Un ajustement des objectifs annuels du groupe de médias était attendu, Lagardère ayant communiqué début mars une prévision qui ne prenait pas en compte de la cession en cours de ses actifs de presse internationale dont l'impact est estimé à 35 millions d'euros pour l'exercice.

La surprise vient de Lagardère Unlimited dont les résultats ont été nettement inférieurs à ce qu'attendait le groupe pour le premier semestre, obligeant celui-ci à revoir encore davantage à la baisse ses ambitions pour l'année pour tabler sur une baisse de l'ordre de 5 à 7% de son Résop (résultat opérationnel) média.

Sans même tenir compte de la cession de ses magazines internationaux, le groupe n'aurait pu atteindre qu'une croissance "légèrement positive" de son bénéfice opérationnel en 2011 du fait de la contreperformance de son pôle sport alors qu'il visait jusque-là une hausse de l'ordre de 10%.

"Je reste très confiant dans le fait que le sport sera un moteur de croissance pour le groupe dans les années à venir", a déclaré le gérant commandité Arnaud Lagardère, lors d'une conférence téléphonique. "Ce que nous avons observé, ce n'est pas un problème de stratégie mais un problème d'exécution."

Il s'est donné pour ambition de faire du pôle sport un leader mondial à l'horizon 2015, investissant plus d'un milliard d'euros depuis sa création, mais la plus petite des divisions du groupe n'a encore jamais été bénéficiaire.

Après un trou d'air en 2010, Unlimited comptait reprendre du poil de la bête à la faveur d'un calendrier sportif plus favorable mais la division a été plombée au premier semestre par des éléments exceptionnels, dont un litige sur le cricket en Inde, ainsi que par des problèmes d'exécution qui ont entraîné un remaniement de sa direction.

L'IPO DE CANAL+ FRANCE TOUJOURS SUSPENDUE

Le directeur financier Dominique D'Hinnin a précisé que le manque à gagner se chiffrait à 40 millions d'euros pour les six premiers mois, ajoutant qu'une partie de ses difficultés risquaient de se prolonger au deuxième semestre.

"Le sport s'est vraiment effondré et ce n'est pas terminé", estime Conor O'Shea, analyste à Kepler Securities. "Le seul point positif, c'est que cette activité était déjà assez peu considérée et au moins les autres divisions ont dégagé des résultats conformes aux attentes".

Sur les six premiers mois de l'année, le Résop média ressort en baisse de 6,9% à taux de change constant à 168 millions d'euros pour un chiffre d'affaire global de 3,72 milliards d'euros.

Le marché attendait en moyenne un Resop média de 178 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de 3,673 milliards d'euros, d'après les estimations de six analystes.

La performance du groupe a été soutenue par la division Services, qui possède notamment la chaîne de maisons de la presse et librairies Relay, à la faveur du niveau soutenu du trafic aérien.

Le pôle édition, en revanche, a continué de souffrir du tarissement des ventes de "Twilight", la saga de vampires à succès de Stephenie Meyer, mais il devrait renouer avec la croissance au deuxième semestre, a précisé Dominique D'Hinnin.

Lagardère Active, qui regroupe notamment Paris Match et Europe 1, a pour sa part enregistré une baisse de 3,1% à données comparables de son chiffre d'affaires en excluant les magazines internationaux dont la cession à l'américain Hearst a été bouclée pour l'essentiel fin mai.

Interrogé sur le projet d'introduction en Bourse des 20% détenus par le groupe dans Canal+ France, Arnaud Lagardère a confirmé que les conditions de marché actuelles ne permettaient pas pour l'heure d'envisager une reprise du processus, suspendu après le séisme japonais de mars dernier.

Prié de dire si Lagardère pourrait revenir à la table des discussions avec Vivendi qui détient les 80% restants, Dominique D'Hinnin a répondu: "nous voulons vendre un point c'est tout".

Avant la publication des résultats, le titre Lagardère a clôturé en hausse de 2,26% à 23,80 euros. Depuis le début de l'année, le titre signe un recul de près de 23% alors que l'indice paneuropéen des médias a cédé 14,34%.

Avec Matthieu Protard, édité par Wilfrid Exbrayat