des réseaux de concession ou d'entretien aux compagnies pétrolières, parkings ou administrations. Munic contracte avec eux un abonnement de trois ans leur permettant d'utiliser les données collectées. Et s'engage aussi à favoriser, via l'écosystème numérique développé autour de l'application, les échanges entre l'automobiliste et les clients. Cette technologie de rupture permet à Munic, en plus d'apporter une solution de simple achat de datas aux clients non-pourvus de gros moyens technologiques, d'envisager une source de revenus récurrents.

 

Quelles sont vos perspectives de croissance ?

 

A ce jour, malgré le poids très important de l'activité R&D, Munic est proche de l'équilibre et ses flux de trésorerie maîtrisés. C'est un point important pour atteindre nos objectifs à savoir 100 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2023 (dont 75 millions d'euros tiré du développement de notre activité actuelle et un complément de 25 millions d'euros issu de l'activité abonnement Ekko), et un taux de marge brute supérieur à 40 % du chiffre d'affaires.

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